Accueillir la vie

Une vie sexuelle plus épanouissante après bébé !

Ça y est, maman Poule a craqué son slip.

Elle est entrée dans le 2ème trimestre de sa grossesse et elle se lâche, ses hormones en folie ont pris le contrôle de sa plume et elle va nous parler de sexe. On va tout savoir sans rien payer !

Que nenni, lecteurs !

Enfin, si. On va quand même parler de sexe mais sous un angle purement scientifique (enfin presque…) et étayé par ma dernière lecture en date. C’est du sérieux quoi.

Alors, je vous entends d’ici : mais qu’est ce qu’elle nous chante, plus épanouissante la vie sexuelle ?! Quand arrive le soir et que par miracle tous les enfants sont couchés à une heure décente / les pleurs du soir du nouveau-né sont enfin apaisés / le bébé a réussi à s’endormir après 3 tétées, 30 minutes de cosmonaute et 12 berceuses, il faut encore qu’on mange avec le papa (mais QUOI ?), qu’on débarrasse, qu’on range les jouets qui traînent, qu’on lance une lessive de body tâchés et quand ENFIN c’est fini, on s’écroule dans le canapé comme des loques devant une merde télévisuelle et on s’endort à 21h32 ! Et ne nous parle pas d’un réveil crapuleux en pleine nuit, si mon mari OSE me réveiller alors que l’enfant DORT, je l’assomme avec mon coussin d’allaitement. Il y avait bien les matins-câlins dans le temps, mais le week-end soit le gosse se lève à 6h et on se relaye un jour sur deux pour assurer la permanence jusqu’au lever du soleil, soit il se lève à 8h mais dans ce cas là on en profite ben… pour DORMIR, malheureuse. La sieste ?! Mais quelle sieste ? A oui, cette fenêtre de tir imprévisible dont l’horaire et la durée sont approximatifs et qui donne systématiquement lieu au dilemme : faire la vaisselle, ranger les papiers ou prendre du temps pour moi ? Mouais, c’est à peu près le seul créneau viable pour caser un coït (uniquement pour les parents d’enfants en bas-âge qui daignent siester), mais un coït efficace alors, j’ai une soupe à préparer pour ce soir moi.

ON EST D’ACCORD, lecteur.

Je ne parle PAS quantité là.

Non, la quantité de sexe diminue généralement drastiquement à l’arrivée d’un nouvel enfant et le choc pourrait même être fort violent en comparaison de la période de travaux pratiques pré-conceptionnels, s’il n’y avait pas eu la transition par les mois de grossesse et leur le lot de vomito / fatigue / circonférence incompatibles avec une libido débridée. La nature est bien faite 😉

Je parle QUALITE.

(Tout le monde le sait, que la qualité est plus importante que la quantité, non ?)

Alors, effectivement, quand, après une ou deux semaines (ou plus hein !) de désert aride provoqués par la spirale infernale métro / boulot / cododo, on se retrouve avec le champ libre pendant 3 minutes 24 (le temps que l’enfant prenne son biberon sur le canapé, par exemple), on est surement efficace et relativement au taquet et ça peut décupler les sensations. Certes.

Mais pas que !

Bon, en premier lieu pour ma part, il y a l’arrêt de la pilule après 9 ans de prise ininterrompue ; ah, donc en vrai ma libido est comme ça ? Ah ben cool, on va peut-être pas continuer toi et moi, Ludéal, finalement. Il n’y a pas que les hommes qui ont le droit de refuser en bloc les effets secondaires de la pilule contraceptive !

Mais surtout, la lecture de « J’accouche bientôt, que faire de la douleur » de Maïtie Trélaün m’a appris des choses très intéressantes, ou m’a plutôt permis de mettre une explication scientifique derrière ce que j’ai ressenti personnellement de façon nette.

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Dans ce livre, j’apprends l’ampleur du rôle de l’ocytocine (bien que je connaissais déjà une partie des mécanismes), cette hormone secrétée par notre hypothalamus, dans le processus de l’accouchement, d’un point de vue physique (lancer le travail, faire se contracter l’utérus) mais aussi psychique, puisque cette hormone est celle du bien-être, de la détente. Pendant l’accouchement, elle apporte courage, confiance et calme à la mère, et contribue donc à la diminution de la sensation douloureuse. Mais c’est aussi l’hormone de l’attachement ; ainsi lorsque l’accouchement s’est déroulé physiologiquement, la mère et le nouveau-né baignent dans des sécrétions d’ocytocine à un niveau extrêmement élevé qui les aident à créer le lien dès les premiers instants et qui créent le besoin d’être inséparables.

L’ocytocine joue également un grand rôle dans la sexualité (c’est là où je voulais en venir), chose que je n’avais pas en tête ; sa sécrétion est stimulée par un contact physique agréable, elle dynamise l’excitation sexuelle et elle permet l’orgasme. D’un point de vue plus comportemental, elle renforce l’attachement à son partenaire.

Or, pendant l’accouchement, l’ocytocine est secrétée sous deux formes ; une forme de petites molécules agissant comme des neurotransmetteurs et donc capables de rejoindre le cerveau pour induire les effets comportementaux dont j’ai parlé plus haut, mais aussi sous forme de grosses molécules circulant dans le sang qui stimulent et activent ses récepteurs sur différents organes. Avec les taux exceptionnellement élevés d’ocytocine secrétés pendant l’enfantement, de nouveaux récepteurs à ocytocine sont crées et stimulés en grande quantité et nous les garderons toute notre vie ! Cela permet donc à la mère de secréter davantage d’ocytocine et de façon plus efficace à l’avenir… pour l’accouchement suivant, pour être capable d’aimer et de donner de l’amour à son enfant… et pour s’épanouir davantage dans sa vie sexuelle !

La magie, c’est que l’ocytocine,  contrairement aux autres hormones, n’a pas de système auto-régulateur ; plus la sécrétion est élevée, plus elle favorise la production d’ocytocine. Plus j’aime et plus je deviens capable d’aimer…

Je m’attendais à être totalement indifférente à Papa Ours dans les semaines qui suivent l’accouchement, tant je serais absorbée par mon bébé tout neuf et fatiguée physiquement et psychologiquement par l’accouchement.Fatiguée et absorbée, captivée même, aspirée, je l’étais, indéniablement.  Mais pourtant, ce que je retiens des deux premières semaines de vie de Bébé Carrousel, c’est un bain d’amour pour elle tellement incroyable, notamment pendant ces deux heures qui ont suivi la naissance, qu’il a débordé sur tout le reste pendant les jours suivants, et notamment ma relation avec Papa Ours. J’ai été surprise de ressentir très vite du désir, ce  qui me paraissait entièrement contradictoire avec mon sentiment d’être absorbée à 100% par ma fille et la conscience d’être en train de vivre le plus gros bouleversement de ma vie. Et j’ai été surprise de me découvrir plus épanouie dans l’intimité de façon durable, mais bon je ne vais pas NON PLUS entrer dans tous les détails, hein. N’imaginez pas un délire à la fifty shades, ça n’a rien à voir ; c’est mon ressenti à moi qui a changé.

Maintenant, je sais que c’est la magie de l’ocytocine qui s’est révélée à moi 🙂

Je trouve ça assez magique de savoir que finalement cet incroyable événement qu’est la mise au monde de notre fille, puis par la suite toute l’ocytocine que j’ai pu sécréter par le biais du maternage proximal et notamment de l’allaitement (qui permet d’en sécréter à chaque tétée), tout l’amour que je porte à ma fille en général, contribue aussi à l’amour que je suis capable de porter à mon mari, avec mon cœur bien-sûr mais aussi avec mon corps.

C’est beau, non ?

 

14 réflexions au sujet de « Une vie sexuelle plus épanouissante après bébé ! »

  1. Ah ben mince…. J’ai dû louper le wagon de l’ocytocine après mon accouchement moi alors….. Mais suis ravie pour toi et pour Papa Ours!!!! ^^ Profite bien de ce 2e trimestre, le meilleur parait-il! 😉

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  2. super article 🙂 l’ocytocine appélé hormone de l’attachement est aussi sécrété par les papas (en quantité moindre) lors d’un rapport sexuel et même lors de l’accouchement de sa compagne…
    je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite de ta grossesse

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  3. J’ai aussi loupé ce wagon là. Mais ce que j’aime c’est que ton article me pose la question du vivre à 3, vivre ensemble tout les 3 et non en formant deux binômes distincts avec ma fille. Avant la naissance de Lisa j’étais très fusionnelle avec mon compagnon, je ne voyais que lui et ne jurais que par lui. La naissance de Lisa m’a fait prendre conscience de ce que je pouvais accomplir seule, de ce que je pouvais faire seule pour mon enfant. Cela m’a un peu éloigné de mon compagnon, sans parler que nous retrouvons une sexualité épanouie bien au bout d’une année. En ce qui concerne la qualité c’est indéniable, on a perdu en quantité mais on s’assure de la qualité. C’est très intéressant de lire un article comme le tien car cela ouvre des tas de perspectives sur la notion d’attachement par le corps et l’esprit. Nos manières animales et inconscientes de créer du lien par le corps. Merci.

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    1. Je pense que ça dépend quand même bcp de déroulé de l’accouchement… Et bien sur d’autres facteurs !
      Mais oui c’était l’objet de ma réflexion, ce lien d’attachement qui passe aussi par le corps …

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  4. Ce livre a été ma bible pour préparer mon accouchement à domicile. Je le trouve vraiment génial! Quant au sexe pour ma part c’est le manque de sommeil qui peut endormir la libido. Alors oui il y a un lien direct avec l’arrivée d’un bébé mais il n’en est pas la cause principale. Contrairement aux suites de couches pas glamour qui peuvent aussi prendre un peu de temps à retrouver son corps….

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  5. C’est vrai que c’est beau de voir les choses sous cet angle, et aussi de voir ainsi l’unité qu’il y a entre l’union des corps, l’enfantement, l’attachement…
    Cela dit, j’ai beau avoir eu des accouchements 100% physiologiques (surtout les 3 derniers, le premier ayant été déclenché par ocytocine de synthèse), et allaité longtemps mes enfants, je n’ai pas vraiment ressenti l’effet de l’ocytocine que tu décris. J’ai toujours eu l’impression d’avoir été saturée de contact corporel avec mes enfants, à tel point que quand enfin tout le monde dort, je n’ai plus du tout envie qu’on me touche.
    La reprise de la sexualité s’est toujours faite pour moi sur le mode « l’appétit vient en mangeant »…
    Et puis, avec le temps, mon mari apprend à me connaître, il sait ce qu’il en est, et on arrive à trouver les moyens pour se retrouver, et que je puisse me détendre et me laisser aller. Et en ce sens oui, la qualité est meilleure, parce que tout ça nous oblige à une écoute ‘ qu’on avait moins avant !

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  6. Merci pour ton article ! C’est super de réaliser que l’accouchement nous permet de créer plein de nouveaux récepteurs d’oxytocines dont nous profitons ensuite toute notre vie 🙂
    J’étais tellement inspirée moi-aussi par ce livre que j’ai fait une petite vidéo de résumé, le voici : https://youtu.be/ZhZCPYr_wYU
    Je le conseille vivement, c’est une super préparation à l’accouchement !
    Sonia

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  7. Une réaction sur le bouquin: il est fantastique. J’ai accouché il y a plus d’un an et pas plus tard qu’il y a quelques jours, je me disais que s’il y a deux bouquins à conseiller aux femmes enceintes, c’est celui-là + celui d’Isabelle Brabant.
    Ce n’est pas « grâce à eux » que l’accouchement a été magnifique, ça c’est grâce à mon bébé et moi ;-), mais ils contribué à mon cheminement pendant cette deuxième grossesse, après une première expérience très difficile…
    à quand l’article sur ta littérature grossesse alors? 🙂

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  8. Il y a eu aussi, pour moi, lors de mon 2ème accouchement (sans péri), des sensations nouvelles, une meilleure perception et meilleure connaissance de mon vagin qui a clairement enrichi ma sexualité.

    Et sinon, comme littérature grossesse, je me permets de te recommander celui-ci, écrit par une amie, Aurélie Bianchi (qui est doula), et qui vaut le coup d’être lu!: Voyage en mère https://www.amazon.fr/Voyage-En-M%C3%A8re-Aur%C3%A9lie-Bianchi/dp/1520180543/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1489100121&sr=1-1&keywords=voyage+en+m%C3%A8re

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  9. Très bel article, mais qui oublie le rôle d’une autre hormone, la prolactine!! Produite quand on allaite (et indispensable à cette fonction), elle a la facheuse tendance de faire baisser la libido (en fait, à créer une sensation de « satiété » de sexe)… Et comme ce n’est malheureusement pas très connu, beaucoup de femmes culpabilisent, beaucoup d’hommes se remettent en question (je ne suis plus désirable!), certains couples vont même voir des sexologues (qui ne sont parfois pas au courant), alors que c’est juste HORMONAL et que ça revient dans l’ordre quand les tétées s’espacent… C’est très fréquent, parlons en!!

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