0-3 ans : S'attacher·Couple, fratrie, famille.·Et moi alors ?

Ces choses que j’aurais voulu savoir… sur le couple à l’arrivée des enfants

Préambule : cet article, comme son titre l’explicite clairement, parle du couple qui devient parents. Sur ce sujet, encore plus que sur les autres, je tiens à préciser que je partage mon expérience, mon point de vue, ma réflexion. J’ai le sentiment que, bien que traversés par des sentiments et des expériences semblables, pas un couple parental ne se ressemble ; autant la dyade mère-bébé présente un certain nombre de caractères communs dans beaucoup de foyer, autant le triangle mère-père-enfant me laisse pantoise dans sa diversité. Parce que cela dépend du papa en tant qu’homme, cela dépend du papa en tant que papa et de son lien avec le bébé, cela dépend du couple en tant qu’amoureux avant, cela dépend de la mère en tant que femme, en tant que mère…  Mon expérience, c’est celle d’un couple de bêtes à cornes (Papa Ours est bélier et moi taureau…) aux caractères volcaniques et indépendants, qui a choisi en pleine conscience de faire passer les besoins de ses enfants en priorité et dans lequel la maman a choisi de rester un temps assez long à la maison. Ça pose un décor qui nous est propre. Alors, même si je pense que certains d’entre vous se reconnaitront dans mon partage (du moins, je l’espère, sinon je vais me sentir fort seule ^^), sentez-vous libre également d’être en total désaccord et que votre réalité soit toute autre 😉

***

Vous savez comme parfois, certains raisonnement ont l’apparence de la logique et sont en réalité absurdes ?

Genre : nous nous aimons, donc reproduisons nous.  De prime abord, ça semble logique : je l’aime, il m’aime, faisons plus de nous. Des mininous par dizaine, hihihi, lolilol. #coeurcoeurlove

SAUF QUE.

Se reproduire, ce n’est pas (que) s’envoyer en l’air à répétition,  se sourire niaisement devant le test de grossesse et contempler la beauté et la perfection ultime du fruit de ses entrailles endormi dans son berceau. Je t’aime mon amour, moi aussi mon cœur, tu es un père merveilleux, et toi une mère incroyable, faisons plus de mininous, oh oui j’en rêve !

Petit plongeon dans la réalité brute de décoffrage :

Quand Papa Ours passe la porte de l’appartement à 19h, il est assailli par la Carrousel en folie (culotte sur la tête et ailes de fée dans le dos), qui le supplie de faire une petite partie de Misticat‘ et par sa femme (avec sa culotte bien en place, elle, et son torchon de fée du logis à l’épaule) en détresse qui le supplie de la délivrer de sa sangsue Fusée, qui ne supporte plus rien à cette heure, pour qu’elle puisse terminer le dîner, dîner réclamé à corps et à crises par la Carrousel depuis 18h15. A table, entre jet de choux fleurs et cri de putois de la petite systématiquement fatiguée quand c’est l’heure de se mettre à table, la grande qui voudrait bien à boire, du fromage, encore un peu de gratin et qui a mille choses passionnantes à raconter, il faut nous y reprendre à 5 reprises pour terminer un échange verbal de 3 phrases, et généralement celui-ci se conclu par un « Bon, je te raconterai plus tard » agacé. Tandis que je file dans la chambre « parentale » (lolilol) pour coucher ma Fusée (aka tétée, tétée, tétée… jusqu’à endormissement), Papa termine le dîner, débarrasse, fais la vaisselle, débarbouille la Carrousel, et entame son rituel du soir avec quelques petits jeux calmes propices à l’endormissement dont il a le secret (comme par exemple : course-poursuite dans l’appart avec des trucs sur la tête, jets de jeux en l’air en poussant des cris hystériques, hurlements de rires parce qu’il a planqué la carte de T’choupi à la ferme sous ses fesses pendant la partie de 7 familles… – -). C’est à cet instant que je sors de la chambre, ma Fusée enfin endormie, et que je termine le rangement du champs de bataille salon (jeux éparpillés pendant ledit temps calme, nourriture dans les recoins du putain de siège de table, linge plié qui gît dans un coin car personne ne comprend mes messages subliminaux quand je les pose sur la table, carnage de WC post-passage de la Carrousel qui a voulu nettoyer une goutte de pipi sur la cuvette avec une bouteille d’eau, jeux de bain moisissant au fond de la baignoire pas vidée, plaque de cuisson pas nettoyée car hors du champs visuel du mâle, etc…), le tout généralement entrecoupé d’un ou deux rappels de la Fusée-RGO/APLV/KISS/HP/CHOISITONARME. Puis c’est à mon tour d’entrer en scène pour le rituel de la Carrousel, avec la lecture des histoires, la discussion du soir, la formule magique (Abracadabra, du balais les loups, du balais les monstres, poudre de dodo, jolis rêves par milliers !!!) et la patience jusqu’à endormissement de la bête, en croisant les doigts pour que tout ceci ne soit pas interrompu par un rappel de la Fusée-reine-des-remontées. Généralement, je m’endors avant elle et me réveille en sursaut quand Papa Ours m’effleure le bras dans le noir en me chuchotant « Je crois que tu t’es endormie! ». #BravoEinstein. Il est alors dans les 21h30, la (non) soirée commence, youhou ! Ah non, rappel de la Fusée et de ses renvois par milliers, et je manque de m’endormir une deuxième fois ; il est 22h quand je ressors de la chambre. Allez une douche et au lit. Ah merde je n’ai pas parlé à mon mari aujourd’hui, je vais quand même aller lui dire deux mots. Bonne nuit ! Voilà ça fait deux mots. Parfois j’ajoute : « tu viens te coucher? » et s’il y perçoit une invitation, il vient. Quand il arrive, soit je dors déjà la bouche ouverte, soit la Fusée s’est réveillée et il me trouve semi-assise, semi-endormie, la Fusée accrochée au sein comme les étoiles de mer à la poitrine de la Petite Sirène. La Carrousel débarque généralement à un moment ou à un autre de la nuit, contraignant généralement Papa Ours a s’exiler sur le canapé par manque d’espace (le 180 cm n’est pas encore en place malheureusement). Quant aux week-end, nous alternons un qui porte la Fusée en jouant à la dinette avec la Carrousel, l’autre qui passe l’aspirateur en lançant une lessive, suivi de délicieuses balades où  l’un porte la Fusée en écharpe et les sacs de courses, l’autre porte la trottinette dans une main et la Carrousel de l’autre, genre de trucs bien reposants . On rigole hein. Mais la glande, on connait pas. Quand la Carrousel daigne faire la sieste, la Fusée pète le feu. De toutes façons, quand la Fusée dort, c’est dans le dos ou dans les bras. WALAAAAAAAAA.

Y a-t-il un médecin dans l’assemblée, j’ai deux ou trois femmes enceintes de leur deuz’ qui sont tombées dans les pommes ! Je ne parle pas des primipares qui sont parties en courant au 3ème rappel de la Fusée. Quant aux nulli(pares), elles ne trainent pas par ici, un ramassis de bonnes femmes mal organisées et dépassées ce blog 😉

Vous l’avez compris, se reproduire c’est (généralement) renoncer (pour un temps plus ou moins long), par la force des choses (parce que si quelqu’un voit à quel moment je peux confier ma Fusée pour avoir une soirée en sachant qu’elle tète toutes les 30 minutes à partir de 19h pour se calmer, qu’il m’écrive sur le champs!), à tout ce qu’on aimait faire à deux avant, comme glander au lit, faire l’amour quand on veut (faire l’amour tout court, me dit-on dans l’oreillette – Papa Ours tout le monde t’a reconnu!), aller dans des resto normaux (c’est à dire des restos sans menu enfant, sans set de table à colorier et sans ballons à la caisse, pour ceux qui ne se rappellent plus), dîner tranquillou à l’heure qu’on veut, se pomponner pour séduire l’autre, prendre l’apéro jusqu’à l’heure indue de 20h30 sans se soucier du dîner, voyager en mode roots ou grand luxe, se faire un marathon de série, faire du sport à 2, avoir une conversation ininterrompue.. J’arrête non ? La plaie, le couteau, toussa toussa.

Cela dit, comme dit en préambule, chaque couple à son score parental selon ses choix de vie, de maternage, d’éducation, le genre de bébé qu’il tire à la loterie, sa situation personnelle…

Le score parental

Être parent : bim, 20 points de départ.

Puis…

 

Au moins un enfant de moins de deux ans : 2 point

Au moins deux enfants de moins de 3 ans : 5 points

Plus de 2 enfants : 10 points

Jumeaux : score initial compte double

Moins de 2 ans d’écart entre 2 enfants : 6 points

RGO : 3 points

KISS : 3 points

Allergies, intolérances et autres joyeusetés : 3 points

Merd-ites à répétitions : otite, bronchiolite, rhinite, bronchite, laryngite… : 3 points

Au moins un enfant allaité : 4 points

Au moins un des enfants partage la chambre parentale: 2 points

Au moins un des enfants partage le lit parental : 10 points

Au moins un enfant ne dort pas en journée ou seulement à bras : 5 points

Au moins un enfant se réveille toutes les nuits : 3 points

Tous les enfants se réveillent la nuit et se réveillent mutuellement : 10 points

Accouchement merdique : 8 points

Pas de relais à proximité : 8 points

Galère de thune : 5 points

Hyperactivité/hypersensibilité/hypertonicité d’au moins un enfant : 4 points

(Liste non exhaustive).



Vous l’aurez deviné, la fréquence des rapports sexuels et des sorties en tête à tête est inversement proportionnelle au score parental, tandis que la probabilité de se hurler dessus en se jetant  la porcelaine l’arcopale à la gueule pour une sombre histoire de sac poubelle mal déployé sur le rebord (tu sens le vécu?) va exponentielle quand on passe la barre des 50 points. Je ferai peut-être hurler certaines, mais l’éducation en conscience sous tous les aspects qu’elle peut revêtir, en particulier celui du maternage proximal, n’est pas l’amie du couple amoureux. Je ne dirai pas que c’est son ennemie pour autant (je développerai plus loin), mais nul être humain ne peut être au four et au moulin, donc toute l’énergie déployée cuisiner du bio-maison-sans-plv, à détacher des couches lavables, à allaiter à la demande jour et (surtout) nuit, à porter son bébé dans son dos, à bercer la nuit, à être présent physiquement et émotionnellement tous les jours, toutes les nuits, à nourrir les besoins d’amour, de temps de qualité, d’attachement et de sécurité intérieure à chaque fois que les enfants manifestent que leur réservoir se vide, ce temps et cette énergie là ne sont pas employés à nourrir le couple, que ce soit en temps réellement partagé, en attentions, en discussions (j’entends VRAIE discussion qui stimule, qui enflamme, qui rapproche, qui débat, qui anime, qui nourrit quoi, pas « c’est chelou la béchamel au lait de riz, non? » ou « tu lui as lavé le nez combien de fois aujourd’hui?« ), en folles parties de jambes en l’air, en tendres mots et caresses, ou même en pensées. Car il ne faut pas négliger l’impact de l’imaginaire dans la vitalité du couple ; si on a pas 3 minutes pour penser à l’autre dans la journée et désirer sa présence (« si il n’est pas là dans 5 minutes, je noie sa progéniture démoniaque dans l’eau de rinçage des couches » ne compte pas), fort à parier que non seulement on n’aura pas de temps mais pas non plus la disponibilité mentale à lui consacrer le soir venu. Je referai les mêmes choix de maternage et d’éducation sans hésiter, mais parlons vrai quoi.

J’en reviens à mon raisonnement faussement logique initial : nous nous aimons, faisons plus de nous…. et merde, où sommes-nous passés ?!

Sommes là, comme deux cons en jogging taché dans la salle de bain, enterrées sous une pile de linge sale et de draps pleins de vomi, dans le doux fumet de la dernière couche de la journée qui traine sur la table à langer,  assourdis par le sèche-linge qui tourne en sur-régime, en train de communiquer en langue des signes pour évaluer si la toux bronc(s)hiteuse asthmasiformiteuse de la grande va déboucher sur un énième vomito ou pas.

Disparu, ce qu’était notre couple avant. Puisque bien évidemment avant, nous n’avions que nous à penser, nous étions forcément différents. Nous, c’était nous deux, toi et moi, chacun seul dans sa tête. C’était facile de s’aimer. C’était facile de ne rien faire de spécial et d’être contents. Et même on avait le temps de s’engueuler bien comme il faut, d’être jaloux, de se dire des trucs puissants, de faire des scènes, de partir en claquant la porte sur un coup de tête, de pas revenir le soir, de se faire mariner au téléphone, de se réconcilier dans les larmes, les promesses et sur l’oreiller. Avoir des enfants, c’est ne même plus avoir le temps de se disputer dans les règles de l’art, bordel. Maintenant ça crie 3 reproches, l’autre a à peine le temps de gueuler une réponse et de claquer une porte qu’un enfant appelle pour qu’on lui essuie les fesses. Va reprendre ton engueulade après ca.

Les enfants, c’est puissant.

Ça te dépouille un couple, dans tous les sens du terme.

Déjà, les parents sont dépouillés physiquement : ils ont pris dix ans dans la face en 8 mois, ils n’ont jamais le temps de rien, ils ont les épaules courbés sous le poids de toutes ces nouvelles responsabilités (et le poids du sac à langer), ils sont à la fois à moitié sourds et ils entendent des voix (elle a pleuré là, non? Ah non c’est le chat), ils ont mal au dos, aux bras, au crâne.

Mais le couple est aussi dépouillé de tout superflu, tout superficiel, toute frivolité : c’est le couple mis a nu face à lui même. Allez y, aimez vous comme vous êtes, épuisés, de mauvais poil, le cheveux en l’air et le sourcil mal épilé, sous le néon cru de la cuisine à 6h du mat le dimanche, sans l’aide d’un verre de vin, d’un bon ciné ou d’un éclairage tamisé. Aimez-vous sans le luxe du temps pour soi, sans les rêveries qui nourrissent le désir, sans le calme intérieur, pas plus qu’extérieur.  Aimez vous dans la lourdeur du quotidien, aimez vous la tête dans le guidon, aimez vous la tête dans le cul. Aimez vous dans les cris, dans les larmes, dans le désordre, dans l’habitacle de la familiale ravagé par les miettes de biscuit qui collent au cul, aimez vous avec un bébé au sein et un jeu des 7 familles de T’choupi dans la main, aimez vous en sous-vêtements dépareillés, aimez vous en silence à côté du bébé endormi, aimez vous en vitesse avant la fin de la sieste, aimez vous au service d’urgences pédiatriques entre deux nuits blanches.

Aimez vous parfois dans l’incompréhension, le silence, la colère, les reproches.

Aimez vous quand vous avez déjà du mal à vous aimez vous même. Quand vous avez du mal à reconnaitre votre corps, vos mots et vos propres pensées.

Aimez vous quand vous vous montrez détestables, quand vous explosez sur l’autre tout ce que vous avez contenu, quand vous vous défoulez sur ce partenaire qui a eu la folie de vous faire cet enfant.

Aimez vous dans la rancœur des points qu’on compte et des reproches qui fusent, aimez celui qui en a fait moins que vous, celle qui vous fait culpabiliser, celui qui n’est jamais content, celle qui ne se rend pas compte de tout ce que vous faites, celle qui ne comprend rien, celui qui a le beau rôle, celle qui sait toujours tout, celui qui a l’ingratitude à hauteur de son absence.

Aimez vous quand vous ne vous êtes jamais sentis aussi seuls de toute votre vie qu’en sa présence, dans un silence assourdissant, avec ce mur gigantesque entre vous deux.

 

 

Oui, dis comme ça, ça fait flipper.

Le silence, le mur, les reproches, les incompréhensions, ce sont des moments difficiles à vivre, qui laissent dans un état douloureusement insupportable. J’ai souvent eu le cœur serré ou la rage au ventre ces dernières années/mois/semaines, de ce que Papa Ours a pu dire, faire, ne pas dire ou ne pas faire. Souvent, il aurait juste suffit qu’il prononce un encouragement ou modifie 3 mots dans sa phrase pour que tout sonne radicalement différent à mes oreilles. J’ai souvent eu le sentiment d’être atrocement seule et je n’avais même pas la force de le lui dire. Par fatigue et découragement, j’ai parfois perdu jusqu’à l’envie de communiquer avec lui au-delà du strict nécessaire. J’ai souvent eu l’impression qu’on était loin, très loin l’un de l’autre, deux étrangers parlant des langues différentes et ne faisant aucun effort pour se faire comprendre. Je dis j’ai eu, mais j’ai encore parfois, souvent, de temps en temps. Hier.

Et pourtant, fondamentalement, sous la couche de poussière, notre couple va bien. Je crois.

Alors quoi ?

Alors merde.

Ça fait chier, c’est pas la félicité, c’est même parfois franchement douloureux, mais n’enterrez pas mon mariage pour autant.

Oui, en ce moment mon couple amoureux tourne au ralenti, c’est un navire qui avance lentement poussé par le vent, tous moteurs éteints, il n’y a personne pour foutre du charbon dans les foyers à vapeur. Peut-être parce que normalement c’est moi qui l’alimente et que je ne suis plus disponible pour ca ? Son rythme est incertain, au gré de la météo, il dérive un peu, il tangue, il stagne. Mais il ne coule pas et le capitaine est toujours à la barre.
Ce qui fait du bien à mon couple, à défaut d’énergie ou de temps à lui consacrer, c’est l’acceptation de cette phase de latence, pour ce qu’elle est, à savoir une phase. Provisoire, temporaire. C’est me donner le droit de donner moins à mon couple pour donner plus ailleurs pendant quelques temps sans que ce soit MAL, DANGEREUX, PAS BIIIIIIEN, attention Maman Poule le divorce te guette. C’est de m’autoriser à faire cette constatation de disette sentimentale sans y associer la peur de l’échec de mon mariage et la certitude de mon inaptitude à être heureuse en couple.

Encore un raisonnement qui d’apparence logique : pour être bien dans sa vie, il faudrait être sur tous les fronts, à la recherche de cet équilibre absolu entre toutes les facettes de la vie. C’est ce modèle que j’avais depuis l’adolescence, de la femme qui est mère, mais aussi femme, sexy, épouse, professionnelle, sportive, amie. Celle qui gagne sur tous les tableaux, qui ne laisse pas ses enfants contrecarrer ses projets professionnels ou foutre en l’air sa silhouette, mais qui ne laisse pas le boulot bouffer ses week-end en famille, qui conjugue harmonieusement sorties entre copines, afterwork et vacances à la mer et qui confie ses enfants deux fois par mois pour un restaurant en amoureux… Cette équilibriste incarne le bonheur tel que se le représente notre société dans laquelle il faut tout, tout le temps, toujours plus et vite pour être heureux. Même si ça revient à vivre sur un fil et à risquer de basculer dans le vide au premier faux pas.

Je suis sure que certaines femmes ont besoin de ça en effet pour être bien, et je suis sure que d’autres ont besoin de l’exact opposé.  Mais la société, les amies, les voisins, les blogs, les livres, Elle, disent que il faut que… et soudain elles ont un problème.

Je revendique le droit de ne pas être sur tous les fronts. En ce moment, mon couple n’est pas ma priorité et quand j’ai 5 minutes à moi je préfère les passer seule, sous la douche, avec un bouquin ou à écrire un article, je sens que cela recharge davantage mon réservoir dangereusement vide. Voila, c’est dit. J’ai besoin déjà de pouvoir m’occuper un minimum de moi pour avoir l’élan de m’occuper de lui, pour avoir les ressources pour que nos petites divergences ne se transforment pas en fossés. Bien-sûr un moment de tendresse ou un éclat de rire volé de ci de là nous font du bien, mais ne me demandez pas de consacrer de l’énergie à animer mon couple.

 

Je revendique ce non-choix, le non-choix de mettre son couple en demi-pause pour survivre sans être jugée. Parce que évidemment, on voudrait bien, on aimerait, ce serait cool de… mais en fait c’est impossible. Pour certains, à certains moments, comme nous en ce moment, on en est là : la lutte de besoins. La lutte pour garder la tête hors de l’eau. Choisir entre manger ou dormir. Et là, les injonctions à prendre du temps pour son couple, à « rester femme et pas seulement mère » et compagnie, c’est juste un seau d’eau supplémentaire sur la gueule d’un mec qui se noie. D’une meuf en l’occurrence ; bizarrement c’est ENCORE et toujours souvent la faute de la mère cette histoire ! « Trop fusionnelle avec son bébé », elle à qu’à le faire garder, toussa toussa.

Je revendique le droit de dire un temps pour tout, dans ce monde où on n’a jamais le temps de rien.

Et surtout le droit de faire comme on peut sans mauvais présages car après le tout, le mariage n’est-il pas l’union dans le bonheur comme dans les épreuves, dans les moments de grâce et les moments de graisse collée sur la plaque vitrocéramique, dans la sérénité comme dans l’hystérie, dans la richesse comme dans le déficit de sommeil, la santé comme le délabrement mental ?

 

 

 

 

89 réflexions au sujet de « Ces choses que j’aurais voulu savoir… sur le couple à l’arrivée des enfants »

  1. Hello

    Il y a quelques points de ton texte qui l’ont fait phosphore hier. Et je suis retombé sur une belle citation de St Ex qui illustre pas mal mon sentiment :
    « S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ».

    Au fond, je suis convaincu au fond de moi que peu importe les difficultés passagères, peu importe leur gravité, à partir du moment où l’horizon du chemin ensemble reste commun.
    Ce qui est difficile, au fond, c’est que notre conjoint, cet autre, n’est pas nous, et qu’il n’est pas toujours facile d’être certain qu’au fond de lui / elle, il désire aussi ardemment que moi regarder dans la direction que je souhaite.

    Amitiés

    Arnaud

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  2. Bonsoir a toi ,

    Merci bcp , je suis au taquet au niveau des points lol !!!! Plus sérieusement , ton texte raisonne dans ma tête ey pourtant nous avons qu’un seul enfant , mais grossesse très tres compliqué,acouchement merdique , suite d’accouchement no comment … et on commence par nos débuts de parents par notre petit garçon rgo pathologique important qui fzit un malaise important a ses 1 mois est demi … Hospitalisation pour lui durant 10 jours . et tu connais ce qu’un rgo d’après ce que j’ai compris … La mon fils a 17 mois , je suis en arret pour un gros burn out !!!! C’est dur de se retrouver. Je suis souvent épuise tout comme toi , je regarde souvent les émissions en replay et du coup ça joue sur notre couple forcément ! M’enfin , l’important c’est Dr s’aimer dans les pires moments comme dans les bons .

    Bonne soirée a toi

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  3. Tout simplement vrai et parfaitement bien écrit ! Merciii infiniment de mettre des mots sur mes ressentis, ça fait du bien. Courage à nous.
    BB 1 de 10 mois et enceinte de BB 2, maternage, allaitement et projet d’une éducation bienveillance, co-dodo, et 0 entourage = points +++ lol

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  4. Merci pour cet article et pour ta franchise comme toujours. Je fais partie de tes (rares ?) lectrices à apprécier tes textes tout en menant une maternité totalement différente. J’aime en cela confronter nos points de vue car tes articles sont toujours respectueux des choix qui sont différents des tiens. J’ai (peu) allaité mon aînée et (presque) pas ma deuxième (j’avais essayé pourtant mais même le DAL maison n’a pas réussi à lancer l’allaitement). J’ai repris le travail à 5 mois pour l’aînée et 4 pour la deuxième. Elles avaient le même âge quand je les ai laissées chacune pour la première fois 24h à leurs grands parents pour une escapade amoureuse pré reprise de travail. Et depuis, nous essayons régulièrement de garder du temps pour nous au quotidien (faire manger nos filles avant nous pour pouvoir manger ensemble ensuite) et moins au quotidien (petites escapades par ci par là). Ma maternité je ne la vis épanouie qu’en préservant ces moments là, qu’en acceptant de ne pas être dans cette proximité « tout pour elles ». Certes nos filles sont plus grandes que les tiennes mais c’était déjà le cas il y a 2 ans. C’est mon/notre choix à l’opposé du tien et je crois que ce choix dépend en grande partie de notre histoire personnelle, de notre vision de la maternité et de la féminité, de notre conjoint aussi, le tout étant de se sentir en accord avec soi-même.

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    1. Je pense que ça dépend aussi de l’enfant que tu « tires à la loterie », notre fils a 3 ans et je n’étais absolument pas partie pour le cododo, éducation bienveillante etc…. pour tout dire je n’ai même pas allaité mon fils (pour des raisons médicales et par choix aussi) et mes influences théoriques sont plutôt à chercher du côté de la psychanalyse (rien à voir avec le maternage proximal donc…) cependant les « besoins » de mon fils, les observations, expériences que j’ai pu faire à son contact, notre relation m’ont amené à constater que certaines choses s’imposaient à nous: ainsi le cododo, l’absence de punition, l’accompagnement dans le sommeil, se sont imposés comme des façons de faire plus efficaces et plus en lien avec nos valeurs c’est tout….après effectivement pour nous en tant que couple et individus ce n’est pas facile de renoncer à notre « espace de respiration » parce que simplement ça ne faisait pas partie du contrat au départ mais sincèrement je vois bien que pour notre fils (et même pour nous dans un certain sens) c’est que qui nous permet de vivre ensemble et de nous construire en tant que famille et aussi en tant qu’individus….et effectivement il ne dormira plus dans notre lit quand il aura 12 ans 😀 ….. En attendant on gère!

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  5. Un cri du coeur…
    Ici bébé 1: 2ans tout pile
    Et bébé 2: arrive dans 3 mois.
    On se prépare à çà. Pour mon ainé, j’avais lu un article (donc j’ai oublié l’auteure). Elle avait fait promettre à son mari de ne se séparer sous aucun prétexte avant les deux ans de leur enfant. Cette période durant laquelle la fatigue, l’épuisement font que nous ne sommes plus tout à fait nous même. Le mode « survie » activé.
    On a pu se dire, faire des choses… qui n’étaient pas nous.
    J’ai demandé à mon conjoint de tenir cette même promesse. .. il faudra la renouveler pour bebe 2.
    On tiendra j’espère
    Courage maman poule ❤

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  6. Je prend le temps de découvrir ton blog qui, depuis quelques temps, me faisait de l’oeil de loin dans la « blogosphère ». Merci pour cette écriture pleine de vie, d’authenticité, de rythme et qui dépeint si bien ces scènes de la vie quotidienne.

    La famille, le couple, les enfants, c’est vrai que c’est un sacré défi tout ça ! Un défi où l’on se perd parfois soi même, où le couple parental est parfois bien plus présent que le couple amoureux et pourtant l’amour est là, différemment.
    J’aime ce sentiment d’être partenaire d’une sacrée équipe et de partager ensemble cette mission au quotidien.

    Pour les couples sans enfants qui battent de l’aile, je crois que cet article peut vous inviter à une chose : Soyez attentif au fantasme qui pousse à rêver que c’est l’enfant qui va unir votre couple à jamais et resserrer vos liens, solidifier votre amours. Oui, vous serez unis à jamais, oui vous pouvez être très heureux ! Mais devenir parents et un vrai, beau et grand défi et la solidité du couple si elle est affaire de tout instant, elle est aussi, si possible, à développer AVANT de se lancer dans la grande aventure de faire des enfants.

    Belle parentalité à tous 😉
    Marie – La voie de la famille

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  7. Ici on est clairement en plein creux de la vague (voire sous la vague même !) au niveau de notre couple. Une grande de 3 ans et demi, un petit de 6 mois, disons que depuis la naissance c’est compliqué pour nous.
    Mais je sais qu’on s’en sortira !
    Merci pour cet article, je me suis tellement reconnue dedans que j’en ai pleuré ! Je vais le faire lire à chéri, qu’il réalise qu’on n’est pas les seuls à galerer.

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  8. Hello si tu me lis au cas où que tu ne l’aies pas vu, mais tu t’es fait hacker ton compte Insta qui passe des pub pour une arnaque.
    Bise la maman poule !

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  9. J’ai adoré cet article ( comme tous ceux que je lis ici !) ! Je m’y retrouve totalement ! C’est vrai que la vie de couple est totalement mise entre parenthèses quant on fait le choix du maternage proximal… mais le temps passe tellement vite… !!

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  10. C’est vrai que l’arrivée d’un enfant ça change des choses. Les soirées passent à une vitesse folle et du coup. L’intimité du couple faut savoir où la caser ! Durant les siestes… Nous en ce moment durant les siestes on avance notre jardin. Il passe un peu en priorité notre petit chaton et nous après… C’est un peu un aspirateur de bonheur un enfant et en plus il est de tempérament facile. Le couple a tendance à s’oublier dans la vie quotidienne… Je m’efforce de lutter contre de tenter de sortir de notre routine quotidienne. Déjà la sortie au parc ou la balade en vélo je trouve que c’est tout de même un moment partagé…

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  11. Bonsoir,

    J’avais eu un gros coup de coeur pour votre article  » Ces choses que j’aurai aimé savoir… sur le sommeil des bébés », il m’avait permit de bien relativiser sur ces nuits très durs. Je suis quelqu’un qui sourient très rarement devant un écran mais je me rappelle avoir lâcher quelques rires en le lisant… Ce soir en lisant votre article sur le couple parental, j’étais au contraire très émue par votre sublime écriture qui raconte cette période difficile… Vous êtes fabuleuse !

    Ps: Je suis tout à fait d’accord avec vos lectrices concernant la rédaction d’un livre 😉

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  12. Je lis avec plaisir les différents articles de votre blog que je viens de découvrir. Effectivement, très belle écriture, vous n’avez pas froid aux yeux, osez mettre des mots de manière très juste sur beaucoup de situations, des mots qu’on n’arrive pas toujous à trouver soi-même. Ca fait du bien, on se reconnais, ou pas, ça fait réfléchir, ça donne un nouveau souffle pour avancer. Je m’étais dis que je ne laisserais pas de commentaires, pour « ne pas gâcher » le blog d’un commentaire bidon, car je n’ai pas le don de l’écriture. Mais en vous lisant ici j’aurais voulu juste faire part de ce qui nous aide, mon mari et moi, à tenir et à continuer de se sentir aimé l’un par l’autre, même si nos journées ressemblent fort aux votres : se dire régulièrement merci, pour les grandes comme les toutes petites choses, signifier à l’autre qu’on a vu ce qu’il/elle a fait (genre merci d’avoir sorti la poubelle/passé un coup de balais/vidé le lave-vaiselle, merci de te lever pour aller travailler toi aussi et faire vivre notre famille, merci pour ton soutien dans notre choix d’éducation, merci de prendre soin un tout petit peu de toi juste assez pour avoir de nouveau de l’énergie pour t’occuper de notre famille, merci de croire en moi et en nos choix même quand je doute et vice-versa, merci d’aller à cette fête de mariage seul pour quand même garder des liens avec notre famille même s’ils trouvent tous qu’on aurait dû y aller ensemble et payer une babysitter pour s’occuper de notre fils de 2mois et demi que j’allaite et son frère de 2 ans et demi qui dort avec ses parents, etc.) Je pense – mais cela n’engage quz mou – que tout comme l’allaitement facilite le maternage de par les hormones – sans être pour autant un « must » absolu, ni en étant la clé magique qui marche à tous les coups, l’amour et le soutien mutuel du couple facilitent la parentalité positive, même si ici aussi certains y arrive très bien sans et d’autres couples aimants laissent passer les besoins de leurs enfants après.

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  13. Très beau texte, très drôle et très juste. Mais je ne suis pas étonné.
    Plus facile de transférer des données vers pôle emploi que d’être mère de famille apparemment. 😉

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      1. Suis moi aussi heureux de te lire. C’est un miracle que je te retrouve ici ! Merci Facebook.
        Je me suis souvent dit que c’était dommage de s’être perdus de vue après nos pérégrinations PôleEmploiesques.
        J’ai finalement eu le concours que je convoitais tant et ai quitté le MI. Donc oui, je vais bien.
        Et toi? Purée ! 2 enfants ! Elle est passée où la « petite fille », reine du power point et de couture au coin du feu que j’ai connue jadis ?! 😛

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  14. Une belle leçon. Merci. C’est piquant, cynique et réaliste.
    Je découvre cette vie avec mon amie déjà maman depuis 4 ans d’un autre papa et nous attendons la deuxième, ma première, d’ici quelques jours. Une grossesse tout à fait inattendue qui fut le fruit d’un mois et demi de relation « passionnelle »…
    C’est difficile. Et c’est cool. J’ai abandonné ma vie de célibataire égoiste et me suis redu vers celle d’un beau papa, et futur papa en l’espace de deux mois. Beaucoup de choses à apprendre en peu de temps. La lecture de cet article m’a fait du bien.
    Accouchement à la maison en préparation…
    Mercki !

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