Un jour, mes filles seront des femmes.
Cette pensée me réjouit autant qu’elle me terrifie.
Parmi les choses qui me taraudent concernant leur statut de futures femmes, il y a un poids que j’aimerais qu’elles ne portent pas. Un poids que mon conditionnement de femme me pousse à embrasser, parfois sans m’en rendre compte, souvent jusqu’à imploser. Un poids que mon amour pour elles me pousse à endosser autant qu’à exécrer. J’aimerais tant que les femmes qu’elles deviendront n’aient pas absorbé ce modèle comme une normalité, et pourtant il ne peut que s’infiltrer par tous les pores de leur être car c’est le seul que je leur donne à regarder. Mais si je change, si je dis non, si je dis stop, ce sont elles qui en paieront les pots cassés. Faire des choix n’est jamais simple pour moi, mais choisir entre elles et elles, je ne vois pas bien comment m’y prendre.
Je parle de tout ce temps que nous passons, femmes (et mères a fortiori), à œuvrer pour nos foyers dans l’invisibilité la plus parfaite et l’absence de reconnaissance la plus totale.
Je parle de ce temps qu’on passe à trier le linge trop petit, à s’approvisionner d’occasion pour la saison prochaine, à anticiper l’achat des tenues de sport et allouer ce qui peut l’être en cadeau d’anniversaire, à répartir ce qu’on donne à la copine enceinte, ce qu’on donne aux bonnes œuvres, ce qu’on vend sur vinted, à programmer les machines à laver en fonction des activités du lendemain et de la météo, à recouper les informations des clubs sportifs pour conjuguer envies des enfants, emploi du temps, temps de trajet et budget, à remplir des formulaires et des dossiers d’inscription pour les activités extrascolaires, à demander les certificats médicaux au médecin en même temps que le dernier RDV pour l’otite, à courir au labo pour chercher des fioles pour pouvoir faire réaliser une prise de sang à domicile. Tout ce temps passé à faire de la prévention pour la santé des enfants, à comparer les niveaux de sécurités des sièges autos, les souplesses de taille de chaussures et les compositions des produits d’hygiène, à faire des recherches sur internet sur la manière d’accompagner la dysoralité, la dyspraxie visuelle, le HPI, les jambes sans repos, le RGO, l’allergie ou le SEIPA ou que sais-je, comment soigner les maux de l’hiver avec des huiles essentielles, quels probiotiques choisir pour rétablir la flore intestinale après des antibiotiques ou comment soigner des putains de moluscum sans exposer les enfants à la douleur de se faire cramer l’épiderme, à comparer les prestations des dentistes, leur douceur et les taux de fluor dans les dentifrices parce que ton enfant a un défaut d’émail, tout ce temps à faire du Tétris d’emploi du temps pour caler un bilan chez l’orthophoniste, la naturopathe, la psychologue, un RDV chez le posturologue, l’ostéopathe ou le pédiatre à la sortie de l’école (mais plutôt un mardi parce que sinon ça met dans le jus pour le timing de la soirée et le lendemain y’a école), à gérer la garde des autres enfants (papa peut-il quitter plus tôt? Mamie peut-elle prendre congé? Copine peut-elle te dépanner – et les 27 messages que représentent cette simple gestion) y aller (en ayant pensé à emporter le goûter et un livre, et donné le bain la veille pour alléger la charge de la soirée ainsi alourdie), rendre compte des conclusions au père des enfants qui potentiellement ne lit/n’écoute pas ton message/tes paroles (et qui -peut-être- aura l’illumination de te redemander dans quelques jours), puis à chercher comment mettre en œuvre les conseils/conclusions qui en ressortent, à imprimer des documents à afficher, à penser à des manières ludiques d’amener le changement dans le foyer, à faire un mémo au papa sur les traitements/médicaments/recommandations. Tout ce temps passé à réfléchir à des menus équilibrés, de saison, en prenant en compte le temps disponible pour la cuisine selon l’emploi du temps, le jour de marché, les goûts et particularités de chacun et les recommandations de l’orthophoniste pour la rééducation du goût et encaisser que ça se passe mal quand même. Les batchcooking du dimanche, les menus auxquels on réfléchit en conduisant, l’eau qu’on met à bouillir avant de monter à la douche ou les crêpes cuites à 23h pour le petit-déj du lendemain. Ce temps infini passé à réfléchir à l’emploi du temps, qui garde les enfants quand, comment optimiser les trajets et faciliter les séparations, caler des RDV pour ton entreprise en fonction de l’activité salarié de ton ex-conjoint, des possibilités de garde de tes enfants, de l’emploi du temps de ta collègue et devoir tout recommencer parfois en dernière minute. Les planning google drive partagé, les screenshot, les notes vocales, les planning papiers et les agenda rayés et re-rayés. Ce temps à organiser les loisirs, les activités, les visites, les copains qu’on reçoit à la maison, les anniversaires (avec les invitations, les activités et le gâteau maison), à comparer les offres de transports et hébergement pour les vacances, à faire les réservations, les remboursements à qui de droit et les tricount avec les potes. Et je ne parle même pas du temps consacré à l’IEF, à se renseigner sur les programmes et les pédagogies, à comparer le matériel et les supports, à imprimer, plastifier, fabriquer, classer, ranger dans des boites, étiqueter les boites, prévoir et suivre ce qui a été fait ou pas, identifier les points où ça pêche et trouver des moyens créatifs d’y réponse, organiser la classe partagé du mardi en suivant une progression cohérente (et en oubliant pas le goûter à IG bas). Je n’en parle pas parce que ça reste un choix marginal qui ne parlera pas à tout le monde. Mais j’en parle quand même parce que c’est aussi un choix qui se fait à 2 pour le bien-être des enfants (ou leur survie pour certains…), un choix qui peut offrir de la liberté et beaucoup de moments de qualités avec ses enfants, mais que la surchauffe cérébrale qui va avec est loin d’être équitablement partagée dans de nombreux foyers. Cela dit, c’est exactement la même chose concernant le suivi des devoirs et des fournitures, le dialogue avec les enseignants des enfants, se rendre aux réunions de début d’année, de compte-rendu d’évaluation de CP ou de parents d’élèves, adapter la tenue des enfants à la météo et au jour de sport/piscine/sortie machinchouette, signer les cahiers, faire les chèques pour le spectacle ou l’abonnement Ecole des loisirs, prévenir le matin que la petite est malade et que la cadette ne sera pas là cet après-midi parce qu’elle a orthoptiste et que le grand frère mangera donc à la cantine, participer à la kermesse ou ramener des brouettes de terre pour le projet potager. Et puis il n’y a pas que les enfants en ligne de mire : il y a aussi penser à faire garder les enfants de temps en temps pour passer du temps solo avec son conjoint (trouver quelqu’un de dispo ou la recruter, la séléctionner, la déclarer, lui écrire les consignes sur une feuille et préparer le dîner), proposer la sortie, réserver le resto, penser à l’épilation et même à ce dont on pourra discuter. Appeler maman, envoyer des photos des enfants à belle-maman, répondre à la grand-mère du conjoint qui s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles, répondre à la sœur de son conjoint qui n’arrive pas à le joindre sur son téléphone, penser à envoyer un message à la femme du pote de son conjoint qui vient d’accoucher pour savoir si elle survit et demander la liste de naissance, rendre les invitations reçues
Note que je ne parle pas des tâches « visibles » bien que cruellement récurrentes et potentiellement inégalement partagées, de type lessive, vaisselle, cuisine, ménage, lavage de sol, soin des enfants, réveils nocturnes et compagnie. Non, je parle bien de ces tâches invisibles qui se passent en grande partie dans nos cerveaux. Je te parle de tous ces lendemains qui se déroulent derrière nos yeux fermés quand on se couche et qui nous font rallumer les portables à 2h du mat pour envoyer un texto, passer une commande ou noter un rappel.
Car je parle du temps, mais je devrais parler de l’explosion mentale, ce serait probablement un terme plus juste que « charge mentale ». Comme un programme qui tourne en permanence sur l’ordinateur et qui bouffe une bonne partie de la mémoire vive… tandis que dans la matière, nous nous acquittons en parallèle des tâches visibles.
Je te parle (aussi) de cette manière que peuvent avoir les hommes, les conjoints, les pères, de minimiser non seulement la charge de tout cela mais aussi son intérêt. Les « on s’en fout » et les « Ben t’as qu’à pas le faire » qui donnent envie de pleurer plus sûrement que les 2 heures passées à tenir le stand de la kermesse, coudre le déguisement de carnaval ou attendre ton tour chez l’ORL. Ce privilège de balayer ces sujets d’un revers de la main voire de ne jamais les avoir dans le viseur, parce qu’ils n’ont pas le temps, l’envie ou les compétences. Ce privilège de juger celle qui s’en préoccupe « inquiète », d’affirmer inutile son investissement parce que les conséquences ne les effleurent pas ou qu’ils peuvent les ignorer. Ce privilège d’un périmètre restreint de sujets de préoccupation, le privilège de ne pas tout anticiper. Le privilège du silence mental.
Je ne sais pas si, de l’extérieur, nous semblons avoir un don, ou brasser du vent. Cela doit dépendre du niveau de conscience de notre interlocuteur. Nous le faisons avec tant de naturel, depuis si longtemps et sans que l’on nous demande rien, n’est-ce pas ?
Ces tâches invisibles sont pourtant tellement facilitantes pour l’autre au quotidien, fluidifient l’organisation de tous les membres du foyer, améliore leur bien-être et évitent des complications. Et elles ont un coût : notre santé mentale. Ce n’est pas gratuit de penser à réserver le poney une semaine sur 3, téléphoner à la nounou sur le trajet de l’école parce que le petit était patraque le matin, penser à la réclamation Total sur sa pause dej pour la double facturation du mois dernier, acheter le cadeau d’anniversaire de la copine de l’enfant pour le week-end suivant (en ayant avant demandé la liste of course) en revenant de l’école, penser à la colle qui manque dans la trousse et les culottes devenues trop petites quand on fait les courses, se procurer la petite bouteille pour les copains qui nous reçoivent en week-end (ou un autre cadeau en lien avec les goûts et les valeurs des amis, genre anticiper pour acheter d’occasion le cadeau de naissance de tes potes écolo) en plus d’avoir géré la date où caler le week-end et la préparation des bagages, penser à imprimer des coloriage et recharger la Lunii pour les longs trajets en voiture. A la longue, ça fatigue, ça disperse, ça morcelle. Ca fabrique des femmes qui se relèvent en pleine nuit et engloutissent des tartines de pâte à tartiner sur du beurre. Ca fait des tâches bâclées ou jamais bouclées, du travail sans cesse interrompu, des auto-entreprise qui ne fleurissent pas, des comptes bancaires qui s’assèchent, des journées qui n’en finissent pas, des résolutions jamais tenues, des corps pour lesquels ostéo et chiro ne peuvent plus grand chose.
Il n’y a pas de prédisposition naturelle à se rappeler des dates d’anniversaire, d’opérations médicales, de reprise de boulot, de début de congé maternité ou de rendez-vous importants de ses proches et des proches de son mec. Il n’y a rien d’inné à penser à réserver 6 semaines à l’avance le stage de piscine, le périscolaire ou le centre aéré (et c’est qui posera des congés sans solde si y’a plus de place?!), se souvenir qu’il y a un rappel de vaccin à 6 ans et que la médiathèque ferme les lundis. Il y a simplement de l’entraînement très tôt et la douloureuse certitude que si nous ne le faisons pas, personne ne le fera. Et la conscience que si personne ne le fait, quelqu’un en pâtira. Et ce quelqu’un, quand on est mère, c’est souvent notre enfant. Alors on fait. On pourrait demander, mais ce serait simplement tripler la charge : y penser, y faire penser, rappeler d’y penser, vérifier que c’est fait.
Et je ne te parle pas du fossé qui se creuse quand tu te sépares, que la charge explose sur fond de mésentente cordiale, et que soudain l’arrangement plus ou moins bancal « tu gères, je paie » tombe à l’eau, remplacé par « tu gères… tu gères ». L’un qui profite du silence mental au détriment du vacarme qui s’intensifie chaque jour dans la tête de l’autre.
Pour rétablir les choses, il faut être deux. On aime bien nous faire croire que la première barrière, c’est que nous acceptions que les choses ne soient pas faites comme nous les faisons. Je dis faux. Il faudrait accepter que les choses ne soient pas faites du tout, que les gosses trinquent et qu’on galère 4 fois plus derrière, mais ça c’est pas OK (pour moi – une piste ?). En revanche, oui, il faudrait que nous acceptions de dépasser le sentiment de ne pas avoir joué notre rôle, d’avoir failli à ce qu’on croit inconsciemment être notre devoir.
Il faut surtout un partenaire conscient, impliqué dans le travail colossal que représente la déconstruction des schémas dans lesquels nous baignons. Cela demande beaucoup d’efforts, de bonne volonté et d’honnêteté de voir l’invisible. Beaucoup d’amour et de respect pour l’autre pour sortir de la zone de confort douillette servie sur plateau d’argent par le patriarcat ; une zone d’invisible privilèges et d’injustices bien dissimulée, il en faut de la volonté pour y renoncer.
C’est déjà une entreprise ambitieuse, pleine de piège et épuisante pour les couples qui s’aiment.
Je ne sais pas comment on fait pour y parvenir quand on est séparés.
On s’assoit dessus, comme souvent.
Lasse des conflits et des incompréhensions, épuisée d’éprouver trop fortement le sentiment d’injustice, réticente à déséquilibrer le fragile équilibre aux allures apaisées que tu as réussi à bâtir.
Et on transmet l’explosion mentale en héritage à ses filles.
EDIT : je suis convaincue qu’il y a des hommes qui prennent leur part de la charge mentale : des hommes conscients, avec qui le dialogue peut se faire, qui n’ont pas envie de perpétuer les privilèges dont ont bénéficié les générations précédentes. C’est heureux ! Je ne souhaite pas généraliser et dire que partout c’est comme chez moi. En revanche, j’observe que quasi partout c’est un enjeu (et cet enjeu est + ou moins ou pas adressé par les couples…) parce que c’est invisible, parce beaucoup de préoccupations ont traditionnellement pesé sur la mère, etc. Et mon propos n’est nullement de nourrir une guerre des sexes (je suis pour la paix, toujours!) mais si ma colère transparait c’est parce que cet article parle avant tout de moi, de mon histoire, de quelque chose qui me pèse particulièrement aujourd’hui et que c’est difficile de régler dans la paix cet enjeu de la charge mentale dans un couple séparé. Merci pour vos échanges en commentaires !

Coucou,
Belle description de ce que représente la charge mentale ou l’explosion mentale.
Et effectivement en parler me semble une bonne première étape.
Facile à dire mais je crois qu’il revient aussi à chacun ce qu’il accepte de faire ou pas pour le couple.
Belle soirée à chacun et chacune
J’aimeJ’aime
Je lis tes articles depuis longtemps déjà… Et depuis longtemps j’ai cette sensation d’écho en lisant tes lignes… Séparée du papa de mes enfants depuis cet été, je me retrouve encore une fois dans ton questionnement, dans ce dilemme cruel et insolvable. Pour ma part, je me dis quand même que par l’éducation, et au fur et à mesure qu’ils grandiront, nos enfants pourront être associés à certaines choses (même si ce sont surtout les taches les plus visibles de cette charge invisible !). Et qu’en grandissant, on pourra aussi leur exprimer que cette situation et ce comportement de leur père n’est pas juste et ne devrait pas être normal : ayant un fils, j’espère bien semer des graines pour que le jour où il sera papa, il s’implique et soit un véritable partenaire de son/sa compagne et non un enfant supplémentaire à gérer !
J’aimeAimé par 2 personnes
En couple avec un homme qui accepte d’ouvrir les yeux, c’est quand même compliqué, parce qu’il y a toujours des choses qu’il ne voit pas. Petit à petit je lâche du lest sur certaines tâches, mais est-ce parce que les enfants grandissent ? Plus le temps passe et plus je me dis tant pis si leur père faillit sur certaines choses, ça sert de leçon au parent et aux enfants. Mais je reconnais que c’est difficile. Et je salue humblement les mamans solo, leur investissement obligatoirement et dangereusement sans limite me parait surnaturel…
J’aimeAimé par 1 personne
Un magnifique article : explosion mental en héritage.
Je suis divorcée, maman Solo ( garde principale à défaut d’une alternée refusée par le papa).
J’ai relayé ton article à dents de Famille (malheureusement).
Toutes se sont reconnues, séparées ou non.
À la suite d’un divorce compliqué, les passations douloureuses et une violence de la part du père ,qui parce que je l’ai fuis , je dois gérer et me taire parce qu’il paye.
J’ai l’envie de lui transférer ton article, cela ne pourra que aider à ce que germe l’idée que chacun a une fonction parentale à remplir
Une autre violence invisible (en plus de celles citées: économique, professionnel, social, mental, physique…) C’est le sentimental: car un week-end sur deux=4 jours par mois. Les 26 autres jours avec enfants c’est compliqué pour rencontrer quelqu’un. Je passe la plupart de ces week-ends à ranger, laver, le reposer et faire le plein d’énergie car au retour de l’enfant mon réservoir devra remplir le sien .
Merci pour ta plume 🪶
J’aimeAimé par 2 personnes
Bonjour, une fois n’est pas coutume, je ne suis pas d’accord à 100% avec ton analyse et ton choix de solutions.
Evidemment, on n’est pas dans le même contexte, nous ne sommes pas un couple de parents séparés, nous sommes proches, et monsieur a toujours voulu être impliqué dans l’éducation de ses enfants (la preuve en est qu’il a pris un congé parental de 2 ans à la naissance de sa fille qui a aujourd’hui 16 ans).
Voilà donc mon illustration d’une famille à peu près paritaire :
Le RGO quand bibi etait bébé, effectivement je l’ai géré car j’étais en congé mater => d’où l’intérêt du congé parternité allongé : merci Boris Cyrulnik de l’avoir recommandé, du parlement de l’avoir voté, et de la Sécu de l’avoir appliqué. (et on a encore des marges d’amélioration.)
Oui, de mon côté je gère aussi le linge et les changements de garde robe, je suis au clair avec ça : j’aime bien le faire. Si je ne le faisais pas, je ferais confiance à monsieur pour le faire : il n’est pas trop bête pour constater une première fois : tiens tout est trop petit on va regarder sur vinted pour trouver des vêtements de la taille suivante, et puis après avoir appris la misère d’attendre des vêtement urgents pendant 10 jours, d’anticiper un peu la fois suivante.
Pour les cadeaux lorsqu’on est invités, il y est plus sensible, c’est lui qui gère.
Les réunions parents profs, il gère également, je lui ai officiellement délégué au nom de la parité.
Pour le reste, étant donné qu’on se partage la sortie de l’école ou du périsco, chacun gère sa galère lorsque galère il y a ;les cahiers à signer c’est chacun son soir.
Il a le numéro de la baby sitter et lorsque c’est lui qui choisit une sortie il prend le package : la résa de la babysitter va avec.
Voilà, les filles : un autre monde est possible.
En contexte de séparation, tout ça est certainement plus difficile de mettre en place, mais si vous ne lâchez jamais du lest sur l’anticipation ou les situations pas cool (dans le cas où c’etait clair que c’etait au papa de gérer, ne vous inquiétez pas ils peuvent aussi culpabiliser pour l’enfant qui a pâti de leur indulgence).
Je plaide pour un savant mélange de lâchage de lest (d’abord) et de dialogue (pour la pédagogie). Commencez tôt : ça ne traumatise pas les enfants en bas âge de porter des vêtements trop petits pendant 10 jours !
J’aimeAimé par 1 personne
Tout pareil ! Quand l’enfant n’a pas de goûter juste UN JOUR, et qu’il porte des vêtements mal mis/trop petits, il s’en remet très facilement 🙂 Pour moi/nous, c’est OK. Pour notre enfant aussi (les autres je m’en fiche, je ne les connais/élève pas ^^). Et pour moi, c’est un cerveau tout allégé !!
J’aimeJ’aime
Chaque mot, chaque ligne, me renvoient à ma vie de maman de 3 enfants et tout ce travail invisible que j’abats…
J’ai pleuré en lisant ce bel article criant de vérité.
Merci, je me sens moins seule mais j’ai peur de cet héritage pour mes filles qui seront des femmes un jour.
J’aimeJ’aime
J’étais d’accord (à peu près) avec tout, et ton « ce n’est pas OK » m’a achevée : oui, dans mon foyer (nous ne sommes pas séparés), j’accepte que l’enfant manque de trucs, parfois, parce que c’est mon conjoint qui a géré comme il pouvait, et il a oublié des trucs. Et c’est OK. L’enfant ne trinque pas, il s’adapte, et mon conjoint aussi : il voit, concrètement, où il a merdé, et il se corrige. Sans moi. Sans que j’aie besoin de rattraper le coup. Je me doute que ton intention n’était pas de porter un jugement sur celles et ceux qui font différemment, mais c’est comme ça que je l’ai ressenti. POUR MOI (pas pour toutes, et donc pas pour toi), c’est OK. Et c’est tout !
C’est une solution qui marche chez nous : je ne gère pas DU TOUT les différents modes de garde du p’tit loup, je ne gère pas les rdv médicaux, les déplacements au CAMSP, les conseils de l’orthophoniste, les horaires pénibles des rdv kiné, c’est lui qui prend son mardi et qui fait le taf, c’est lui qui finit plus tôt quand il y a des rdv en soirée. Parfois il y a des oublis. Je ne gère pas. Je gère d’autres choses, d’autres rdv. Je ne vais pas en plus commencer à mettre mon nez dans ses tâches. Je sais que c’est difficile, j’étais comme toi avant, et puis j’ai dit stop. Hors de question que mon fils ne me voie que comme l’intendante du foyer. On a donc trouvé une solution qui marche POUR NOUS, mais je ne vais pas fustiger celles et ceux qui ne peuvent/ne veulent pas faire autrement.
Et encore moins les couples séparés… Coeur sur toi, je ne peux pas dire que je me rends compte du taf que ça représente, mais ton article en donne une bonne impression. Vous êtes des warriors, les mamans divorcées ! Et ça me donne justement encore plus envie de lâcher du lest, de laisser faire mon conjoint à son rythme, et comme il veut 🙂 Tu es une warrior, et tes filles ont un modèle de compétition. Tu n’as aucun conseil à recevoir, tu fais déjà tout comme toi tu le sens, comme tu le veux. C’est déjà parfait pour toi/vous/votre organisation familiale particulière. Une troisième fois, parce que c’est vrai : tu es une warrior. Tu fais du mieux que tu peux, et c’est déjà énorme. N’en doute jamais.
J’aimeAimé par 1 personne
Étant un lecteur irrégulier de ce blog, je suis tombé sur ce post, et je me permets d’y réagir pour nuancer le message et apporter un autre regard. Je reconnais que certaines mamans ont des vies particulièrement difficiles, surtout en solo et j’imagine que ce qui a été dit peut parler à certain(e), mais pour moi c’est assez terrible.
Quand ma femme, qui est très féministe et extrêmement bien informée, lit cet article elle revient remontée comme un coucou suisse, à me dire qu’elle a une charge énorme, que c’est épuisant pour elle. Elle échange avec ses amies qui lui confirme que c’est bien vrai, c’est très dur d’être une femme et une mère.
Je n’ai pas envie de consacrer 2 heures à écrire un message extrêmement détaillé de ma charge ou « explosion » mentale d’homme mais en bref voilà quelques pistes :
Gestion des appareils ménagers de la maison, réparation et remplacement en cas de panne, volets, chasse d’eau, lave vaisselle, aspirateur.
Travaux courants de la maison
Gestion financière du foyer, relation avec la banque, gestion des comptes, virement. Budgétisation à court terme pour les achats courants et à long terme sur les grosses dépenses possibles travaux/voiture. Stress de l’approvisionnement des comptes pour la semaine, le mois, l’année, la gestion des ressources, allocation des ressources.
Suivi, réglage et entretien de la chaudière et autres modes de chauffage, réapprovisionnement des granulés, stockage et rangement du bois de chauffage.
Entretien du jardin, surveillance des stocks de carburants pour tondeuse/débroussailleuse, huile, lame de coupe, fils à débroussailleuse, entretien et révision du matériel.
Sorties régulière des poubelles, gestion des stocks et rachat des produits d’entretien, sacs poubelles, serpillières,…
Surveillance des voitures, des révisions, de l’usure, pneus à changer, niveau à faire, garder du lave glace, en remettre avant la révision pour ne pas se faire arnaquer lors de la révision chez le garagiste, réfléchir régulièrement au remplacement du véhicule, à l’option énergétique à considérer. Nettoyage des voitures, lave auto et aspirateur.
Courses alimentaires, vérifier les stocks, avoir des produits frais régulièrement, pain. Je fais beaucoup plus les courses que ma conjointe.
Nettoyage en complément de la femme de ménage, poussière et toiles d’araignées.
Activité du mercredi des enfants.
Gestion des loisirs : habillement, matériel, partage de l’activité sur mon temps libre souvent sans la maman.
Participation au linge, lave vaisselle, cuisine.
Organisation conjointe des vacances, réservation hébergement, alimentation et restauration.
Participation à l’habillement des enfants, achat des vêtements, chaussures, surveillance de l’usure.
Participation aux rendez vous médicaux.
Et en faisant tout ça, j’ai aussi la gestion d’une entreprise, avec l’activité professionnelle la plus rémunératrice du foyer dont dépend notre (qualité de) vie. Je dois gérer le personnel, envisager l’avenir, manager une équipe. J’ai un métier avec des astreintes, des gardes dérangées, des nuits à se relever et travailler le lendemain. Que la maman n’a pas.
J’ai pris mon mercredi pour m’occuper des enfants et je déteste ca, j’ai juste l’impression de perdre mon temps.
Bref, j’en fais quand même pas mal, j’avoue ne suis pas parfait, je gère peu/pas le côté émotionnel du foyer, et tout un tas de choses que j’estime inutiles dans la longue liste du post initial.
Mais purée oser écrire « silence mental » pour les pères! Je suis toujours entrain de penser à quelque chose qui a un rapport au foyer! Et personnellement, le fait de lire de tel message me donne l’impression que les femmes se lancent dans une guerre des sexes ce qui génère chez moi un rejet complet des aspirations féministes.
Sachant que ma femme aligne son point de vue sur de tels post, ca me donne juste envie de plus rien faire et de me séparer, au final je serai mieux seul qu’avec une femme qui pense que je suis dans un silence mental…
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour,
Vous avez raison les hommes ne vivent pas dans un silence mental. Car en effet la nature a horreur du vide. Et si votre liste de tâches me laisse relativement circonspecte je vois bien pour partager ma vie avec un homme combien l’espace de sa tête est saturée de pensées et d’organisations, bien souvent professionnelles et sociales… (merci le capitalisme qui peut essorer les hommes au travail puisque madame les attend à la maison avec un bon petit plat). Mais notons une petite différence qui fait toute la différence, le caractère professionnel de cette charge mentale. Les hommes portent une charge mentale socialement reconnu là où on laisse aux femmes celles qui est négligeable voire honteuse, car franchement essayer de jeter dans un dîner « je gère une entreprise » ou « je gère un foyer », j’ai comme dans l’idée que l’effet produit sur votre interlocuteur ne sera pas le même…
Mais vous avez raison nous partageons « presque » la même charge mentale
J’aimeAimé par 1 personne
J’ajouterais également qu’au vu de votre liste, vous n’êtes pas vraiment, a priori, un papa « absent » dans la gestion des enfants/de la maison. Peut-être y a t il des échanges à initier avec votre compagne afin que chacun prenne conscience de la charge de l’autre, et éventuellement procéder à des rééquilibrages, ou de simples échanges de tâches parfois, pour que chacun retrouve de la sérénité et de l’empathie. Ce n’est pas toujours facile au quotidien, surtout qu’on a tendance à considérer que l’autre « devrait s’apercevoir tout seul » de ce que l’on fait, de ce qui ne nous convient pas, de ce qui nous manque… Sauf que ce qui est évident pour nous ne l’est pas pour l’autre (et ce n’est pas valable qu’avec le conjoint). Allez, courage à tous, on fait tous comme on peut, et la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! 😉
J’aimeJ’aime
Je vous rassure, c’est presque la même chose ici (quoique, c’est mon boulot qui empiète sur les week-ends, pas le sien), et je le vois/le reconnais 🙂 Très souvent on se retrouve coincé dans ses propres tâches, sans pouvoir constater ce que fait l’autre. Et souvent, même si on ne fait pas les mêmes choses, on se rend compte que l’autre fait énormément. Mention spéciale à la gestion du budget des achats (très) long terme, c’est aussi mon conjoint qui s’en occupe (et le stress lié aux prêts/remboursements/factures à payer/etc.). Ca prend un temps et une énergie assez ouf, et je suis bien contente de ne pas avoir à gérer ça.
Dans le cas d’une famille monoparentale, j’imagine que ça devient très compliqué, donc je comprends aussi un peu l’article ; on doit forcément être obligée de faire certaines choses qu’on ne faisait pas avant, et là, oui, ça doit faire beaucoup !
J’aimeAimé par 1 personne
Happynaiss, il me semble (au-delà de la question du partage, ou non-partage des taches ) que vous vous imposez peut-être trop de choses, aussi…
Personne n’attend de personne (à part peut-être soi-même, chez certains ?)un tel degré de perfection. L’intention est louable, mais ça semble épuisant.
Ici, on a lâché beaucoup de lest. Les enfants n’ont pas forcément beaucoup de stages et activités extrascolaires, qui peuvent se transformer insidieusement en une course à la performance censée rassurer les parents.
Les crêpes à 23h, ça devient vraiment too much. On peut aussi passer acheter un pain au chocolat le matin de temps en temps, il n’y a rien de dramatique ! Les fringues trop petites partent toutes au même endroit (= au secours populaire). J’ai laissé tomber Vinted pour les ventes. Tant pis, ça fait des sous en moins. Tant pis. De toutes façons, je ne cautionnais plus ce système.
Les anniversaires, parfois c’est oui, parfois c’est non.
Quand on est trop h.s, à la maison, on ralentit bien sur la vie sociale, qui est très sympa mais prenante aussi. Plutôt un bouquin et au lit. Les gens comprennent.
Il faut être un peu plus cool avec soi-même…
Courage à vous. J’ai toujours plaisir à lire vos posts.
J’aimeJ’aime
Tellement juste….comme toujours, ça me parle vraiment….comme souvent. Tu parles de l’héritage laissé à tes filles. Moi j’ai un garçon, TDAHPI qui plus est. Et moi aussi, je me demande ce que je lui laisse de tout ça…
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Je lis ton blog depuis quelques années et ne suis pas toujours d’accord avec toi 😉 mais je trouve ton écriture et ton analyse très intéressantes….
En même temps j’ai 45 ans, suis séparée depuis 13 ans et n’ai eu qu’une fille (qui a maintenant 19 ans), sans « gros » (sinon il y en en a toujours) problèmes scolaires, ni RGO, ni d’endormissement.
Je suis d’accord sur la charge, voir l’explosion mentale qui pèse (très très généralement) sur la femme surtout quand elle se sépare .
Seulement je pense que c’est justement à nous d’apprendre à nos enfants (des 2 sexes bien sûr :-)) le partage de cette charge, et le fait que tout ne se passe pas toujours comme prévu.
Et c’est par le vécu qu’on montre le chemin à la nouvelle génération : la fameuse maxime « fais ce que je dis, pas ce que je fais » ne marche jamais bien longtemps.
Si tu gardes toute la charge (je pense aussi à la financière) même contre ton gré : tu donnes le même modèle à tes filles qui le reproduiront.
Ne pas tout bien faire, tout le temps est aussi bénéfique pour les enfants : « maman (et/ou papa) n’est pas parfait, elle (il) a oublié, elle (il) est trop fatigué, elle (il) n’a pas assez d’argent….en gros comme les enfants, les parents ne sont pas parfaits, comme tous les gens (profs, amies, famille) ne le sont pas, ça n’est parfois pas agréable mais tant qu’il n’y a pas de mise en danger.
Je sais que ce n’est pas facile de « lâcher du lest » mais ne garde que le + important pour toi et tes filles….. et tout ne l’ai pas 😉
J’ai un souvenir qui m’a marqué longtemps : ma fille adorait les chevaux et voulait absolument en faire. Mes finances (et le papa mettait 6 mois à payer quoi que ce soit) ne me l’ont jamais permis, donc tous les ans pendant des années j’ai du lui dire que ce n’était pas possible (sauf quelques heures pour son anniv ou occasion exceptionnelle) . Par contre nous avons pu partir en vacances (des 2 c’était le + important pour moi) et changer d’air. Pdt des année, je m’en suis voulue de ne pas avoir pu lui offrir ça. Autant te dire qu’à ce jour ma fille a toujours des souvenirs de nos vacances, de nos galères gastronomiques et autres -je suis une piètre cuisinière et ça me permet de lui donner confiance en elle : « oh oui tu cuisines vraiment mieux que moi, ma biche » quand on plaisante sur le sujet.
Selon moi, donner confiance en ces enfants , c’est leur montrer qu’on est faillible, donner confiance au monde à ces enfants c’est leur montrer que le monde est faillible et vilain mais aussi beau, intéressant, enthousiasmant, généreux.
Et n’oublie jamais que + tu stresses + tu les stresses (je sais facile à dire, difficile à faire).
Bon courage dans ta « nouvelle vie »
J’aimeJ’aime