Accompagner son enfant en conscience

5 idées pour jouer en famille !

La semaine dernière, je disais à une amie qu’il ne m’est pas forcément naturel et facile de jouer avec Bébé Carrousel ; j’ai souvent l’impression de perdre mon temps, j’ai du mal à m’y consacrer pleinement, ma tête reste souvent ailleurs (généralement, dans les mails que j’ai oublié d’envoyer au boulot ou dans la lessive qu’il me reste à lancer). Et puis, je l’avoue avec honte, je m’ennuie un peu ! Bon, certes on peut comprendre qu’un adulte normalement constitué ne s’éclate pas pendant trois heures à monter des tours de cubes. Mais quand même , je me dis que ce devrait être un plaisir de passer ces bons moments avec ma fille !

Alors j’ai commandé ce livre, parce que j’ai déjà lu un autre ouvrage de Catherine Dumonteil Kremer que j’avais apprécie (Poser des limites à son enfant et les respecter) :

catherine dumonteil kremer jeux enfants

J’y ai trouvé un tas d’idées pour utiliser le jeu comme vecteur d’harmonie familiale, pour dénouer les tensions, pour renforcer le lien avec son enfant, pour donner du temps de qualité, pour digérer des moments difficiles… Le jeu est vraiment une ressource à part entière dans l’éducation et cette piste est souvent évoquée dans les autres ouvrages de parentalité positive, mais en surface. Avec ce livre, j’ai pu creuser le sujet plus en profondeur et avoir des pistes concrètes !

Aussi, je vous propose 5 idées de jeux tirées de « Jouons ensemble…autrement » à explorer dans diverses situations.

  1. Évacuer les tensions : le karaté-chaussettes (et autres jeux de chahut)

Catherine Dumonteil Kremer nous explique que les jeux de chahut sont un excellent moyen de rapprocher les membres d’une famille, de renouer le contact physique et de libérer les tensions qui s’accumulent. C’est bénéfiques autant pour les enfants que les adultes, il faut simplement que nous acceptions de sortir du rôle « sérieux » que l’on pense qu’il nous incombe de tenir.

Les jeux de chahut doivent permettre d’explorer l’agressivité que chacun porte en soi dans un cadre sécurisé : il ne doit pas être possible de se faire mal, l’adulte doit opposer une résistance suffisante mais finir par laisser l’enfant l’emporter et, bien-sûr, il faut s’arrêter dès que l’enfant le demande.

Le karaté-chaussettes, nom inventé par la fille de l’auteur, m’a donné envie d’y jouer sur le champ : on s’installe sur un tapis ou un matelas au sol et le but est d’enlever les chaussettes des autres membres de la famille tout en gardant les siennes. Décharge d’énergie, rire et moment de plaisir assuré !

Plus classiquement, ça peut être une bataille de polochon dans toute la maison (à condition d’utiliser des petit coussins léger), jouer à se faire tomber, bras de fer, etc…

Attention cependant aux chatouilles, qui doivent être utilisées avec parcimonie : même si l’enfant rit, sa respiration est coupée donc il peut difficilement demander d’arrêter et la situation devient vite inconfortable, car il n’a pas le contrôle.

  1. Poser les limites et faire accepter les règles : Rire, exagération et chutes

J’ai beaucoup aimé l’expression de l’auteur : le rire est le plus court chemin entre le parent et l’enfant.

Il peut y avoir beaucoup de règles et de contraintes à formuler au quotidien avec de jeunes enfants, et elles demandent à être répétées de nombreuses fois. Souvent, le parent se met en « pilote automatique » et donne les consignes comme un vieux disque rayé (et là j’ai l’impression d’avoir 60 ans puisque plus personne ne parle de disques mais j’aime bien cette expression). De son côté, l’enfant ne les entend même plus ou peut, comme n’importe quel humain, se montrer réfractaire face à des ordres un peu péremptoires (qui aime être forcé à faire quoi que ce soit ?). C’est donc contreproductif et désagréable pour tout le monde :

Catherine Dumonteil Kremer recommande d’user et d’abuser du rire pour faire passer plus efficacement nos demandes en rendant nos enfants réceptifs: se mettre à chanter des consignes, dire non à une demande en prenant des voix bizarres, suraigües, ou théâtrales, dire des choses totalement farfelues (« Si je dois encore une fois rentrer dans cette chambre en bazar, je me verse ce verre d’eau sur la tête ! »), tomber raide au pied de son enfant en poussant un cri de détresse complètement exagéré : « Noooooooon ne fais pas ça je t’en supplie ! »…

Ça vaut le coup d’essayer, il n’y a qu’une partie de rire à gagner 😉

  1. Digérer une situation difficile : l’inversion des rôles

Il n’est pas toujours facile pour les enfants de mettre des mots sur les situations difficiles qu’ils vivent. Même en dehors de moments conflictuels, ils racontent rarement leur journée d’école par exemple. Parfois, ils accumulent des tensions et des peurs dans des situations qui les dépassent et qu’ils ne maitrisent pas. Cela peut les concerner directement (le RDV chez le docteur ou le dentiste, la peur des animaux, l’angoisse ressentie en entendant ses parents se disputer, etc) ou être des événements extérieurs qui les ont interpellé (voire une amie se faire disputer par sa maman, entendre quelque chose aux infos, par exemple).

Dans ces cas là, le jeu symbolique est très salvateur : ce sont tous les jeux où « on fait comme si ».

Avec les plus petits, c’est le parent qui peut « faire comme si » sur des poupées ou des peluches, pour rejouer les scènes et permettre à l’enfant de les digérer. Je fais souvent cela avec Bébé Carrousel en ce moment : j’emmène son bébé chez le docteur (l’une des grandes angoisses de bébé Carrousel depuis son hospitalisation), je lui mouche le nez et lui change la couche (activités qui déclenchent en ce moment beaucoup d’énervement chez elle)…Je lui propose de le faire elle aussi et c’est comme ça qu’elle a passé son après-midi dimanche dernier à faire souffler ce pauvre bébé dans un coton…

Avec les plus grands, l’inversion de rôle peut être très efficace : par exemple, la maman joue le rôle de sa fille et la petite fille joue le rôle du docteur après un rendez-vous difficile. La petite peut ainsi rejouer le côté menaçant du docteur comme elle l’a ressenti et reprendre le contrôle de la situation. En voiture par exemple, on peut proposer que les enfants jouent à être les parents et vice-versa : on se rend alors compte à quel point les enfants peuvent se sentir impuissants face aux ordres, aux frustrations, à leurs propres limites et aux choses qu’on leur impose. Les parents quand à eux peuvent exagérer le côté plaintif des enfants : « Mamaaaaaaaaan on arrive quand ?? », etc. On rit tous ensemble de voir ce portrait un peu exagéré et en même temps c’est l’occasion de se mettre dans les baskets des autres membres de la famille.

  1. Remplir le réservoir d’amour avec du temps de qualité : le jeu-écoute

    Dans ses livres, Isabelle Filliozat explique souvent que nous avons tous un réservoir d’amour qui, lorsqu’il est plein ou suffisamment rempli, nous permet de vivre au quotidien et d’affronter les difficultés en toute autonomie et de façon sereine. Mais ce réservoir peut se vider, soit très progressivement au gré de petites difficultés ou de moments de solitude, ou d’un seul coup lorsqu’on vit un épisodes difficiles, effrayants, de rejets, etc. Et dans ces moments là, tout peut nous faire exploser ou réagir impulsivement. Je trouve intéressant d’avoir cela en tête concernant ses enfants, mais aussi concernant soi-même en tant que parents : il est important de prendre soin de soi, au sens de respecter ses propres désirs et limites, de s’accorder un temps de pause de temps en temps pour souffler, pour remplir notre réservoir et pouvoir être de « meilleurs » parents ! Quand on sent que nos enfants nous exaspèrent, que l’on réagit au quart de tour, que les cris fusent… il faut peut-être aussi se demander ce que l’on peut faire pour aller mieux soi-même, pour retrouver un peu de bien-être et nos capacités à être les parents que nous voulons être.

    C’est l’amour et les témoignages d’amour des parents qui remplissent le réservoir d’un enfant ; lorsque son réservoir est vide, il va avoir tendance à adopter des comportements inappropriés, à multiplier les crises, à exploser de rage, etc… sans que les réelles raisons soient bien interprétées par les parents.

    Pour cette raison, il est important de prendre le temps de remplir le réservoir de ses enfants tous les jours, avec des moments de qualité, d’amour, de contacts… et de jeux !

    Les jeux proposés dans le livre de Catherine Dumonteil Kremer permettent tous de donner ce temps de qualité à l’enfant, mais j’aime particulièrement le jeu-écoute qui a l’avantage de redonner un peu de pouvoir à l’enfant (qui est, somme toute, énormément dépendant et tributaire de ses parents pour beaucoup de choses!), de renforcer la confiance entre parent et enfant et de donner de l’attention concentrée.

    L’idée est de définir un temps précis (par exemple 15 minutes), que l’on peut matérialiser par un minuteur, pendant lequel le parent fait tout ce que l’enfant souhaite faire avec lui. Généralement, après un petit temps où l’enfant va proposer délibérément des activités que vous n’aimez pas pour vérifier que vous respectez bien la règle, il va proposer les activités qui correspondent à ses besoins du moment, selon les tensions qu’il vit à l’extérieur, à l’école ou à la crèche par exemple. On met parfois à jour des tensions profondes et les enfants pleurent après avoir ri, mais ces pleurs sont libérateurs, ils marquent le retour au calme.

  2. Sortir de la compétition : les chaises musicales en version coopérative

J’ai beaucoup aimé ce chapitre sur la compétition et la façon elle insécurise les relations entre les participants. Personnellement, je n’ai pas spécialement envie d’encourager l’esprit de compétition de bébé Carrousel ; pour ma part, je me suis toujours comparée aux autres, j’ai toujours voulue être la 1ere de la classe quitte à me rendre malade pour 0,5 points, je n’étais jamais satisfaite de ma note si ce n’était pas la plus haute de la classe, même quand elle était excellente. Un jour j’ai pleuré parce que j’avais eu 18/20 alors que d’autres avaient réussi à avoir 20/20. Apprendre pour le plaisir de comprendre, finalement ça ne n’a jamais trop éffleurée pendant ma scolarité. Je n’ai pas fait certaines activités extra-scolaires parce que j’avais trop peur d’échouer, et je garde un souvenir vraiment difficile des cours de sports où j’étais souvent choisie en dernier pour les jeux de ballon. C’est simple j’avais même trop peur d’essayer, je ne pouvais pas m’améliorer. Je me vois encore demander aux gens de mon équipe au basket de ne surtout pas me passer la balle, sauf en dernier recours, parce que je préférais ne rien faire que de faire quelque chose d’un peu moyen. Encore aujourd’hui, c’est difficile de ne pas se comparer, de lutter contre cette envie de faire mieux que les autres pour tout. Je travaille la-dessus, je ferme mes yeux et mes oreilles quand je sens monter cette sensation de « il/elle s’en sort mieux que moi pour ceci ou cela… », de me concentrer sur tout ce que j’ai de positif dans ma vie à moi.

Bref, tout ça pour dire que je pense que notre société valorise suffisament la compétition pour qu’il n’y ait pas besoin d’en rajouter à la maison avec nos enfants. Leur montrer que le plaisir est de partager un moment ensemble, de s’amuser, d’apprendre des choses, et non de gagner. Et surtout de leur montrer qu’on les aime qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, au jeux ou dans la vie…

Du coup, j’ai beaucoup aimé toutes les propositions de jeux coopératifs du livre, notamment celle de la chaise musicale.

Dans cette version des chaises musicales, on place également une chaise de moins que le nombre de participants, mais le but est de réussir à tous s’asseoir ou au moins à ne plus avoir les pieds au sol quand l’animateur tape dans les mains ou arrête la musique. On enlève une chaise à chaque tour, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une seule et que tout le groupe se débrouille pour s’y jucher. Il n’y a donc pas d’élimination, juste du rire et la possibilité de voir des stratégie de coopération se développer entre les participants.

C’est vrai, pourquoi la plupart des jeux sont ils centrés sur gagner ou perdre, alors qu’on peut s’amuser d’autant plus si on a tous le même objectif ! Les jeux coopératifs favorisent la convivialité, l’entraide et éliminent l’insécurité due à la compétition.

5 réflexions au sujet de « 5 idées pour jouer en famille ! »

  1. Kikou,
    Quel âge a Bébé Carrousel déjà ? Je te demande cela, parce que ma fille a 3 ans, et j’aime bien personnaliser des histoires avec elle sur des applications telles que https://itunes.apple.com/fr/app/badabim-dessins-animes-coloriage/id896181207?l=fr&ls=1&mt=8 ! Je ne sais pas si on peut dire que c’est du « jeu » à proprement parler, mais ce qui est certain, c’est que c’est une activité amusante qui nous fait toujours rire ! Je te remercie pour les idées que tu as partagées. Je trouve le karaté-chaussettes particulièrement intéressant. 😀

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  2. coucou
    Encore là a te lire 🙂
    En fait j’ai même pas fini de lire cet article, je me suis précipiter dans une séance de karaté chaussette 😉 Fou rire garanti ! Ma fille de 30 mois à adorer ! Elle a du mal a comprendre que si ces pieds traine près de moi je vais les lui enlever mais j’ai jouer a tirer doucement les bouts des siennes pendant qu’elle arracher littéralement les miennes ! (prévoir des chaussettes aux quel on tien pas trop ^^)
    Malgré le 39 degrés dehors cette bataille nous a fait du bien à toutes les deux !
    ça nous a détendu et permis d’enchainer sur d’autres jeux rigolo. Et soudainement elle a pris sa caisse de légo et c’est mise a jouer tranquillement pendant que je vaquais a mes occupations !
    Petite sœur de 5 mois et demi a beaucoup aimer nous entendre rire malgré quelques inquiétudes suite a quelques cris pousser par grande sœur et des faux au secours de ma part. vite rassurer par nos sourires et nos coucou gaga 😉
    Un super jeux a faire ! et un article a finir ^^

    Aimé par 1 personne

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