Aujourd’hui, parlons un peu Montessori.
Pendant longtemps, c’était pour moi une approche pédagogique alternative, marginale et …réservée aux enfants de Bobos ! Comme quoi, les préjugés peuvent porter préjudice, car j’aurais été bien bête de passer à côté des idées passionnantes de Maria Montessori !
En plus, comme je suis devenue moi-même cette espèce de bobo qui tente d’éduquer en bienveillance, adepte du vintage et du chiné, qui fait de plus en plus ses courses au marché et à la biocop (Mais c’est quoi tous ces trucs bio? C’est pas vrai que tu vas payer les courses deux fois plus cher pour manger des trucs dégueu?! » dixit Papa Ours qui n’y connait rien et qui n’aime pas beaucoup qu’on remplace ses Cookies aux pépites de choco et noix de pécan par des galettes de riz…)… Bref.
Les grands principes de la pensée Montessori
Pour en savoir plus sur Maria Montessori, je vous renvoie à sa biographie.
L’idée maitresse (et très très résumée) de l’approche Montessorienne est que, dès lors que l’enfant se trouve dans un environnement propice, accompagné par un éducateur qui s’adapte à lui et le stimule, l’enfant apprend par lui-même et à son rythme. C’est une pédagogie qui tient compte des besoins des enfants, liés aux étapes de leur développement physique, qui sont bien connues, mais aussi et surtout aux étapes de leur développement psychique dont on tient beaucoup moins compte en pédagogie traditionnelle.
Maria Montessori a identifié des « périodes sensibles« dans le développement de l’enfant, pendant lesquels certains apprentissages vont être particulièrement faciles car ils vont répondre à un réel besoin d’apprendre ; par exemple, la période sensible au mouvement qui s’étend de la naissance à 5 ans, avec un pic entre 18 mois et 4 ans.
Dès la naissance, l’enfant porte en lui un schéma de développement intérieur que Maria Montessori a baptisé l’ « embryon spirituel » et qui définit la succession des périodes sensibles pour chaque enfant. Tous les enfants présentent les mêmes périodes sensibles, mais pas forcement au même âge ni avec la même intensité. Ainsi guidé par ses périodes sensibles, il est capable d’apprendre seul ce que son environnement lui propose.Si trop d’obstacles viennent contrer le libre développement de l’enfant et ses périodes sensibles, l’enfant réagit par des troubles du comportement (agitation, instabilité, introversion…) que l’on assimile souvent à des caprices. Il est donc important que l’enfant ait la liberté de mouvement et le libre choix des activités ce qui va permettre le développement de son autonomie et sa responsabilisation.
Maria Montessori a également posé le concept « d’esprit absorbant« , pour décrire les immenses facultés qu’ont les enfants à apprendre et à littéralement absorber leur environnement, puis à l’analyser et à construire leur personnalité selon ce que permet et ne permet pas cet environnement. Elle attire ainsi notre attention à la fois sur les immenses capacités naturelle des enfants, mais aussi sur leur fragilité qui les rend perméable à tout ce dont on les entoure, même sans le vouloir.
La manière dont nous répondons aux besoins psychiques et intellectuels est déterminante pour le développement de l’enfant, pour la prise de conscience de soi et la construction de la personnalité ainsi que pour la manière d’appréhender les événements, de modeler ses attitudes futures face à la vie, pour la formation de l’intelligence et l’élaboration du sens social.
Montessori en pratique
Ainsi en tant que parent, si on souhaite suivre les principes Montessoriens, notre rôle consiste en premier lieu à adapter l’environnement de l’enfant à son âge, sa taille et sa force, pour qu’il puisse au maximum faire les choses par lui-même, selon ses besoins et qu’il puisse être acteur de son propre développement.
Dans les écoles Montessori, cela passe notamment par la mise à disposition du matériel pédagogique sur des plateaux d’activés, et on trouve d’excellents blogs tenus par des éducatrices Montessori, qui expliquent comment elles procèdent, avec quel matériel, pour faire quelles activités, que ce soit en classe ou à la maison, pour celles qui pratiquent l’IEF( instruction en famille). J’aime beaucoup celui-ci : Aladouce.
Ici, a priori Bébé Carrousel ira à l’école publique (la maternelle Montessori, n’étant pas subventionnée, coûte la baguatelle de 5 000€ par an et je pense que ma santé mentale ne survivrait pas à l’IEF – ni le cœur de ma belle-maman d’ailleurs, si je lui annonçais qu’on allait faire l’école à la maison.) Bref, on en est encore loin de toutes façons. Par ailleurs, Bébé Carrousel est encore un peu jeune pour que je lui propose des « activités » inspirée de la pédagogie Montessori, qui sont toutes articulées autour de l’envie de l’enfant de comprendre comment marche le monde et d’apprendre à faire seul, comme les grands. Quelques exemples d’activités qu’on pratique à des âges différents : apprendre à suspendre le linge à l’aide de pince à linge, à transvaser de l’eau ou toutes sortes de fluides dans différents contenants, apprendre à s’habiller seul ou à faire ses lacets, développer sa motricité fine en maniant une pince à épiler pour ranger des petites perles, etc. Mais on s’en inspire malgré tout, j’y revienda
Toutefois, nous appliquons, dans certaines dimensions, la pensée Montessori à la maison.
Pour aujourd’hui je vais me concentrer sur l’aménagement de l’environnement, et en particulier de la chambre de Bébé Carrousel, car le billet est suffisamment long comme ça, vous avez une vie, un travail, des enfants et peut-être même un mâle qui vous attend dans votre lit (ou qui roupille sur le canapé), tout ça tout ça. Je reviendrais donc sur les autres aspects dans de prochains billets, ça vous donnera l’occasion de revenir me faire un petit coucou.
Aménager l’environnement de bébé selon la pensée Montessori
Aménagement de la chambre – Espace jeux
Les enfants n’aiment pas jouer pour se distraire, comme nous le pensons. Ils aiment avant tout imiter ce que nous faisons et comprendre le monde. Les meilleurs jeux et ceux sur lesquels ils vont réussir à se concentrer longtemps sont donc ceux qui satisfont ce besoin de comprendre comment marche le monde.
Démonstration :
Nous sommes au restaurant, Bébé Carrousel est dans sa petite chaise, craquante de mignonitude (j’invente des mots si je veux) bien évidemment et pendant qu’elle est occupée à s’enfourner du pain, on ne l’entend pas. Mais, alors qu’elle a fini de manger (et nous pas), la voilà qui s’agite et commence à pousser des petits cris perçants qui vrillent légèrement les tympans. N’ayez crainte, chers clients en quête d’un peu de quiétude après une semaine travail harassante, j’ai tout prévu, j’ai bien-sûr apporté ses jouets ! Je dégaine les cubes, qui l’intéressent pendant environ 12 secondes, avant de valser à terre. Bientôt rejoints par les livres, les Duplo et la peluche qui fait de la musique. En désespoir de cause, je lui confie mon chargeur de portable. Paix et silence pendant 15 minutes. Bon, c’est moche comme exemple, mais d’une manière générale j’ai remarqué qu’elle adore observer les objets qu’elle nous voit utiliser au quotidien et qu’elle peut se concentrer dessus beaucoup plus longtemps.
Par ailleurs, pour favoriser son autonomie et sa concentration, les jeux doivent être bien rangés (toujours à la même place) et à disposition sur un espace ouvert (type étagère) et non mis pelle-mêle dans un coffre. La chambre-Bagdad est l’ennemie de Maria Montessori. Vous avez peut-être également remarqué que plus les enfants ont de jouets sous les yeux, plus ils ont tendance (pour les plus grands) à vous regarder avec leurs grands yeux implorants en disant « je m’ennuiiiiiiiiie ». Et bien ça vaut aussi pour les bébés ; lorsqu’ils ont trop de choses sous les yeux, c’est une surcharge de stimulations que leur cerveau immature ne peut gérer et ils ne peuvent pas réussir à bien jouer avec quelque chose. Le mieux est donc de faire une séléction de jouets adapté à l’âge de son bébé et à ce qui lui plait sur le moment, de remiser le reste dans un placard et de faire un roulement.
Chez nous, nous avons donc trouvé une nouvelle utilité au coffre à roulette que j’avais acheté pendant ma grossesse (il sert maintenant à ranger les chaussures dans l’entrée) et j’ai aménagé un espace de jeux bien délimité dans la chambre de bébé Carrousel :
J’ai rajouté le tapis en mousse que j’utilisais quand elle était bébé et que je la posais au sol pour qu’elle développe sa motricité, car en pédagogie Montessori, toute activité commence en déroulant un tapis qui représente l’espace de jeux l’enfant, qui n’appartient qu’à lui. En structurant visuellement l’espace, on aide l’enfant à structurer sa pensée.
C’est pour la même raison que lorsqu’on aménage une chambre en suivant la pensée Montessori, chaque espace doit être visuellement délimité et avoir une fonction propre : l’espace pour le sommeil, l’espace pour le jeux et l’espace pour le soin. Et on peut rajouter d’autres espaces selon la place dont on dispose et l’âge de l’enfant : espace pour la lecture, espace pour les activités créatives et/ou salissante, etc.
Dans la chambre de Bébé Carrousel, l’espace de jeux est délimité visuellement par le tapis, et encadré par le bord du lit d’un côté, et le bureau de l’autre. Le bureau sera son futur espace pour les activités créatives… pour l’instant, il me sert à aligner ses tenues lorsque je les prépare d’avance pour la semaine. Petite entorse ici, avec un évident mélange des fonctions mais bon. Je ne suis pas parfaite !
Aménagement de la chambre – Espace sommeil
Maria Montessori qualifie les lits à barreaux que l’on utilise classiquement de « cage à bébé ». Pour elle, l’enfant doit pouvoir gérer son sommeil librement car ce n’est pas quelque chose qui s’impose et un lit à barreau le prive de cette liberté et le confine à une vision réduite du monde. Elle préconise donc d’installer un matelas au sol, sur une petite natte ou sur un sommier bas, pour que l’enfant puisse entrer et sortir librement de son lit, sous réserve bien-sûr que la chambre soit parfaitement sécurisée. Dans l’idéal, quand l’enfant à bien compris tout cela et qu’il sait se déplacer seul, le matin quand il se réveille, il allume sa petite lampe et joue tout seul dans sa chambre tranquillement pendant que vous faites la grasse matinée… Je dois quand même vous mettre en garde sur le fait que ça se passe rarement ainsi, du moins pas avant quelque années ! En même temps, ce ne serait plus vraiment des bébés si c’était le cas ? Par ailleurs, il faut reconnaitre que cet aménagement confère véritablement plus d’autonomie au bébé, mais c’est aussi plus de contraintes pour les parents : le dos en prend un coup lorsqu’ils sont tout petits, les couchers et les siestes peuvent être un peu raccourcis ou chaotiques si on aime que tout soit bien réglé… Ce sont des choix à faire 🙂
Quoi qu’il en soit, je dois admettre que nous faisons une grosse entorse à la philosophie sur ce coup. Si vous êtes des lecteurs réguliers de ce blog, vous n’avez pas manqué de constater que le sommeil est un peu problématique avec Bébé Carrousel et qui nos nuits ont été très chaotiques pendant un an. De ce fait, j’ai toujours rechigné à changer son lit, de peur de la perturber encore davantage. Et maintenant qu’elle fait plus ou moins ses nuits, et bien je stresse carrément à l’idée de tout dérégler ou de m’exposer à de nouvelles difficultés. J’ai l’impression qu’elle apprécie vraiment son lit maintenant, puisque lorsque je lui chante sa berceuse le soir, elle me pousse carrément en me montrant son lit. On n’a donc pas adopté le lit au sol ici, mais pour un prochain je l’envisagerai dès le départ et j’aménagerai tout l’espace en fonction. Pour Bébé Carrousel, nous avons un lit vintage des années 50 dont il est assez facile, bien qu’un peu périlleux au départ, de sortir. Comme elle n’est pas très entreprenante, pour l’instant elle n’essaye pas vraiment d’en sortir, mais dès qu’elle en montrera les signes je lui apprendrais comment faire en lui installant un autre matelas en dessous pour amortir les premiers essais infructueux. C’est pas idéal, c’est loin d’être parfait, c’est un compromis dirons-nous.
Pour les « vraies », voici ce que ça peut donner :
Aménagement de la chambre – Espace lecture
J’ai rajouté dans la chambre de Bébé Carrousel, qui adore les livres, un petit coin lecture cocooning. Tous ses livres sont rangés dans les étagères (ce sont à la base des étagères portes-épices de chez Ikea, mais elles sont top pour les albums d’enfants) et je mets à sa disposition 3 ou 4 livres au sol dans un petit bac. Elle commence même à pouvoir prendre seule ceux de la première étagère.
Dans un prochain billet, j’aborderai un autre espace déterminant qui est celui des soins ; comme chez nous cela se fait dans la salle de bain, je respecte le programme annoncé et m’arrête ici pour aujourd’hui !
N’hésitez pas à réagir, à partager vos expériences ou vos photos, si vous même avez réalisé des aménagements spécifiques inspirés de la pensée Montessori pour vos enfants.
A très vite !
Bonsoir,
Je vous ai lu et j’ai trouvé cela intéressant car j’apprécie l’approche Montessori. J’ai une petite fille de bientôt 18 mois et nous avons à la maison un genre de caisse fourre-tout où tous ses jouets y sont « rangés », effectivement je pense que je vais reconsidérer cet aspect là suite à l’argumentation faite dans votre article. J’ai bien aimé votre aménagement, en revanche n’est-il pas dangereux de mettre des coussins en face d’un radiateur électrique ? Votre photo m’a un peu interpellée car j’ai le même genre de radiateur et il nous a été formellement déconseillé (par le propriétaire) de mettre quelque chose devant.
Cordialement,
Une maman.
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Bonjour ! Merci pour votre commentaire 🙂
Concernant les coussins, effectivement quand j’ai aménagé le coin lecture j’y ai pris garde : en fait je n’ai mis aucun coussin devant le radiateur, ils sont au sol devant, et il y en a un coincé derrière, mais aucun n’empêche l’air de circuler devant le radiateur.
Par ailleurs, comme il s’agit de la chambre de ma fille et que je maintiens la témpérature à 18°C, le radiateur n’est que peu allumé..
Mais je vous remercie de votre remarque et effectivement le coin lecture n’est pas idéalement positionné, mais j’avais fait posé les étagères avant de savoir que j’allais faire cet aménagement.
Bonne lecture et à bientôt j’espère, je dois bientôt parler ici du reste des aménagements Montessori de la maison !
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Bonjour !
Pour bébé n°1 on avait un lit à barreaux où 2 barreaux peuvent se retirer pour que l’enfant puisse y passer librement (le mien grimpait par au-dessus) mais c’est une chouette idée à la base 😉
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Bonsoir, comment faire quand on dort avec bébé dans la même chambre (pas le même lit) car faute de place ?
sachant que dans le salon il n’y a pas de place aussi ?
J’aimerais bien faire des petit espace comme ça pour ma fille mais on manque vraiment vraiment de place malgré que c’est pas encombré chez nous
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Vous pouvez utiliser un lit au sol pour votre bébé dans l’esprit Montessori même si vous êtes dans la même chambre. En soi, l’important n’est pas le matériel pédagogique ni d’avoir bcp de place… L’idée est que dans le peu de place que vous avez, votre fille puisse être la plus autonome possible… Que ses jouets soient accessibles et bien rangés, qu’elle puisse accéder à ses vetements, chaussures, manteau… Quelle puisse accéder à sa petite vaisselle en la rangeant dans un placard bas. Le reste est secondaire. j’espère que ça vous aura aidé quand même 😉
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