Etre mère... et tout le reste !

BAZAR : mais comment font-elles ? (#desperatehousewife)

MAIS COMMENT FONT-ELLES ?

Hier soir, j’ai rangé la maison du sol au plafond.

Comme chaque soir.

En ce milieu d’après-midi, il y a du bordel du sol au plafond.

Comme chaque jour.

 

MAIS COMMENT FONT-ELLES ?

Il y a le tiroir de playmobils renversé et mélangé au tiroir des animaux en plastique et à celui des cubes en bois.

Il y a les pièces de la caisse enregistreuse et les fruits en bois entassés dans les cubes qui sont supposés servir à faire une tour.

Il y a des feuilles de papier toilette soigneusement découpées sur chaque marche de l’escalier et un petit point en feutre sur chaque feuille. #wtf

Il y a le pot des toilettes de l’étage sous la table basse du salon au rez-de chaussée.

Il y a des vêtements de poupées dans mes sacs de course dans l’entrée mélangés aux étiquettes fruits & légumes plastifiées que je leur ai faites. (#montessorimyass)

Il y a les pièces d’un puzzle éparpillées sous le meuble télé. Je rectifie, les pièces mélangées de 3 puzzles.

Il y a le matelas d’appoint de leur chambre au milieu du salon, surmonté de 3 petites chaises alignées l’une à côté de l’autre, et sur chaque chaise une paire de chaussure. #wtf2

Il y a les cartes des jeux de 7 familles mélangées à celles de Misticat dispersées sur (et sous) le tapis du salon, à croire qu’elles les ont jetées en l’air comme des confettis. (On me dit dans l’oreillette que c’est le cas).

Il y a 17 peluches sur une couverture en train de boire le thé sous ma table de salle à manger.

Il y a des saucisses en pates à modeler alignées sur tout le tour de la table de la salle de jeux et des milliers de boulettes de pâtes à modelé séchées en dessous.

Il y a les deux étagères du bas de ma bibliothèque mises à sac alors que j’avais classé les livres par genre et par auteur, parce qu’elles ont joué à la librairie.

Il y a les lettres magnétiques cursives qui saupoudrent le sol de leur chambre, et la boite sensé les contenir qui pleure dans un coin tandis que la Fusée y met ses fesses.

Il y a leurs verres qui roulent à droite à gauche partout dans la maison, leurs bavettes qui servent de couverture aux poupées et leurs couverts disposées sur les étagères de ma bilibothèque saccagée, parce que à la librairie on peut manger des cookies à emporter AUSSI.

Il y a les piles de vêtements de la Carrousel qui semblent avoir été retournées par un sanglier, au gré de l’impérieux besoin qu’elle éprouve de se changer au cours de la journée afin que sa tenue corresponde à son humeur.

Il y a mes paniers de linge sales vidés et retournés par terre en guise de cheval à bascule et leur cheval à bascule en bois qui a la tête dans mes orchidés car « on dit qu’il est à l’écurie en train de boire ».

enfant-bazar-2

Il y a l’arrosoir pour mes plantes posé sur la cuvette des toilettes, le balais à chiotte dans le lave-main, l’essuie-main dans le porte-revue et les revues par terre, bien-sur.

Il y a leur lecteur CD branché à la place de mon lampadaire design en cuivre, leurs CD mélangés sur le canapé et leurs comptines qui pourrissent le flow de ma playlist Deezer.

Il y a des bouteilles sensorielles qui roulent dans les coins, des bouquins étalés sur le sol, mes foulards enroulés autour des poignée du buffet de salle à manger comme des guirlandes, des lingettes lavables accrochées sur mes rideaux avec des pinces à linge, les  boutons fantaisies de ma boite à coutures enfilés sur une ficelle de cuisine ou un bout de baker twine que j’ai laissé trainé, le tapis du twister en toit de cabane sur mon étendoir à linge pour faire un garage à véhicules….

enfant-bazaz

MAIS COMMENT FONT ELLES ?!

Sont-ce des diablotines aux pouvoirs de Super Héroïnes du Bordel que j’ai engendrées?

 

Il y a moi qui range, qui ramasse, qui trie, qui me baisse et me relève, qui passe l’aspirateur, qui replace, qui repose, qui remet de l’ordre mille fois par jour. Chaque jour les mêmes gestes, inlassablement ou plutôt très lassée.

Il y a moi qui demande de l’aide, qui réparti les tâches, qui encourage les efforts.

Il y a moi qui râle, qui peste, qui fulmine, qui pète un câble, qui me décourage.

Il y a moi qui rigole, qui lâche l’affaire, qui jette le linge en l’air pour les fait rire, qui filme le desastre.

(Dommage que j’ai cassé mon téléphone avec toutes les photos de bordel prises ces dernières semaines…. j’aurai apporté les preuves de leurs méfaits. Mais si vous êtes très sages je vous partagerai peut-être une vidéo sur ma page  FB…).

 

Il y a moi qui, tout au fond, se réjoui de les savoir si libres.

 

Bien-sûr je pourrais être derrière elles, répéter qu’on range quelque chose avant de sortir autre chose, stoper leurs élans imaginatifs, ramasser au fur et à mesure quitte à m’imiscer dans les histoires qu’elles construisent, exiger que certaines choses soient intouchables ou immuables (il y en a, mais peu) et que de ma bouche sortent plus de consignes et de directives.

Je pourrais, mais non.

Je sais que leur sentiment de liberté et leur créativité est décuplée par cet accès qu’elles ont à de vrais objets et non pas seulement des jouets, à la possibilité de détourner l’utilité de tout, à investir divers espaces sans être sans cesse limitées ou dirigées par des règles, des interdits ou des interventions de ma part. Une grande part de mon boulot de maman au foyer consiste en ce moment à NE PAS intervenir de leurs jeux (sauf danger) en dépit de ce que cela me demande parfois comme lâcher prise, afin de ne pas les sortir de la bulle dans laquelle elles sont plongées.

J’ai grandis dans une maison où l’ordre et la propreté passaient en priorité et j’en ai conçu une grande frilosité à expérimenter, à découvrir, à explorer … à vivre. Je ne veux pas ça pour elles – même si je n’ai AUCUN doute sur le fait qu’elles auront pleins d’autres choses à me reprocher.

Parfois, souvent, j’en ai marre que ma maison ne ressemble à rien et que mes gestent se repètent à l’infini sans résultat visible ; mais je ne voudrais rien leur enlever de cette libérté d’inventer, de jouer et de vivre si précieuses. 

 

PS : Mais quand même vous comprenez hein, à la lecture de ce billet, que j’en ai vraiment marre de ce bordel perpetuel par moment ???? Que le Dieu de la femme au foyer me vienne en aide et me donne la force de tolérer ce qui ne peut pas être rangé. Amen (moi une corde).

Publicité