0-3 ans : S'attacher·Et moi alors ?

3 ans avec toi 

Ma Carrousel a 3 ans ! Et comme tous les ans, j’ai envie de lui adresser quelques mots, à ma merveilleuse source d’inspiration et exaspération ;

 

3 ans…
Je ne sais pas pourquoi, cet âge canonique me bouleverse autant.

Peut être parce que c’est le premier de tes anniversaire où tu realises vraiment, anticipes, attends avec impatience… Le premier où je me délecte du plaisir de te préparer des surprises et de voir tes yeux qui pétillent dans l’attente.

Peut être parce que c’est a partir de 3 ans qu’on paye le train.

Peut être parce que c’est à 3 ans que commence l’école pour la plupart des enfants.

Peut être parce qu’avant d’être mère, je voyais les enfants de 3 ans comme des adultes miniatures.

Peut etre parce qu’on parle souvent de la toute petite enfance comme de la periode 0-3 ans et qu’elle se termine ici.
Toujours est-il que cet anniversaire me bouleverse : il me laisse à la fois reconnaissante pour la petite fille incroyable que tu es du haut de tes 3 piges, heureuse de te voir grandir, changer et franchir de nouvelles étapes, mais aussi nostalgique de ce qui a été et ne sera plus.

Ça m’arrive toujours en pleine gueule comme un boomrang : je te vois faire, vivre, dire et vlan je me mange en pleine face la réalisation du temps qui est passé a mon insu. C’est quand je te vois enfiler legging, robe, manteau et bottes de pluie que je me rappelle des premières fois où tu as essayé de mettre seule tes chaussettes et qu’il fallait doser l’aide sans te frustrer. C’est quand tu m’informes, au petit matin le dimanche, que tu vas jouer un peu dans ta chambre en attendant (que vous emmergiez les vieux) l’heure du petit dej que je me souviens des aurores à se prendre des cubes sur le coin du nez par une bambine hilare au milieu du lit. C’est quand tu me cries a travers tes larmes pour une broutille qui m’échappe « mais je suis fatiguée, j’ai besoin de ma tétine et d’un câlin sur le canapé » que je me souviens des premières fois où j’ai posé le mot « colère » sur tes tempêtes interieures. C’est quand tu joues dans ta chambre, absorbée dans ton monde où les animaux s’alignent comme des wagons de trains, les livres s’exposent sur la commode pour une « fête de livre », les dominos sont des sous pour faire les courses, les billets de la caisse des ordonnances pour la pharmacie et les ordonnances de ta malette de docteur des cartes d’anniversaire, que je me souviens de la première fois qu’on s’est émerveillés de te trouver à jouer dans un coin d’une pièce differente de là où on t’avait posée. C’est quand tu t’exclames que « c’est toujours le corbac qui gagne » au Verger, « mais c’est quoi ce cirque dans cette baraque! » les poings sur les hanches, quand tu expliques que « pour accoucher, tu mets une bâche et le bébé sort de ta zezette » et que tu clames « c’est mon corps et quand je dis non, je dis non! » que je me rappelle que je te faisais répéter les premiers mots de ton répertoire encore et encore pour m’en délecter. C’est quand tu me demandes de partir et de fermer la porte pour te laisser te débrouiller aux toilettes, tirage de chasse et nettoyage de pot inclus, que je me souviens de tes cuisses potelées gigotant sur la table a langer et du scratch fermé sur ton bidon rond. C’est quand tu dis à tes copains qu’ils peuvent embrasser la petite main de ta soeur endormie dans l’écharpe que je me souviens de ton petit corps recroquevillé contre le mien quand je réalisais à peine que j’étais celle qu’on appelle maman.

Cette année, passée plus vite encore que les deux premières, n’a pas été reposante, même qu’elle nous a plutot épuisés tous les 3, toi tout autant que nous. Cette année où tu es devenue grande soeur, tu as eu besoin d’affirmer encore plus ta volonté pour exister, besoin de reprendre le contrôle sur les choses et sur les gens pour lutter à ta façon, besoin de t’opposer et de me défier pour t’assurer, comme je te l’assurais, que je t’aimerai toujours quoi qu’il arrive. Cette année, j’ai beaucoup craqué, beaucoup trébuché en chemin, comme les deux premières je me suis posée beaucoup de question et j’ai souhaité que quelqu’un ait les réponses, mais j’ai gardé mon cap, même si certains jours j’étais plus accrochée à la barre qu’en train de mener mon navire. Cette année tu m’as mise face à mes limites et tu m’as obligée à la regarder en face, la mère que je suis, avec ses casseroles et ses élastiques aux chevilles qui pètent quand elle essaye d’avancer contre son courant. Cette année j’ai vraiment compris la violence des emotions que les enfants peuvent traverser…et la violence des miennes. Cette année j’ai le sentiment qu’on s’est parfois un peu perdues ; ce qui est sur, c’est qu’on s’est beaucoup cherchées…

Cette année, j’ai souhaité que ce soit parfois plus facile, que ce soit autrement. Et puis, en fait, non. C’est parfait comme ca. 3 ans que tu grandis, et moi avec.

Joyeux anniversaire mon petit chat, ma grande zouzoute, ma Carrousel. Je t’aime chaque jour et pour toujours…

14 réflexions au sujet de « 3 ans avec toi  »

  1. Bravo, c’est très beau 🙂 C’est vrai que 3 ans, c’est un cap. Symbolique … mais pas que ! Rétrospectivement, on a constaté que c’était vraiment le début du chemin de « l’enfance » avec de nouvelles joies partagées et de nouveaux défis !
    A bientôt

    Amitiés
    Arnaud

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  2. Magnifique texte d’anniversaire!
    J’espère réussir à faire aussi bien pour les 3 ans de mon fils dans quelques mois…
    Très joyeux anniversaire à ta grande fille plein de bonheur à elle et à ta famille 💖

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  3. Encore un texte magnifique et émouvant, bravo! Mon petit n’´a que 13 mois et pourtant je me retrouve encore dans ton écrit, le temps passe à une vitesse folle et c’est vrai que quand on s’emerveille un peu plus chaque jour des progrès qu’il fait et du chemin parcouru ensemble on ne peut s’empecher d’avoir un petit pincement au cœur… Très joyeux anniversaire à Mlle Caroussel, et profitez à fond de cette journée si spéciale!

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  4. Arrivée aux dernières lignes de ton bel article, j’ai vraiment senti les larmes me monter…
    Mon P’tit Loup va avoir 3 ans dans moins de 2 mois, et je me reconnais dans tant de points. Il n’est pas encore grand frère mais c’est pour bientôt… Et notre année n’a pas toujours été facile non plus, avec par périodes des tempêtes émotionnelles d’une violence et d’une intensité que je n’aurais pu imaginer. J’ai parfois craqué aussi, mais comme toi je pense que finalement j’en ressort grandie en tant que maman.
    Ta dernière phrase « je t’aime chaque jour et comme toujours », je lui dis si souvent, surtout après un moment difficile…
    Merci pour ce magnifique partage, et joyeux anniversaire à ta petite Caroussel ! 😀

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  5. Joyeux anniversaire à ta Carrousel. Ma baby chou aura 3 ans lundi prochain et j’appréhende un peu ce cap. Pour ma Pucinette qui en aura 7 dans quelques mois, cela s’était passé assez simplement, nous étions dans le projet d’un deuxième bébé (d’ailleurs j’étais enceinte une semaine après) et j’étais ravie de la voir franchir ce cap et devenir une grande fille avant d’être une grande sœur. Cette fois-ci c’est plus difficile, il n’y aura pas d’autres bébés et je trouve que ces 3 ans là sont passés encore plus vite. Pourtant je me plais à lui dire que c’est une grande du haut de ses 1m01 fraichement mesures et elle de me répondre « non maman, regarde mes jambes, toutes petites encore mes jambes ». Peut-être a-t-elle sentie mon ambivalence à la voir si grande et en même temps à regarder le passé avec nostalgie?

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  6. Ici aussi les 3 ans sont passés il y a quelques semaines seulement. On ne dit jamais « grand garçon », et pourtant c’est là : il a des cheveux (pour ses 2 ans il avait 3 poils sur le caillou!), tout le potelé est parti, il dépasse de partout quand je le prends dans mes bras… Et c’est là que j’ai réalisé que le bébé était parti pour de bon, que j’ai ce goût doux-amer à le voir comme je l’imaginais quand je m’imaginais un enfant, et à me dire que ça ne reviendra jamais. Je réalise maintenant le temps qui passe alors qu’il m’a paru s’étirer pendant longtemps, et je comprends les « profite » et me surprend à le dire. Il n’y a presque plus de « vivement que… ». Et c’est le début des « quand tu étais bébé… ».

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