Et moi alors ?

I am a fake 

Mes lecteurs,

Aujourd’hui, j’avais prévu de vous parler de la belle tour d’observation Montessori que Papi Poule à construit pour Bébé Carrousel et que nous utilisons maintenant depuis 4 mois.

Mais au détour d’une déception professionnelle (parmi d’autres), je me suis retrouvée, assise sur les chiottes du boulot, à méditer sur mon sort et ce n’était pas franchement joli à penser… Et j’ai eu envie de vider mon sac ici, de poser mon fardeau sans me retourner, de confesser cette triste constatation qui s’est imposée aujourd’hui, d’essayer de rétablir la vérité…

 

Vous arrive-t-il de vous dire que vous êtes une vraie imposture ?

Parce que ça m’arrive tout le temps et aujourd’hui encore plus que d’habitude.

J’ai l’impression de véhiculer une fausse image de moi-même, de donner l’impression d’être une meilleure personne que ce que je suis.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis intelligente parce que j’ai toujours eu de très bons résultats scolaires… alors qu’en vérité, je suis scolaire tout simplement et l’intelligence n’a rien à voir la dedans. 

L’intelligence, c’est avoir soif d’apprendre pour savoir, s’intéresser à suffisamment de choses pour être à l’aise dans une discussion de groupe, avoir de la culture générale et un avis tranché sur des questions variées, pouvoir soutenir un débat et non se rallier au dernier qui a parlé, être capable d’avoir un œil critique sur ce qu’on lit, ce qu’on entend. Dans toutes discussion ou débat un peu sérieux qui ne concerne pas la parentalité, je préfère rester silencieuse parce que je n’ai pas d’avis, pas d’arguments, pas ma place.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que j’ai fait de grandes études parce que j’ai fait une « grande école » de commerce comme on dit… alors qu’en vérité j’ai passé pratiquement 3 ans à surfer sur le net pendant les cours, entourée par des gens qui surfaient sur le net pendant les cours, devant des profs qui savaient qu’on surfait sur le net pendant les cours et qui en profitaient pour pas se prendre trop la tête sur le contenu de leurs cours.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que j’occupe un poste important (en quoi ça consiste, ça personne ne sait le dire) … alors qu’en vérité j’occupe un poste inutile qui consiste la moitié du temps à convaincre mon interlocuteur qu’il a besoin de moi. Si je n’étais pas là où je suis, les gens feraient tout simplement sans moi et réussiraient à atteindre le même objectif. Si ça, ce n’est pas la définition de l’inutilité, je ne sais pas ce que c’est …

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis jolie, alors qu’en fait le miroir me dit tout les matins que je suis quelqu’un de banal tout au mieux, qui s’en sort avec du maquillage et des long cheveux quand ils sont détachés. A telle point que je n’ai pas envie d’être au jour de mon mariage, parce que tout le monde s’attend à ce que je sois magnifique pour ce grand jour alors que la dernière fois que j’ai réessayé ma robe je me suis trouvée banale, encore une fois.

 Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis une maman patiente… alors qu’en vérité je n’ai pas la moitié de la patience que je pensais que j’aurais et que ça fait mal à ressentir.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis une maman douce… alors qu’en vérité je peux crier sur ma fille parce qu’elle ne veut pas faire la sieste, en sachant pertinemment que c’est injuste, inutile et néfaste, mais parce que cette colère et cette violence sont là en moi et que je ne sais pas bien les maitriser.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis une maman aguerrie qui sait ce qu’elle fait, qui sait de quoi elle parle, puisqu’elle en fait même un blog… alors qu’en vérité, un article sur deux je me demande de quel droit je donne des conseils à des parents qui s’en sortent probablement mieux que moi.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis une maman Poule surprotectrice … alors qu’en vérité je suis tellement confiante que j’ai réussi à laisser ma fille pendant 2 semaines avec un doigt tout gonflé en attendant que ça passe parce que j’avais trop la flemme de consulter. Ou que quand sa varicelle a commencé, j’ai dit à Papa Ours « Mais nan, c’est rien on ne va pas consulter pour 3 boutons ! ». Ou que quand elle se réveille grognon de sa sieste avec les joues écarlates et les yeux vitreux, je lui dis « Mais non elle n’a pas fièvre, elle est mal réveillée ! » … et qu’en fait elle a 39°.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis quelqu’un de gentil… alors qu’en fait je suis surtout quelqu’un de lâche qui n’ose pas dire quand elle n’est pas d’accord, qui n’ose pas dire non, qui n’ose pas décevoir, qui n’ose pas protester, qui n’ose pas contrarier, qui n’ose pas se battre pour elle-même.

Les gens ont l’air de penser que je suis quelqu’un de très raisonnable et responsable… alors qu’en vérité je suis simplement conformiste.

Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis quelqu’un de sensible, parce que je pleure facilement… alors qu’en vérité, je suis parfois tellement détachée que je ne suis plus bien sure d’avoir un cœur. J’encaisse les mauvaises nouvelles en les zappant de ma tête et je réussis à les oublier pour de vrai. Je mets mes œillères pour ne pas voir ce qui me contrarie et je plonge la tête dans le sable pour être bien sure de ne pas voir. Même le malheur des autres ne m’atteint plus ; il m’affecte sur le coup, j’aimerais aider et puis j’oublie.

Bref, les gens autour de moi ont l’air de penser que je suis quelqu’un de bien… alors qu’en vérité non.

18 réflexions au sujet de « I am a fake  »

  1. l’intelligence, c’est savoir ce remettre en question, ce que tu fais dans cet article. la gentillesse, c’est ne pas dire telles quelles des choses qui peuvent heurter et blesser l’autre. Etre un bon parent, c’est aussi savoir ne pas étouffer ta fille. Bref, tu as l’air de penser que tu n’es pas quelqu’un de bien… alors qu’en vérité si.

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  2. Votre article m’a beaucoup touchée, je me suis parfaitement retrouvée vos réflexions sur la l’intelligence, la gentillesse, la sensibilité, les responsabilités.
    J’ai parfois la sensation que les gens me mettent dans la case de « fille comme il faut », avec le parcours qu’il faut, les réactions qu’il faut, quand à l’intérieur j’ai juste envie de hurler que tout cela n’est pas la réalité (et paradoxalement je serai bien incapable de savoir quelle connerie faire pour me décoller de cette image….trop de conformisme peut être ??).
    Quand je vais chercher ma fille dans son lit le matin, que je vois son grand sourire de 4 mois, je me dis que c’est elle qui détient la vérité. Je suis loin d’être une maman parfaite, mais dans ses yeux je suis juste celle qu’il faut. Ses codes sont bien différents des nôtres, pour elle il n’y a pas encore d’intelligence, de réussite ou autre, il y a juste ma présence et mon amour pour elle. Dans le fond cela compte bien plus que toute la pression que je peux me mettre en me demandant si ou non je suis « fake ». Faites vous un peu confiance et laissez dire les autres, si Papa Ours et bébé Carrousel vous aiment que vous êtes, il n’y a que ça qui compte…

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  3. La vie est courte, l’important c’est de profiter des gens qu’on aime. Peut importe ce que les autres pensent, profitez de l’instant présent et des petits bonheurs que la vie nous offre chaque jour. Un sourire de bébé carousel et ça repart ☺

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  4. Le simple fait que vous ayez autant de recul sur votre personnalité et vos actes prouvent que vous êtes en effet quelqu’un de bien. Vous n’êtes sûrement parfaite mais la perfection est-elle un but à atteindre ? Personnellement il m’a fallu 1 an de thérapie pour répondre non à cette question. Bravo pour cette remise en question.

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  5. En fait …vous êtes humaine quoi ! et vous avez la sagesse de le reconnaître et de ne pas trop vous voiler la face… enfin il me semble.

    J’ai découvert votre blog il y a maintenant une petite heure et je papillonne d’articles en articles en attendant le réveil de mon fils, et je dois vous dire que ce que je lis depuis une heure me fait un bien fou, libère des choses, m’émeut et me fait rire … vos mots sont si justes et expriment si bien nombres de ressentis personnels accumulés depuis que je suis devenue maman il y 19 mois. Il y aura trop à dire et vous le faite si bien que je préfère ne pas commencer mais je me retrouve tellement dans vos propos et experiences que s’en est libérateur.

    Un grand Merci à vous.

    Juliette

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    1. Merci beaucoup pour ce très gentil commentaire ! C’est mon carburant de lire des choses comme ça 🙂 J’espère que vous continuerez à venir aussi, nos bébés ont presque le même âge !!!!

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  6. Je pourrais aussi m’asseoir sur la cuvette des toilettes et avoir exactement les mêmes réflexions que toi…. au boulot, dans mon rôle de maman, devant ma glace… se demander tout le temps si on fait bien, si on est jolie, et reprendre un carreau de chocolat. Se dire qu’on fait de son mieux mais qu’on pourrait peut être être mieux organisée et plus efficace. Crier encore sur loulou. Se rendre compte qu’il n’y est pour rien. S’excuser et lui expliquer que maman est fatiguée – encore – toujours – mais de fatiguée de quoi ?. Se dire qu’il faudrait se remettre au sport pour évacuer ces kilos qui traînent depuis la naissance de loulou (qui a 6 ans… oui je sais, je suis longue à la détente). Les perdre, les reprendre. Les reperdre. Remanger du chocolat. Eternel recommencement que ces questions.
    En tout cas, je découvre ton blog plein d’humour et ça fait du bien !
    Je te souhaite une belle journée.

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  7. Chapeau, tes réflexions sont joliment posées. Et dans le fond, si tout le monde savait se remettre en question comme toi, je pense que la société serait beaucoup plus belle. Merci d’avoir mis en mots des vérités qui concernent d’autres personnes ! (si j’avais une aussi belle plume que toi, et l’envie de partager ces choses que je trouve détestables en moi, j’aurais pu écrire la même chose…)

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  8. « Autour de moi, les gens ont l’air de penser que je suis une maman douce… alors qu’en vérité je peux crier sur ma fille parce qu’elle ne veut pas faire la sieste, en sachant pertinemment que c’est injuste, inutile et néfaste, mais parce que cette colère et cette violence sont là en moi et que je ne sais pas bien les maitriser. »

    Ça me rappelle des souvenirs….. Dans mon congé parental pour bébé #3, je voulais tellement me reposer et dormir l’après-midi lorsqu’il finissait par s’endormir, alors lorsque #2 de 2.5 ans refusait la sieste, c’était juste trop pour moi. En plus de mon propre besoin de sommeil, j’avais lu que c’était méga important la sieste pour leurs cerveaux etc. donc maman finissait par exploser sur lui, ce qui causait inévitablement une culpabilité immense, parce que, sachant ce que je savais à l’époque sur l’impact de cette attitude répétée, j’aurais du me contrôler, c’était mal et en plus ça ne donnait aucun résultat (les mères font toutes de leur mieux, alors c’est correct pour une autre de le faire mais moi, instruite et prônant une éducation bienveillante – même si à l’époque je n’avais pas de nom pour ça -, je trouvais ça juste inacceptable de ma part, pourtant, je continuais…).

    Avec du recul, j’ai fini par comprendre certaines choses, ou plutôt prendre certaines décisions, pour les bébés suivants même si je ne peux pas retourner en arrière avec #2 (et encore aujourd’hui je culpabilise un peu/beaucoup et me prends à me demander si ses problèmes actuels sont dûs, en infime partie du moins, aux « mauvais choix » répétés que j’ai fait à l’époque mais pour lesquels je ne peux même pas clâmer l’ignorance parce qu’ils n’étaient déjà pas dans mes valeurs, mais bon, on fait ce qu’on peut avec l’énergie qu’on a, personne n’est parfait).

    Donc, réalisation #1, je n’endure pas le manque de sommeil. Déjà à l’université, quand j’étais encore jeune et fringante, j’avais calculé qu’il me fallait 9 heures et 15 minutes de sommeil pour être parfaitement reposée, tu sais, lorsqu’on se réveille spontanément sans alarme et en forme. Pourquoi en aurais-je besoin de moins quelques années plus tard? Je deviens schtroumph grognon si jamais je passe plusieurs nuits trop courtes (ça a probablement beaucoup influencé le fait que je suis passée très vite au co-dodo avec bébé #1). Et des nuits de 6-7, 8 heures même (surtout si entrecoupées par quelques réveils à cause des enfants) et du café, ce n’est pas pour moi. Bref, la décision logique qui s’en suivit à été que j’ai commencé à me coucher à l’heure des enfants, plutôt que de me relever et passer une heure ou deux à prendre du temps pour moi ou avec mon conjoint en soirée. Eh oui, dans mon cas, besoin de sommeil est plus grand que besoin d’ordre dans la maison et de divertissement. Et comme j’ai pris cette décision en toute conscience, je n’en veux pas à mes enfants du fait que « je n’ai plus de vie ». (Le même principe que la femme qui ronchogne à faire sa vaisselle tous les soirs, si elle établit que ce n’est pas une corvée, mais bien qu’elle accomplit cette action parce que son besoin d’ordre et d’avoir des assiettes propres est plus grand, alors elle peut maintenant à faire la vaisselle de bonne humeur parce que ça rempli un besoin chez elle, c’est une décision qu’elle a prise plutôt que quelque chose qui lui est imposé (ou bien elle décide d’arrêter et de laver ses assiettes sales à mesure qu’elle en a besoin ou de manger dans des assiettes en carton….).) Résultat? Je n’ai pratiquement plus eu besoin de faire de sieste l’après-midi parce que mes nuits étaient suffisantes, donc je pouvais me permettre plus facilement que mes petits n’en fassent pas non plus (évidemment je n’ai pas trop de temps à moi et la maison est le bordel et on manque de temps pour accomplir certaines autres choses donc y’a du stress, mais bon, pour l’instant ça me convient quand même, parce que cet arrangement nourrit mes autres besoins, on réévaluera lorsque ce sera nécessaire).

    Réalisation #2, c’est bien beau les études qui disent que la sieste est méga importante pour leur développement, mais où est l’étude qui compare les effets néfastes de ne pas faire la sieste versus de se faire crier dessus par sa figure d’attachement principale, et d’entretenir un conflit récurrent autour du sommeil? J’ai décidé que je préférais laisser faire. Résultat, enfants #3 et #4, je n’ai pas insisté pour qu’ils fassent la sieste (passé un certain âge il va sans dire – très jeunes ça n’a jamais été un problème de les faire dormir, c’est après 18 mois environ que ça se corse si je me rappelle bien). J’ai proposé, et encouragé des balades en poussette si jamais je voyais qu’ils étaient juste trop fatigués, mais jamais pour que ça devienne une guerre de pouvoir. Quand ils sont/étaient à la garderie, ils en faisaient une, donc j’imagine qu’ils avaient quand même un certain besoin et y a aussi l’effet d’entraînement quand « tout le monde le fait », mais pour de longues périodes où ils étaient avec moi, genre un congé parental ou l’été, ça s’est très bien passé, le manque de sieste n’a pas affecté leur comportement assez pour que ce soit dérangeant, surtout avec grand frère grande soeur qui ont passé l’âge de la sieste, c’est encore moins tentant pour les petits de cesser le jeu et aller se coucher quand le reste de la maisonnée continue à vivre. J’imagine qu’on fait juste se coucher plus tôt en contrepartie.

    Bref, on apprend de ses erreurs, on fait ce qu’on peut, et tant que nos choix sont en accord avec nos valeurs et nos besoins, c’est plus facile de se justifier nos actions à soi-même et d’éviter la culpabilité. Mais ça m’a fait du bien de te lire, voir qu’une autre personne qui semble « parfaite », malgré ses connaissances, ses valeurs, son amour, soit elle aussi parfois incapable de réagir de la « bonne » manière, parce qu’après tout, quoiqu’on veuille en penser, on reste juste des humains, et on n’est pas Mary Poppins, parfaite en tous points en tout temps. Et c’est révélateur de se rendre compte qu’on est pas seuls dans la même situation.

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  9. Je découvre ton blog et je me régale, je me retrouve dans tellement de choses et ta façon de l’écrire est tellement sympa! Ici bébé à 3 mois et ne sait pas qu’il est censé passer un cap niveau sommeil/pleurs/sevrage du sein (j’aime pas ce terme de sevrage).
    Par rapport a cet article en particulier je voulais juste te dire que, toi qui est pour l’éducation bienveillante, là tu manques cruellement de bienveillance envers toi même 😉 sois bienveillante envers toi…

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  10. Je me reconnais tellement dans tout ce que tu décris là, c’est juste effrayant, comme un miroir de l’âme…
    Je viens de lire aussi ton article « ces choses que j’aurais aimé savoir sur le sommeil des bébés », et c’est exactement ça. Pourquoi personne ne nous prévient ?!
    Bref, continue à écrire stp, ça fait du bien de se savoir moins seule. Il faut qu’on se serre les coudes, entre mamans 🙂

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