Le rebozo est un tissu coloré d’origine mexicaine, en coton ou en mélange de laine et de coton. Il peut avoir de multiples utilisations pendant et en dehors de la grossesse, mais il est aussi à la base d’un soin plus complet, qui se pratique comme un rituel de passage après la naissance.
Comme je ne suis pas une spécialiste, j’ai préparé quelques questions que j’ai posées à Amandine, doula à Autour d’une Naissance en Ardèche, en Haute-Loire et en Lozère et qui utilise le rebozo et propose le « soin rebozo » dans le cadre de ses accompagnements, pour les mamans qui le souhaitent. Et pour une transmission encore plus complète sur le sujet, RDV à la 15ème journée des Doulas à Lyon les 12 et 13 mai 2017, où un atelier sera proposé sur le sujet !
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Maman Poule : A quoi peut servir le rebozo dans le cadre de la grossesse, puis une fois que bébé est né ?
Amandine : Mais à tout, ou presque !
Pendant la grossesse, le rebozo, largement déployé sur le ventre et noué sur le côté, permet de soutenir le ventre et ainsi de soulager les lombaires. Il ne tient pas chaud et n’entrave pas les mouvements : confort garanti ! C’est assez intuitif, chaque femme pourra ajuster le tissu selon ses ressentis et le porter le temps nécessaire pour elle.
Le rebozo permet aussi d’offrir un bercement très agréable à la future maman et à son bébé : le compagnon ou la doula pourra bercer doucement le ventre, en plaçant le tissu sous les fesses, bien déployé jusqu’aux lombaires, mais aussi la tête ou les pieds. Évidemment, ce moment de détente est à savourer aussi hors-grossesse !

Ce bout de tissu magique peut également être utilisé pour soulager le dos et détendre la colonne vertébrale, souvent mise à mal en fin de grossesse. Il est rassemblé pli par pli, dans sa longueur, sous les lombaires de la femme allongée sur le dos, une des extrémités dépassant entre ses jambes. Il s’agit alors de tirer doucement et progressivement sur l’extrémité qui dépasse, jusqu’à récupérer l’ensemble du tissu : magique, le dos se détend et les vertèbres retrouvent de l’espace en même temps que l’étole se déroule ! Ceci peut également être pratiqué avec une écharpe de portage en sergé : au plus la longueur de tissu est importante, au plus l’effet sera relaxant.

Pendant l’accouchement, le rebozo peut être utilisé pour se détendre, soulager certaines douleurs, se suspendre, par exemple en le passant au-dessus d’une porte entrouverte… Ses usages sont multiples mais difficiles à expliciter par écrit, l’idéal est de pouvoir expérimenter par soi-même auprès d’une personne qui a l’habitude de l’utiliser.
Enfin, une fois que bébé est né, il peut être utilisé pour contenir le bassin, de façon assez intuitive, comme pendant la grossesse. Certaines femmes le portent de la même manière pendant leurs règles pour atténuer leurs douleurs et gagner en confort.
C’est également un moyen de portage d’appoint très pratique pour les bambins et les jeunes enfants : en ballade, partez avec votre rebozo en écharpe… et quand l’enfant a besoin d’être porté, un petit nouage et hop !
Maman Poule : peux-tu nous en dire plus sur le « soin rebozo » ; qu’est ce que c’est, comment ça se pratique ?
Amandine : le soin rebozo est une histoire de femmes et de chaleur. C’est un rituel de fermeture, et donc passage, qui peut être reçu à partir de 40 jours après un accouchement, mais aussi à d’autres moments de la vie, quand le besoin ou l’envie se font sentir (fin d’une relation, changement de cap personnel, déménagement…).
Deux praticiennes prodiguent le soin à une troisième femme. Le rituel se compose de trois temps et dure au minimum 2h30.
Il débute par un modelage à l’huile du corps entier. Quand 4 mains nous massent simultanément, on n’arrive plus à suivre leurs parcours, le mental est obligé de lâcher. On ne peut que se connecter aux sensations du corps : chaleur, douceur, connexion, enveloppement… Les trois femmes peuvent commencer dès cette étape à boire une infusion de plantes aux propriétés spécifiques.
Après le massage, la montée en température se poursuit grâce un bain chaud (très chaud…) aux plantes, et toujours une tisane… Au Mexique, c’est le temazcal (hutte à sudation) qui est utilisé pour cette étape ; certaines praticiennes en France ont une préférence pour cette méthode et possèdent une petite cabine de sudation. Mais même sans baignoire à la maison et sans hutte, l’essentiel est de transpirer… Une douche très chaude pendant laquelle la décoction aux herbes sera versée le long de votre dos pourra aussi faire l’affaire.
Enfin, à la sortie du bain ou de la cabine de sudation, c’est le moment de vous réinstaller sur le tapis de massage, sous d’épaisses couvertures, couettes, plaids. Là encore, chaleur ! Il est essentiel de transpirer pour évacuer tout ce qui doit l’être. Un serrage de tout le corps, en 7 points, est alors réalisé. C’est très physique, pour celles qui le donnent comme pour celle qui reçoit. Les sensations ressenties peuvent être très intenses, des émotions peuvent arriver. Il est essentiel bien-sûr de se sentir en pleine confiance avec les praticiennes, pour pouvoir se relâcher complètement et profiter de tous les bienfaits de ce moment hors du temps.

Maman Poule : quels sont les bénéfices de ce soin ? Et quand tu le pratiques dans le cadre de tes accompagnements, qu’en disent les mamans, qu’est ce que cela leur apporte ?
Amandine : les bénéfices se font sentir à plusieurs niveaux. Quand ce soin est fait dans la période post-natale, c’est parfois le premier vrai moment pour elle que la femme s’accorde depuis la naissance de son bébé ! Et c’est déjà un beau cadeau ! Sur le plan physique, le serrage permet de refermer le corps en douceur, il aide la femme à se sentir contenue, à ré-expérimenter les limites de ce corps redevenu « rien qu’à elle ». Enfin, sur le plan énergétique, c’est un soin de fermeture, qui clôture une étape de la vie pour permettre de passer à la suite. Dans cette perspective, on comprend mieux pourquoi il peut être reçu hors de la période post-natale, simplement quand on en ressent le besoin.
Dans mon expérience personnelle, j’ai pu voir des réactions très différentes de la part des femmes qui recevaient ce soin. Chacune le ressent selon sa sensibilité. Pour certaines c’est l’aspect bien-être et moment pour soi qui ressort : massage, échange bienveillant, sororité, c’est déjà beaucoup ! D’autres sont complètement transportées par la puissance énergétique du soin, ressentent des émotions très fortes et inattendues, ont la sensation de revivre leur accouchement ou même leur propre naissance.
Mais pour toutes, c’est un beau moment de plaisir et de reconnexion à soi.
Maman Poule : qui sont les personnes aptes à pratiquer le soin rebozo ?
Amandine : plusieurs formations sont proposées en France, elles se déroulent généralement sur 2 journées. Les formatrices sont rares, ce sont des personnes expérimentées qui donnent ce soin depuis longtemps et ont le recul nécessaire sur la pratique. Les formations incluent des éléments concrets essentiels comme les propriétés et le dosage des plantes à utiliser, la façon de positionner le rebozo de manière efficace et confortable lors du serrage, etc. Il faut savoir également que, durant la formation, chacune reçoit le soin au moins une fois, de façon à ressentir de l’intérieur ce qui va être apporté.
La pratique peut ensuite varier d’une personne à l’autre : certaines proposent un tirage de cartes avant de débuter ou aux différents moments-clés, d’autres vont être particulièrement attentive à la décoration du lieu, aux symboles et énergies apportés par les couleurs… Mais toutes les praticiennes sont sensibilisées à l’importance de l’écoute bienveillante et sont dans un positionnement d’accompagnement et d’accueil. Il est néanmoins primordial de choisir pour recevoir ce soin des femmes avec qui on se sent libre et en confiance.
Maman Poule : où peut-on apprendre à se servir du rebozo ?
Des formations à l’utilisation du rebozo (hors soin) commencent à être proposées un peu partout en France. Elles durent 2 jours et permettent une connaissance approfondie de l’outil.
Un atelier pratique est également proposé chaque année aux Journées des Doulas (cette année à Lyon les 12 et 13 mai) : une belle occasion de découvrir ce foulard magique auprès de femmes expérimentées, sans investir dans une formation complète.
Bien sûr, pour une utilisation « familiale », se rapprocher d’une personne qui a l’habitude de s’en servir (une femme de votre entourage ou une doula, pourquoi pas ?) peut déjà vous permettre de vous familiariser avec le tissu et de « sauter le pas ». Et une monitrice de portage pourra vous guider quant à la façon d’installer confortablement votre bambin dans le rebozo. Et comme toujours quand il est question de bien-être, rester à l’écoute de son corps et de ses ressentis est primordial.
Maman Poule : en pratique, ça s’achète où et à quel prix ?
Plusieurs boutiques en vendent sur internet. Il existe plusieurs longueurs et surtout de multiples coloris (attention, on devient facilement rebozo-addict…). Il est également possible d’en acheter aux Journées des Doulas et il y a peut-être une revendeuse près de chez vous ! N’hésitez pas à faire une petite recherche.
Attention, les rebozos, fabriqués de façon traditionnelle au Mexique, sont teints de façon naturelle : il est indispensable, avant le premier lavage, de le faire tremper dans une eau vinaigrée pour fixer la couleur.
Au niveau du tarif, il faut compter entre 25 et 35€ pour un rebozo 100% coton. La texture très douce du coton est particulièrement bien adaptée pour la pratique du soin rebozo, au cours duquel le tissu va frotter sur la peau lors du serrage. Un rebozo de ce type sera également plus léger, c’est un critère à prendre en compte si on souhaite l’utiliser pour maintenir le bassin et éventuellement le garder plusieurs heures sur soi.
Un rebozo coton et laine coûtera un peu plus cher. Il présentera une meilleure tenue, certain.e.s l’apprécient davantage pour le portage.
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Merci beaucoup à Amandine pour ces explications complètes et les photos issues des journées des Doulas, je crois que ça me donne bien envie d’essayer pendant cette grossesse (avec mon dos en compote!) et de m’offrir ce soin après la naissance …
J’en avais entendu parlé pour resserrer le bassin après un accouchement. Et j’avoue que j’aurai bien aimé qu’on me câline un peu et mon bassin aussi!
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J’en ai aussi entendu parler mais c’est pas forcément simple de trouver les bonnes personnes et de prendre ce temps pour soi après l’accouchement mais ça doit être top!
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Je ne connaissais que le rebozo comme moyen de portage. J’avais entendu que traditionnellement, il sert « toute la vie », mais je ne me rendais pas compte qu’il pouvait accompagner tous ces moments ! Merci pour cet article complet !
En attendant, ma SF a refermé mon bassin après l »accouchement avec son écharpe, et je crois que ça a marché aussi 😀
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