0-3 ans : S'attacher·Et moi alors ?

Je t’aime Intensément…

Les amis, je suis épuisée.


Un peu physiquement, mais beaucoup mentalement, nerveusement, psychologiquement. Quand le réveil sonne (=quand bébé Carrousel hurle au réveil), j’ai l’impression de sortir du coma. J’ai mal au crâne quand je me couche, mal au crâne quand je me lève. Mon cerveau pédale dans la semoule, ça rentre, ça sort, sans passer par la case enregistreuse. Je ne vous dis pas le résultat au boulot.

Pourquoi ?

Deux choses : d’une part je me marie dans 6 semaines (Papa Ours je ne sais pas, ça n’a pas l’air…) et grâce Pinterest, l’ennemi n°1 de la meuf qui a du goût mais pas de budget, je suis évidemment convaincue que tout va foirer s’il n’y a pas d’étiquettes coordonnées sur toutes mes bonbonnières et s’il n’y a pas de bar à cookies à mon cocktail. Oui, on dit cocktail et pas vin d’honneur, quand on est une bride-to-be qui lit les blogs de mariage et qui pin ses inspi. C’est vraiment le mal du siècle ce truc, ça relève presque de l’automutilation puisque quoi que tu fasses, tu es condamnée à ce que ça rende moins bien que sur Pinterest. Et puis comme la mariée avec le chignon décoiffé sur Pinterest, c’est pas une vraie mariée qui va devoir tenir 12h avec son chignondancefloor inclus, c’est totalement déloyal. Les fichiers excel se multiplient sur ma clé USB, mon compte en banque se vide à vue d’oeil, le cordonnier me voit plus souvent que ma fille (rapport au fait qu’il fait relais colis et que je commande des trucs en ligne un jour sur 2), mon père a une pile de palettes devant chez lui et découpe des panneaux directionnels à la chaîne, mes beaux parents stockent mes 5860 bocaux dans des cartons, ma chambre est un atelier de peinture, ma mère reçoit quotidiennement de nouveaux textos d’amour (« Peux-tu acheter 125 feuilles A4 blanches grammage 170g/m² ? », « Va chez Action et prends moi 28 fioles de 7 cm de haut pour les bouquets de gypsophiles stp », « Est-ce que tata Ginette vient ?! »), ma belle-mère m’envoie des photos de prototype de nappage pour que je décide si le chemin de table doit dépasser de 10 ou de 50 cm..  Bah oui, il n’y a qu’un pilote dans l’avion et c’est MOUA. Je fais des listes et des listes (liste des photos à prendre, blackliste des musiques, listes des trucs à demander à la fleuriste, liste de la vaisselle à louer..), je perds mes listes, je tape mes listes pour les stocker sur ma clé USB, je perds ma clé USB, je veux imprimer mes listes et toutes les imprimantes déconnent, je ne peux compter que sur mon cerveau et il DÉCONNE ! Le groom lui, fidèle à lui même, s’alarme une fois tous les 15 jours (« Putain, c’est bientôt le mariage! »), consacre 30 minutes aux tâches qui lui sont attribuées, puis reprend le cours normal de sa vie et va manger un yaourt devant TPMP. 
Bref… Keep calm you crazy bridezella !!!! 

D’autre part, Bébé Carrousel, mon amour de BABI (Bébé Aux Besoins Intenses), s’accroche à moi comme une moule à son rocher en ce moment. C’était passé, c’est revenu comme un boomerang. 
Je dis ça sur le ton de l’humour, mais elle m’aspire littéralement depuis quelques semaines et je commence à être vidée. Si je suis dans les parages, elle hurle pour aller dans mes bras.  Ce week-end, j’ai tenté la manucure à domicile pendant que sa mamie devait s’occuper d’elle, erreur fatale. Ce matin, même son papa ne pouvait pas s’occuper d’elle pendant que je me maquillais, elle pleurait en criant « maman! ». Si je quitte la pièce ou monte à l’étage, elle déboule en pleurant à chaudes larmes comme si j’allais l’abandonner. « Sérieusement ? Je pars en voyage de noces avec toi, et tu crois encore que je vais t’abandonner? »

J’ai toujours été quelqu’un d’un peu « solitaire », j’aime bien me retrouver seule avec moi même, rester sans parler, faire les choses comme je veux sans avoir à me préoccuper de quelqu’un d’autre…  Pendant ma scolarité, j’aimais bien passer des soirées seules, manger le midi seule de temps à autres, aller faire du shopping seule, ne pas vivre toujours en communauté. Bon, vu qu’en école de commerce les gens alaf (=dans le coup) m’ont catégorisée nobode (=nodoby) parce que je n’avais pas d’asso et parce que je n’allais pas vomir et chopper en OB (open bar) comme mes autres camarades, j’ai été servie en terme de solitude. Ceci dit, j’ai bien essayé d’intégrer l’association humanitaire, mais après 3 entretiens (!) où j’avais pourtant fait le grand écart comme demandé (!!!), j’ai été recalée car je ne buvais pas assez (!!!!!!!!). BREF, je m’égare. 

Tout cela pour dire que la dépendance d’un bébé et l’intensité des besoins est un aspect de la maternité que je trouve personnellement difficile.  Quand Bébé Carrousel était nourrisson, je savais qu’elle était totalement dépendante et qu’elle n’avait aucun moyen de satisfaire ses propres besoins. J’ai très vite vu qu’ils étaient plus intenses que d’autres bébés, qu’elle était plus sensible, qu’elle pleurait plus, qu’elle avait énormément besoin d’être rassurée. Bien-sûr j’étais fatiguée, mais je ne ressentais pas ce besoin d’air car je savais qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Et puis, nous étions encore totalement dans la fusion maman-bébé, ses besoins étaient les miens au point que j’avais le sentiment de ne plus avoir de besoins propres. Bon, à part dormir et manger quand même (RIP les grignotages nocturnes en toute impunité). Mais je n’avais pas tellement besoin de moments pour moi, pas envie de sortir, pas envie d’être seule. Parfois, avec l’épuisement, je n’avais plus envie d’être avec elle sur le coup mais sans pour autant pouvoir être sans elle. Ça me semblait tellement naturel et sain qu’elle ait besoin de moi à ce point. 

Mais avec le temps qui passe et l’autonomie que Bébé Carrousel acquiert dans tous les domaines, avec tout ce qu’elle sait faire seule, avec tout ce qu’elle comprend… cela devient plus difficile pour moi d’accepter cet énorme besoin de réassurance qu’elle a toujours. Ça m’agace parfois, je me surprends même à penser que ce n’est pas possible d’être aussi pot de colle, d’être aussi longue à apprivoiser les gens, de se mettre dans de tels états quand je pars alors qu’elle sait que je reviens toujours, d’avoir autant besoin de moi. Ça m’agace parce que j’ai un peu besoin d’air… mais aussi ça m’agace parce que ça me questionne et me fait douter !

Je pensais tellement que le maternage lui donnerait confiance pour aller vers les autres en grandissant, que je suis déstabilisée. Je connais la théorie, je sais qu’on ne peut pas trop donner d’amour ni trop rassurer, je connais la théorie de l’attachement secure et l’idée que pour pouvoir se séparer sainement il faut d’abord s’attacher, que se séparer trop tôt au nom de l’apprentissage de l’autonomie c’est comme jeter à l’eau un enfant qui ne sait pas nager. La théorie me dit que j’ai bien fait, mais théoriquement ne devrais-je pas avoir une petite fille rassurée aujourd’hui ? Est-ce que je crois l’avoir assez maternée et avoir assez donné mais en fait pour elle ce n’était pas encore assez ? Est-ce que à l’inverse on est trop restée toutes les 2, un peu par obligation (éloignement géographique, tout ça) et beaucoup par choix ? Est-ce que je suis juste trop pressée ? Est-ce que je vois ma fille plus grande qu’elle ne l’est parce qu’elle sait faire tellement de choses ? Est-ce que c’est le regard des gens et le poids des jugements qui me dérangent finalement, qu’on dise « Bah voilà, elles sont tellement fusionnelles et maintenant la petite est sauvage!« , « Ah, sa mère, sa mère! » et autre « Tu vas te faire bouffer » ? 

Je sais qu’il y a quelque chose de cet ordre et je m’auto-soule d’être affectée par les jugements de cette façon. Je veux qu’on m’aime, je veux qu’on aime ma fille et je veux qu’on pense que j’ai bien fait avec elle. C’est moche.  Et chaque fois qu’elle ne rentre pas « dans le moule » de ce que le monde attend d’elle, je sens qu’on se dit que c’est parce que ma façon de faire est différente, que c’est de ma faute si ma fille est « comme ca ». 

En vérité, c’est la société qui m’énerve, à créer ces moules pour les enfants comme s’ils devaient être tous pareils pour être normaux, à attendre d’eux qu’ils soient sages, obéissants et qu’on ne les entendent pas, mais en même temps qu’ils ne soient pas timides, aillent spontanément vers les inconnus et leur fasse des bisous pour faire plaisir. Ça m’énerve ces normes, ces courbes, ces âges pour faire ci ou ça, ces étiquettes qu’on colle et parce que ton enfant entre dans la phase du « non » à 16 mois au lieu du 18, c’est que tu vas grave galérer. Ça m’énerve cette idée qu’il existe des limites et des règles universelles à appliquer à tous les enfants, comme une recette pour faire un petit garçon/une petite fille parfait(e), alors que chaque enfant, chaque parent, chaque famille est différente et doit créer le cadre qui permettra à chaque membre de s’épanouir. Ça m’énerve qu’on oublie qu’un enfant « parfait » c’est un enfant qui a la possibilité d’être vraiment qui il est, pas un enfant qui devient ce qu’on attend de lui. 

Et je m’énerve de me laisser influencer par cette société qui m’énerve.

En gros, en ce moment je suis débordée, fatiguée, énervée, agacée, je culpabilise d’être agacée, je doute, je culpabilise de douter et je manque de temps.

Il va falloir être indulgents 🙂

22 réflexions au sujet de « Je t’aime Intensément… »

  1. Ton article résonne beaucoup en moi, même si mes enfants sont beaucoup plus jeunes…La société, les « biens pensants », nous dicte bien trop ce qu’on devrait être en tant que femme, que mère, et comment nos enfants devraient être aussi…C’est souvent ce poids là que je trouve le plus difficile à porter finalement…
    Tu verras dans 3 semaines tu ne regretteras pas d’avoir été bridzella, et dans quelques années tu regretteras même d’avoir pas assez profité de ces préparatifs…Courage pour la dernière ligne droite!

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  2. Courage!
    Pour ma part c’est la construction de la maison qui me prend toute mon énergie. Et puis avec ma fille ça n’est vraiment pas un long fleuve tranquille. Elle veut tout faire toute seule, s’énerve quand elle n’y arrive pas, tape quand on l’approche pour lui proposer notre aide et semble perdue quand elle est fatiguée (je veux le biberon, ah non je ne le veux pas) et semble me regarder en pleurant voulant me dire « mais pourquoi tu comprends pas ce que je veux, puisque je ne le sais pas moi-même? ». Mais je sais que ça ira mieux… bientôt… ou pas.

    En tout cas, je peux t’assurer d’une chose, tu fais juste avec ta fille, ne doute jamais de ça. Tu es sa mère, tu es la personne qui peut le mieux la rassurer, tu es de bons conseils (tes articles m’ont aidés, alors que j’ai lu filliozat) et surtout ta fatigue va s’estomper une fois ce magnifique mariage passé (n’oublie pas de profiter quand même!).
    Merci pour ce blog et ces articles qui répondent souvent à des questions que je me pose.

    Lauren

    Ps: je réalise que je ne connais même pas ton prénom et que je te tutoie, j’espère que tu le verras comme un signe d’amitié.

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    1. Merci pour ce commentaire qui fait chaud au coeur !
      Avec plaisir pour le tutoiement, c’est naturel pour moi aussi avec tout ce que je partage avec mes lectrices…
      J’ai ce même sentiment avec ma fille que, souvent, rien n’est facile avec elle, que tout est épuisant… Et après je me demande si c’est pas moi qui manque de patience !!
      Quel a quel âge la tienne ??

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      1. 19 mois, un peu plus grande que bébé carrousel. Elle est en avance niveau motricité (selon le pédiatre), ce qui créé sa frustration et en même temps ces plus beaux sourires de victoire quand elle y arrive.
        Courage pour les préparatifs et je vous souhaite un superbe mariage!

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      2. Merci beaucoup !
        C’est vrai que quand ils sont en avance c’est source de frustration supplémentaire… C’est très enrichissant en tant que parent d’accompagner des petits bouts très demandeurs ! Mais c’est épuisant…

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  3. Cela fait un petit moment que je te lis et beaucoup de ce que tu écris fait sens pour moi. Je suis nouvellement maman, et ce n’est pas tous les jours facile (d’ailleurs, ça fait un moment que je veux commenter sans en trouver le temps).
    Il m’arrive souvent de m’exclamer « c’est exactement ça ! » et de lire des passages de ton blog à mon mari. Merci pour tes mots, et tes articles qui me font du bien ; grâce à toi, je me sens moins seule 😉
    Bon courage pour la dernière ligne droite des préparatifs de mariage. Tu as bien raison de faire ta bridezilla, ne te prive surtout pas, après tout, tu as tous les droits :), ce seras toi la reine de ce joli jour !

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    1. Je suis très touchée par ton message. une jeune maman me dit que mes mots lui font du bien, c’est mon carburant à moi 🙂

      Si tu as besoin de parler un peu plus n’hésite pas a m’envoyer un petit MP via mon compte FB du blog c’est avec plaisir.

      Merci pour les encouragements, j’ai hâte et à la fois je stresse !!!

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  4. Quand je te lis je ressens les mêmes pensées et frustations que j ai pu et j ai avec ma petite fille 🙂 de plus j ai été en pleine préparation de mariage/baptême avec ma petite puce à mes cotés et seule à gérer (mon homme est allemand, ne parle pas français et nous nous sommes mariés en France) donc mariage géré à distance car nous habitons l’Allemagne avec bébé de 8 mois aujourd hui et en plus allaité !! youpi !! Vive pinterest, amazon, internet, etc…. La maman et la soeurette pour receptionner les colis de decoration en France…. Et puis pour leur aide precieuse la veille et le jour j. Ainsi qu’à mon mari qui a installé toute la déco (je l avais missionner et gonfler à bloc des mois avant pour le monopoliser la veille pour gérer cela, et le fleuriste, et la voiture, etc….) finalement cela a été un mariage à notre image, parfait à nos yeux avec des surprises et autres. Et mon mari les étoiles plein les yeux du résultat, cela a été un peu la surprise pour lui également 🙂 et voilà tout est déjà fini , c etait le 25 juin dernier. La veille et le jour j les mamies se sont occupées à merveille de bébé Laurette. Elle a été trop pitchoune et n a mm pas pleuré lorsqu elle a été submergé d’eau pour son baptême. Elle s est même endormie par la suite dans les bras de papi. Bref juste pour te souhaiter plein de courage dans tes derniers préparatifs et surtout reste cool , ai confiance en ta petite et cela se passera à merveille. J ai eu bcp d appréhension avec ma petite qui est également pot de colle, et allaités, finalement je l ai allaité une fois au matin et deux fois pendant la soirée du mariage, très discretement et tranquille. Je m etais fait du mouron pour rien finalement. Tout s est passé à merveille. Sans stress de ma part, bébé Laurette a été détendu. Je te rejoins également sur tous les ecrits et choses que nous pouvons lire à propos du développement, du comportement des enfants, etc…. Un chose est certaine, bébé se développe à son rythme, pas besoin de lui mettr la pression ou autre, le contact avec ses deux parents est important. Un petit calin, du récomfort et hop cela est reparti. Plein de courage à toi et tu verras votr journée sera splendide et pleine d’amour avec les belles choses que tu auras préparé 🙂 . Charlotte

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  5. Bonjour,
    Je découvre ce blog depuis hier et c’est fou comme je m’y retrouve. Je me suis mariée le 13/08/2016, en mode « fichiers excel, mails de 8 pages aux témoins pr la cérémonie, cocktail (et pas vin d’honneur), panneaux directionnels, déco de table à base de petits pots, je-veux-des-plantes-cactées-ds-mon-bouquet-mais-ma-fleuriste-a-rien-compris-et-c-moche… », avec en plus une petite fille de presque 15 mois ! Son Papa Ours (car à la maison c’est Papa Ours aussi, titre décerné officiellement et à l’unanimité par nos témoins lors de notre cérémonie d’engagement, après des années d’utilisation officieuse de Monsieur Ours) avait l’air de se comporter de la même façon en ce qui concerne la préparation du mariage ! Un grand merci donc pour ce blog qui fait écho à ce que j’ai vécu ces derniers mois et à notre quotidien de famille d’Ours.

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    1. Mais c’est incroyable effectivement, beaucoup de points communs ! Sauf que j’ai eu la chance avec ma super fleuriste d’avoir exactement le bouquet que je voulais avec mes plantes cactées 😉
      J’espère te revoir souvent ici alors !!!

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  6. Bonsoir,
    Je tombe par hasard sur votre article…. Les 1ères phrases résonnent en moi, chacun de vos mots font échos…. Vous avez mis des mots infiniment justes sur une réalité difficile parfois même douloureuse. Je ne suis plus une jeune ou nouvelle maman (ben ouai j’ai récidivé avec 1 numéro 2 ^^ ) mais lorsque j’ai eu mon 1er, j’ai vécu exactement ce que vous décrivez…. Devenir maman peut être infiniment complexe et pour moi ça a été très dur !!!!!! je me retrouve tellement lorsque vous évoquez votre besoin de solitude et de la difficulté à faire face à la pression de la société !!!!! J’ai terminé votre article la gorge serrée d’émotion mais le coeur légé avec ce soulagement de constater que je ne suis pas seule ^^
    Alors merci……

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire très touchant…
      C’est vrai que, peu importe ce qu’on croit, on est jamais vraiment préparé à l’intensité de ce que ça être l’arrivee du premier bébé… Je vous souhaite bcp de bonheur avec vos 2 loulous et j’espère vous revoir par ici 🙂

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      1. HiHiHi !!! Je papillonne sur votre blog depuis cet article et j’adore et j’adhère !!!! Alors oui à très bientôt…..
        Le bonheur d’être parent est un bonheur bien complexe mais effectivement d’une rare intensité !!!!! Et je crois que l’une des choses importantes est le « lâcher prise », en particulier sur l’idée que l’on s’est faite du parent qu’on voudrait être……

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  7. « je veux qu’on pense que j’ai bien fait avec elle. C’est moche. Et chaque fois qu’elle ne rentre pas « dans le moule » de ce que le monde attend d’elle, je sens qu’on se dit que c’est parce que ma façon de faire est différente, que c’est de ma faute si ma fille est « comme ca ». »

    Malheureusement, je crois qu’on s’en sort pas. Je me rappelle ma mère m’avoir dit que quand les gens lui disaient combien elle était « chanceuse » d’avoir des filles aussi faciles (par ses amies et nos profs), ça la choquait un peu parce qu’elle se disait au fond d’elle-même que ce n’était peut-être pas un coup de chance, elle aurait aimé être valorisée pour les efforts qu’elle avait mis / mettait dans notre éducation. Alors un enfant qui va tout bien, c’est la chance, mais alors, si ça tourne « mal », c’est probablement de la faute de la mère hein ;o)

    Alors surtout pour des mamans comme nous qui ne faisons pas comme tout le monde, on est plus sujettes à être la critique des autres si ça ne donne pas des résultats merveilleux et immédiats comme dans dans les bouquins. Les « je te l’avais dit », prononcés ou pensés nous affectent encore plus, alors qu’il serait plus facile si on éduquait comme tout le monde et se disait que les résultats sur l’enfant étaient juste le résultat de la chance ou de la malchance, on pourrait répondre « j’ai fait tout ce qu’il fallait et voilà ». Alors que puisqu’on « change l’ordre des choses » avec nos méthodes, on se ballade en terrain inconnu pour plusieurs, donc c’est nécessairement la faute de ces nouvelles techniques non encore approuvées par la société si jamais ça ne donne pas les résultats escomptés…!

    Je crois que beaucoup de gens ne font que s’inquiéter de notre bien-être et/ou du bien-être de l’enfant (toute critique est un besoin mal exprimé…), mais ça serait plus facile si on ne se sentait pas autant jugés. Les enfants ne sont pas des chiens savants, et c’est dommage qu’on se sente obligés qu’ils soient « parfaits » pour rassurer la populace sur nos techniques d’éducation! C’est peut-être même juste lorsqu’ils vont devenir des adultes heureux qu’on saura enfin si ça a marché ou pas, c’est tellement dur à dire, tellement de facteurs qui peuvent entrer en cause! Mais rendu là, personne ne va nous dire « eh bien, finalement tu avais raison avec ton maternage proximal et ton éducation bienveillante », et j’imagine qu’on va aussi avoir fait notre deuil de recevoir toute forme de reconnaissance pour nos efforts à ce moment-là!

    Mais j’ai espoir, les choses changent de plus en plus. Si je compare avec ma première née il y a neuf ans, le portage « existait », mais c’était encore très marginal, alors qu’aujourd’hui, il y a tellement de choix de porte-bébés, les étrangers trouvent ça plutôt mignon et pratique pour faire les courses et ils ne sont plus surpris d’en voir, donc il y a principalement les gens qui nous voient « trop souvent » qui vont trouver qu’on exagère (mais elle est toujours sur ton dos cette petite?!!). C’est comme lorsque je vois qu’en France, la fessée semble être quelque chose qui est encore « faisable ». Ici au Québec, on n’entend jamais de commentaires pro-fessée, c’est entré dans nos moeurs que ce n’est pas acceptable. Cela ne veut pas dire que certaines personnes ne tapent pas leur enfant, mais peu de gens oseraient l’avouer de peur de se faire rapporter à la protection de la jeunesse! (Et donc plus ou moins personne ne recommanderait à un autre parent de porter un tel geste sur son enfant.) Donc la violence physique a fini par être mal vue par la société, quoique la violence verbale persiste encore. Donc, petit à petit, je crois que les alternatives à « l’élevage » traditionnel des enfants font leur place, et d’ici quelques années, les mères marginales comme nous auront la vie un peu moins dure avec les choix qu’elles feront, la société et l’entourage seront peut-être davantage ouverts. Courage, mesdames, nous ouvrons la voie de demain!

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