A hell of a day…
Mercredi, journée en tête à tête avec Mademoiselle Carrousel. La chaleur nous écrase depuis quelques jours, un vrai bonheur quand on a 11 kg de bidoche à porter au quotidien à la force d’un périnée défaillant. Dans notre petit F3, à côté de mon ventilateur qui souffle sur une bouteille d’eau gelée (clim2.0), le thermomètre affiche un indécent 30,2° alors que je me lève à 5h tous les matins pour tenter de faire un courant d’air frais dans l’appartement. Je prévois donc un programme qui se veut rafraichissant ; quelques courses dans un centre commercial climatisé (avec choix d’un petit doudou pour la petite sœur par la grande sœur) et un petit tour à la piscine de la ville voisine, pour le plus grand bonheur de Mademoiselle Carrousel qui a découvert il y a peu aux bébés nageurs qu’on pouvait se mettre la tête sous l’eau sans danger (et que même c’était rigolo).
Je me réveille avec une barre dans le crâne, le genre de barre qui te fait dire que la journée va être longue, très longue. Ça doit être la chaleur, ou peut-être le bruit du ventilateur qui a tourné toute la nuit ? J’ai espoir qu’avec un bon petit déjeuner ça aille mieux ; c’était oublier que ledit petit-déjeuner était pris aux côtés d’une enfant de 2 ans qui a tellement de choses à raconter que sa bouche ne suit pas le rythme de ses pensées (vous voyez ce que je veux dire, quand les enfants bugent et se répètent en boucle tellement ils veulent dire de choses mais ça ne sort pas ?). Papa Ours râle sur la poubelle (comme d’hab) et toutes mes forces sont mobilisées pour ne pas lui dire de dégager, lui, son sac poubelle et sa mauvaise humeur. Ça va bien se passer, courage, où sont les doliprane ?
Le centre commercial n’est pas climatisé et Mademoiselle Carrousel a envie de pipi quand nous sommes à l’opposé des toilettes (« vite vite maman ! »). Je ne trouve pas ce dont j’ai besoin, Mademoiselle Carrousel voudrait jouer avec le contenu de toute la boutique et acheter 13 doudous pour sa petite sœur. Je suis nauséeuse, je me dis qu’il faut qu’on rentre vite manger … car après manger, il y a la SIESTE, cette magnifique invention de la nature destinée à sauver la santé mentale des parents. Devant notre assiette de risotto, ça pulse dans ma tête mais je me raccroche à la perspective de la sieste.
Et là, pour une raison qui m’échappe (probablement l’alignement des planètes) et alors qu’elle s’endormait dans la voiture une demi-heure avant, Mademoiselle Carrousel ne veut pas faire la sieste, elle n’est pas fatiguée. Le truc qui n’arrive plus depuis longtemps. Le truc qui n’arrive strictement jamais à la crèche où elle sieste 3 heures tous les jours après manger. Le truc qui ne pouvait pas arriver ce jour-là, parce que je n’étais vraiment pas en mesure de gérer. Je la berce, je chante, je m’épuise, je transpire. Je m’énerve un peu… puis je craque. Je m’énerve beaucoup, je dis des choses que je ne devrais pas, je claque la porte et je finis en pleurs dans ma chambre. J’ai tellement mal à la tête que je me sens incapable de faire face, c’était un besoin VITAL cette sieste aujourd’hui. Mademoiselle Carrousel me réconforte, me fait un câlin, me dit « ça va, ça va, pleure pas maman ». En plus d’avoir la tête dans un étau, j’ai le cœur en miettes et la jauge de culpabilité au max.
Je finis par me reprendre, je n’ai pas le choix, elle a le droit de ne pas être fatiguée, je ne peux pas m’écouter comme ça. Je ne veux pas gâcher encore plus notre journée et je me dis que mes maux de tête s’apaiseront peut-être si j’ai moins chaud ; alors on part à la piscine. Embouteillage, parking sardine, manœuvre déléguée à un mec qui passait par là, queue de 30m devant l’entrée en plein cagnard (0 compassion des autres usagers pour mon cas), vestiaires qui puent des pieds, piscine prise d’assaut, enfants qui hurlent dans mes oreilles. Ma fille s’amuse, elle a moins chaud, moi aussi, je me dis que c’est le principal. Mais ma tête est au bord de l’explosion avec le brouhaha ; je lutte, je lutte… Dans la voiture au retour elle s’endort, je la porte dans son lit et je m’écroule enfin sur le canapé.
Je me réveille 2h après, encore plus douloureuse, frissonnante et nauséeuse. Je bois, je me dis que je suis peut-être un peu déshydratée. Il est 18h, il faudrait que je réveille ma fille, sinon ce soir elle ne va plus dormir. Mais je n’en ai pas la force, j’appelle papa Ours au secours : rentre vite, je suis tellement mal que j’ai peur de rester seule avec la petite. Quand il rentre, je m’écroule, je tremble de partout, j’ai mal jusque derrière les yeux que j’ai du mal à ouvrir. Je finis par prendre ma température et j’ai plus de 39°. Papa Ours dit qu’il faut aller aux urgences et je pleurerais à la perspective de devoir m’y rendre, de devoir bouger d’un centimètre, de devoir parler. Je ne veux pas imposer un passage aux urgences à Mademoiselle Carrousel mais je ne peux pas conduire ; alors Papa Ours m’y dépose seulement et je rentrerai en taxi. Mademoiselle Carrousel, en pleurs, hurle qu’elle veut rester avec moi ; je laisse Papa Ours gérer.
Comme ma tension est bonne, la pré-éclampsie est écartée. On m’explique que l’on va faire une série de test permettant d’établir s’il y a une infection et qu’elle en est la cause. Dans ma tête, ça défile : toxo, listeria, strepto, CMV, infection urinaire ? On m’explique que ça va prendre quelques temps et qu’on ne peut pas me laisser repartir comme ça ; il faut en même temps s’assurer que bébé sœur supporte tout cela. Alors je ne rentre pas chez moi, je ne serai pas là au réveil de ma petite Carrousel comme je lui ai promis ?
Je vous rassure, tout ceci se termine bien ; après 3 jours d’hospitalisation, toute une série de tests revenus négatifs et des monitorings rassurants, la conclusion est qu’il s’agissait surement d’un virus « classique » rapporté par Melle Carrousel de la crèche ! Merci beaucoup pour vos gentils messages et bonnes ondes !
Cette longue introduction en mode « vie ma vie », d’une part pour vous donner de nos nouvelles mais avant tout pour rebondir sur certaines réactions que j’ai reçu vis-à-vis de mon dernier article sur les soins pratiqués sur le bébé en salle de naissance. En effet, même si c’est loin d’être la majorité des commentaires, j’ai lu une ou deux fois que je « remettais en question la bonne foi des équipes » et « méprisais le corps médical et les sages-femmes ». Cette dernière allégation m’a particulièrement heurtée, tant elle est à mille lieux de la vérité, de sorte que je me dis aujourd’hui qu’il est nécessaire que je revienne sur certains points. Et tout ceci est d’autant plus accentué que je viens de passer plusieurs jours en milieu hospitalier.
Sage-femmes, merci
C’était l’un de mes tout premier article sur ce blog, quand il était un « blog de maman » et pas encore un blog axé sur la parentalité positive et la naissance respectée ; j’avais été subjuguée par le suivi de grossesse réalisé par ma sage-femme (après 10 ans de suivi gynécologique classique à me faire parfois malmener en pensant que c’était normal) et je partageais avec vous combien je trouvais leur approche différente de la plupart des gynécologues, combien je m’étais sentie écoutée et respectée, considérée.
Cet enthousiasme pour l’approche des sage-femmes ne m’a pas quittée depuis ; la majorité de celles à qui j’ai eu à faire s’est toujours montrée douce, respectueuse, encline à m’expliquer les gestes, passionnée, etc. J’ai donc décidé de me remettre à une sage-femme également en dehors de la grossesse, notamment pour ma contraception, mon frotti… Entre ces deux grossesses, vous le savez, j’ai appris beaucoup sur la physiologie de la naissance, sur ce qu’est un accouchement physiologique et cela a renforcé ma conviction que c’est entièrement et uniquement le ressort des sages-femmes de veiller au bon déroulement de l’accouchement physiologique, que l’obstétrique ne devrait être présente qu’en cas de complications et que c’est une honte que leur travail ne soit pas davantage reconnu et mis en avant. Et puis, avec mon projet d’accouchement à domicile, j’ai découvert l’ampleur de l’engagement de certaines sage-femmes dans ce combat, qui vont jusqu’à se mettre personnellement et financièrement en « danger » pour donner aux femmes qui le souhaitent la chance d’avoir le choix d’accoucher comme elles le souhaitent. Je trouve cet engagement incroyable et je ne pense pas que j’en serai personnellement capable. J’ai un profond respect pour le métier de sage-femme ; c’est parce que j’ai une grande confiance dans le professionnalisme, l‘expérience, les connaissances et la technicité de ma sage-femme AAD que je me sens en confiance pour envisager d’accoucher chez moi. Savoir qu’elle a veillé à tout pendant la grossesse et qu’elle observera, discrètement mais avec une vigilance de tous les instants, mon travail le jour J, c’est ce qui fait que moi je me sens capable de le faire, que je me sens capable de dire « si tout va bien, laissez-moi faire, je n’ai besoin de personne ». Je suis convaincue que je n’ai besoin de personne si tout va bien, mais je suis convaincue que JE ne suis pas capable de savoir avec certitude si tout va bien et que ce n’est pas mon rôle. Attention, je parle pour moi et je ne veux pas que celles qui envisagent un accouchement non assisté se sentent remises en cause par mes propos. Pour me sentir moi en sécurité, j’ai besoin de savoir que nous serons 2 ; moi qui « sait » dans mon corps, et ma sage-femme qui sait dans sa tête.
Le droit de choisir pour SOI
Je ne suis pas médecin. Je pense que pour ceux qui me lisent régulièrement, ce n’est pas un scoop. (Non, vous savez que mon boulot à moi est un truc de bureau parfaitement chiant qui implique des tableaux Excel, des compte-rendu de réunion et des présentations Powerpoint dont tout le monde se fout). Je pense que personne ne vient sur Happynaiss pour réviser ses examens de médecine ni pour poser un diagnostic sur son enfant malade. Je ne prétends donc pas être ce que je ne suis pas. Je suis une maman, une maman qui essaye de beaucoup s’informer et qui a à cœur de diffuser, ça « s’arrête » là. Mais est-ce pour autant que je n’ai pas mon mot à dire sur les soins qui sont pratiqués pendant la grossesse et l’accouchement, que je ne suis pas capable de construire un point de vue éclairé sur la question, que je ne peux pas questionner certaines pratiques, sous prétexte que je ne suis pas médecin ? Et ce d’autant plus que je prends toujours bien soin de préciser que mon point de vue porte sur la grossesse et l’accouchement dès lors qu’ils ne sont pas pathologiques ! Puisque c’est ça, et uniquement cela, que je « dénonce » : la systématisation de certains gestes et de certaines pratiques, réservées au départ à des pathologies bien précises, qu’on applique à toutes les grossesses et à tous les bébés ! Et en filigrane, ce faux sentiment de sécurité que l’on donne aux parents, en leur laissant croire que le risque 0 est possible, sans les informer que la médicalisation a aussi des conséquences et qu’elle peut entrainer des complications qui n’auraient pas eu lieu sans intervention.
Bien évidemment, je ne suis pas qualifiée pour poser un diagnostic, pour soigner, pour déceler une pathologie, pour connaitre les tenants et les aboutissants de chaque procédure ou chaque geste ; ce n’est pas mon rôle ! Mais en tant que « simple » patient / parent, ce que l’on ressent vis-à-vis de la façon dont nous sommes soignés ou prises en charge dit quelque chose des pratiques et ce quelque chose mérite d’être écouté. Et puis à l’heure actuelle, nous pouvons, sans être médecins, avoir accès à des informations, à des études, aux pratiques qui se font à l’étranger… Ceci dans le but d’être davantage acteurs de notre santé et moins dans cette position attentiste où nous nous trouvons classiquement, entièrement pris en charge. Il ne s’agit pas de prétendre savoir mieux que les médecins, mais simplement de revendiquer notre droit, en tant que patient, à l’information et a la prise de décision éclairée, en collaboration avec les médecins (loi Kouchner). C’est aussi ce que je cherche à diffuser : nous avons le droit de dire non quand il s’agit de notre corps et de notre bébé. Ce n’est que récemment que j’ai appris, par exemple, que RIEN n’était obligatoire dans le suivi de grossesse malgré les discours qui peuvent être tenu : ni les échographies, ni les RDV de suivi, ni le test du glucose, ni les prises de sang, ni RIEN… Alors BIEN EVIDEMMENT, un certain nombre d’examens proposés pendant la grossesse ont un intérêt et personnellement je souhaite bénéficier de pas mal de choses. Mais le fait est que si on décidait de tout refuser, on en aurait parfaitement le droit. Donc accordons nous la liberté d’exercer ce droit pour des gestes que nous n’estimons pas utiles pour NOUS, notre bébé, notre cas. Je suis bien placée pour savoir que c’est difficile d’oser dire les choses, demander, poser des questions, refuser ; ne pensez pas que je suis le genre de fille militante et grande gueule qui l’ouvre en toutes circonstances ! Je suis quelqu’un à la base de conformiste, je n’aime pas déranger, passer pour la chiante, me faire remarquer et je fais souvent passer le bien-être des autres avant le mien. Donc, plus encore dans la position soignant-soignée, j’ai tendance à ne pas oser et à me dire que je ne sais rien… mais c’est faux. Je sais des choses et surtout il n’y a personne qui connait mieux que moi mon corps, mon bébé et ce qui est important pour nous.
C’est ce que j’ai voulu transmettre dans mon article : pour reprendre l’exemple de la prise de température en rectal qui a fait l’objet d’un échange de commentaires avec une personne du corps médical, j’ai indiqué que ce geste était pratiqué pour détecter une malformation ano-rectale. PERSONNELLEMENT, j’estime que la prévalence du risque (1/4000) fait que je ne veux pas que ce soit fait sur bébé sœur et je choisis à la place d’observer mon bébé (pour voir si elle a bien un anus) puis d’attendre l’expulsion du méconium pour détecter une éventuelle malformation, en sachant que je diffère potentiellement le diagnostic de 48 heures. Si dans ma famille il y avait des antécédents de malformation à ce niveau-là, je suppose que je choisirais le diagnostic précoce et peut-être demanderais-je à insérer le thermomètre moi-même dans l’anus de mon bébé pour que le geste soit fait par quelqu’un qui est émotionnellement impliqué. De la même façon, pas mal de parents qui donnent naissance à leur enfant à domicile choisissent de ne pas faire le test de dépistage de la surdité. De mon côté, ayant un frère sourd de naissance et cette surdité étant génétique, je souhaite faire pratiquer ce test sur mon bébé à quelques jours de vie car j’estime que le désagrément est inférieur à l’inquiétude que je ressens par rapport à ça, d’autant plus que ce n’est pas pratiqué dans les heures qui suivent la naissance. Je pourrais poursuivre ainsi sur tous les gestes !
Ce que je veux dire, c’est que je n’ai pas les connaissances et les compétences médicales pour juger d’une pratique médicale à l’échelle mondiale, pour discuter de la balance bénéfice/risque dans chaque cas particulier ou pour demander au COGNOF une évolution des pratiques sur toute la France. En revanche, j’ai les compétences pour rechercher des informations, dans la littérature ou auprès du corps médical (pourquoi ce geste est-il pratiqué, que cherche-t-on à savoir, quel est le risque, quelles sont les conséquences ?) et j’ai le droit ensuite de décider si je l’accepte ou non dans mon cas.
Parce que dans la plupart des cas, on ne sait même pas qu’on ne sait pas !
On ne sait même pas qu’on a le droit de dire non (moi je ne le savais pas !). On ne sait pas ce que veut dire vraiment « c’est le protocole » ; ça veut dire que c’est le protocole établit par la structure, au regard des obligations imposées par l’assurance pour couvrir l’établissement. En tant que patient, cela ne nous oblige en rien ! Et la structure ne peut pas refuser de nous soigner pour autant. Et puis bien-sûr il y a souvent la relation verticale entre soignant et patient : culpabilisation, pression, « c’est pour votre bien », « vous mettez la santé de bébé en danger » : et bien c’est votre droit ! Le fœtus n’a pas d’existence légale avant sa naissance, donc rien ne peut être imposé à la mère pendant la grossesse et l’accouchement au titre de la sécurité du fœtus. Si la mère a envie de mettre son enfant en danger, elle a le droit (et c’est bien sur ce que toute mère veut, n’est-ce pas ?).
Choisir sa structure
Après, et c’est très important pour moi de le dire ici, toutes les structures sont différentes et le choix du lieu de naissance est très important ! Certaines sont respectueuses des patients et de leurs droits, d’autres non. Certains soignants sont personnellement engagés dans une approche plus respectueuse des patients, sont convaincus eux-aussi de la non-pertinence de certains gestes et sont heureux d’avoir en face d’eux des patients qui posent des questions ou demandent qu’on fasse différemment. Qu’il s’agisse des soins au bébé que j’évoquais ou de l’accouchement, chaque maternité a ses protocoles et certaines ont déjà remis en question certaines pratiques (donc tous les soins évoqués dans mon article ne sont pas systématiquement pratiqués dans 100% des maternités françaises) ! C’est le cas de la maternité où j’ai donné naissance à Mademoiselle Carrousel, qui par exemple ne pratique pas l’aspiration systématique et diffère de 2 heures les mesures, la pesée, les réflexes et les autres soins. En commentaire, vous avez témoigné de la diversité des situations ; ce geste était fait systématiquement, celui-ci non… Toutes les équipes ne réagissent pas de la même façon par rapport aux demandes des parents ; certaines vont accepter la discussion, d’autre la refuser en bloc, d’autres encore vont dire oui mais ne pas en tenir compte le jour J. Et comme on me l’a fait remarquer justement en commentaire, on ne peut pas partir à l’accouchement comme à la guerre, si on veut pouvoir se mettre dans sa bulle. Ce n’est pas mon idée : les discussions doivent effectivement avoir lieu en amont avec les équipes, mais aussi entre parents qui ont eu des expériences dans la même structure (la meilleure source d’info !) et on doit surtout s’autoriser à changer de structure (voir à changer totalement de type de lieu de naissance :D) si on sent que l’on risque de ne pas être respectés dans nos souhaits. Ce changement de structure, ce n’est pas quelque chose que les parents s’autorisent facilement (au-delà de la limite de l’offre qui est un autre problème…), encore une fois parce qu’ils ne savent pas forcément qu’ils peuvent le faire, que les choses peuvent être différentes ailleurs…
Par exemple, lors de cette hospitalisation, toujours à la maternité où j’ai donné naissance à Bébé Carrousel…
- Les équipes médicales m’ont parlé, m’ont expliqué chaque démarche et m’ont demandé mon consentement avant de me toucher ;
- Je n’ai eu aucun toucher vaginal
- Une sage-femme aux urgences m’a proposé de réaliser moi-même mon prélèvement vaginal ;
- Une gynécologue-obstétricienne a remis en question devant moi la pertinence de certains protocoles, notamment d’hospitaliser les femmes enceintes ayant de la fièvre et de les mettre systématiquement sous antibiotique par crainte de la listeria alors que la maladie est extrêmement rare ;
- Une infirmière m’a dit que oui, la perfusion dans le pli du bras ça fait mal et que non, ce n’est pas juste une impression que ça me rentre sous la peau, c’est le cas et c’est pénible. Mais que ça permettait au Perfalgan d’agir plus vite qu’en comprimé et que c’était important de garder la fièvre basse pour que le cœur du bébé n’accélère pas trop.
- Une sage-femme a répondu à toutes mes questions à 5h du matin et qui m’a rassurée suite au passage de l’interne en obstétrique qui m’avait demandé « vous avez vu l’anesthésiste ? » avant de partir sans explication, me laissant penser qu’on envisageait pour moi une intervention.
- Une infirmière m’a proposé de prendre moi-même ma température en rectal, dans l’espoir que la précision soit meilleure que sous le bras et favorable à ma sortie.
Bref, j’ai été respectée et considérée en tant que patiente et femme, j’ai eu les informations dont j’avais besoin, on a souvent devancé mes questions. A 33SA, je me sentais personnellement inquiète par la situation, notamment la fièvre et la possibilité d’une infection ou d’une maladie de la grossesse, il ne s’agissait plus de physiologie mais de potentielle pathologie c’était donc parfaitement logique pour moi de m’en remettre à la médecine à ce moment-là et je remercie le personnel médical qui m’a pris en charge. Donc NON, je ne méprise clairement pas le corps médical, loin de là, je leur suis reconnaissante d’être là en cas de pathologie.
Je suis juste une maman. La découverte de l’accouchement physiologique, de ce que c’est, de comment ça marche, de ce qui l’entrave, de ce qui le favorise, m’a bouleversée. Cela s’est rajouté à tout ce que j’avais pu apprendre pendant deux ans sur les besoins des bébés et des jeunes enfants et à ma volonté de transmettre un regard plus bienveillant et plus respectueux sur les bébés. J’ai découvert que le respect du bébé commençait avant sa naissance, dès la grossesse et l’accouchement. Cela m’a amené à me poser beaucoup de questions et à regarder d’un œil différent des pratiques qui me semblaient normales avant. Et puis, par le biais de ce blog, j’ai eu accès à tous vos témoignages, à des partages de vécu, à vos expériences douloureuses, édifiantes, émouvantes, parfois révoltantes. Car on ne peut pas non plus se voiler la face ; sous couvert de soins, il y a énormément de violence faites aux femmes et aux bébés en maternité. Les violences obstétricales, ce ne sont pas des cas isolés ; pratiquement toutes les femmes en sont victime au moins une fois au cours de leur vie. C’est à vos côtés qu’a grandi mon engagement envers les femmes et les familles ; combien de fois je me suis dit que ce n’était pas POSSIBLE, pas NORMAL, que tant de parents portent des expériences douloureuses liées à la naissance de leur enfant, que si peu d’entre vous aient trouvé un espace d’expression où être vraiment entendu, que vous soyez si nombreuses à avoir vécu des violences, à l’accouchement et dans les premiers temps avec vos bébés, qui vous ont soit marquées/traumatisées, soit que vous avez fini par intégrer comme « normale… » en vous remettant VOUS en question… Il me semble que cet aspect-là de la naissance a besoin d’être défendu, entendu, diffusé… pour être évité. Si on veut trouver de l’information « classique », on en trouve facilement. Si on veut trouver tous les tenants et les aboutissants du diagnostic précoce des malformations ano-rectales et des interventions pour les prendre en charge, on peut la trouver. Moi, ce que je veux diffuser, c’est « l’autre information », celle qui dérange un peu, celle qui amène à se questionner, à changer notre regard, à oser dire des choses, à se prendre en charge, à se demander ce qu’on veut… Et je ne prétends pas avoir toutes les réponses J
Prends bien soin de toi. Heureusement, ce n’était rien de trop grave mais l’inquiétude est bien légitime. En espérant que les trois jours d’hospitalisation et l’éloignement n’ont pas été trop dur pour ta fille, toi-même et ton mari. Je suis actuellement enceinte avec des complications. L’angoisse rôde mais il faut bien reconnaître que le personnel médical est très à l’écoute et bienveillant dans cette épreuve ( et pourtant je suis inscrite dans une très grde maternité de Paris, un peu « usine à bébé ». Parfois quantité peut rimer avec qualité !
Bonne fin de grossesse et je te souhaite un accouchement à l’image de ce que tu veux et ce pourquoi tu te prépares si bien.
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Juste une réaction … ta bienveillance envers mademoiselle carousel est telle que cette journée a été une torture pour toi … je sais qu’on ne refait pas le match, mais en lisant ton texte je trépignais … « mais quand est ce qu elle appelle a l’aide cette bourrique ?! »
Enfin ouf ouf ouf tout va bien 🙂
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Cet article et la réaction d’Eglantine font effectivement écho à une question récurrente me concernant, lorsque l’on aborde le sujet de la parentalité positive, bienveillante et proximale : la bienveillance, ne doit-on pas l’appliquer à tous, et à soi-même pour commencer ? Ne sommes-nous pas plus enclins à faire preuve de bienveillance vis-à-vis de nos enfants lorsque nous ne sommes pas trop violents et exigeants vis-à-vis de nous-mêmes ? C’est une réflexion que j’ai nourrie notamment au sujet du sommeil, en lisant certains témoignages de parents prêts à tout, quitte à dormir à 4 dans un lit et à énormément empiéter sur la qualité de leur propre sommeil. Mais c’est aussi une réflexion qui m’est venue à l’esprit en lisant votre article : prenez soin des vôtres, mais prenez avant tout soin de vous et n’oubliez jamais de vous traiter avec douceur et bienveillance et de respecter vos propres besoins physiologiques ! (Je sais, c’est toujours facile à dire…)
Je vous souhaite de tout coeur une heureuse, douce et belle fin de grossesse !
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…et c’est grâce à des personnes comme vous que les méthodes progressent, les mentalités changent et d’autres personnes suivent « le mouvement ».
Bravo pour cet article, et une très belle fin de grossesse à vous.
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bon rétablissement!
oui, je vais dans le sens du message qu’a laissé Lætitia, c’est grâce à des personnes comme toi que les mentalités progressent…
je me souviens de l’article que tu as écrit concernant le fait de trouer les oreilles des bébés… eh bien, je n’y avais jamais pensé au paravent! idem au sujet du thermomètre. depuis, je ne l’introduis pas de la même façon auprès de mes enfants…
oui, on avance, jour après jour
chacun peut avoir le droit de choisir pour soi
… comme pour les vaccins!!!!!!
prends bien soin de toi, de vous!!!
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Ma pauvre, je découvre tes 2 derniers articles en même temps..
J’espère que tu vas mieux, prends soin de toi et de bébé soeur.
Et pour le reste juste MERCI de tout ce partage. Après si ce que tu dis ne convient pas à certaines personnes, qu’ils aillent lire d’autres blogs, bordel! 😉
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Prends bien soin de toi, cette journée mouvementée à dû être des plus éprouvantes.
Je te l’ai déjà dit mais je le répète : ton blog est une vraie mine d’or ! Ta volonté de te renseigner, de questionner, de chercher des réponses; est déjà en soi admirable, mais le propager comme tu le fais auprès des autres mamans, futurs mamans, femme est une vraie œuvre de salut publique.
Je suis entièrement d’accords avec toi sur les violences gynécologiques subies par les femmes. Pourquoi est-ce si inconcevable d’imaginer qu’on puisse prendre les décisions qui impactent nos corps, nos vies, nos enfants en toutes connaissances de cause ? Pourquoi est-ce que dès qu’on questionne des pratiques, on nous taxent de remettre en cause la médecine toute entière (qui ne doit pas être bien solide pour nous craindre !).
Bref mon commentaire est décousu et je n’arrive pas à exprimer la moitié de ce que je voudrais. Mais si tu devais ne retenir qu’une chose : pour une dizaine de commentaires accusateurs (peut-être plus, peut-être moins, je ne les ai pas vu) il y a bien plus de femmes , j’en suis sur qui te lisent et à qui tu apporte des choses, à qui tu ouvre les yeux.
Force et courage !
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Bonjour,
pour rebondir sur ton article, changer de structure est effectivement un luxe que certaines ne peuvent pas s’offrir. Lorsque l’on vit à la campagne et que ton choix se limite à une maternité de niveau 1 à 45 km ou une maternité de niveau 2 (l’hôpital) à 30 km, je n’appelle pas ça vraiment un choix (surtout quand finalement tu bascules en menace d’accouchement prématuré et que tu n’as donc plus le choix !).
En tout cas, je suis d’accord avec toi, nos sage-femmes sont formidables ! Alitée pendant 15 jours à l’hôpital, elles ont toujours été au petit soin et à l’écoute, soucieuses de mon confort et prêtes à me rassurer et me redynamiser à chaque coup de mou (ce qui n’est pas le cas de certains gynécologues ou pédiatres). Mon gros regret, ne pas avoir retrouvé l’une d’elles en salle d’accouchement le jour J.
Et un gros encouragement pour ton blog, même si je ne partage pas toutes tes convictions, te lire me fait me questionner et évoluer … alors je crois que la mission est remplie !
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C’est avec beaucoup d’intérêts et de plaisir que je découvre vos articles et votre blog aujourd’hui.
Je suis très impressionnée par votre connaissance et la manière que avez d’expliquer les choses de manière très simple et sans terme scientifiques.
C’est un bonheur et une ressource de lire vos articles.
je suis moi-même du corps médical, juste aide soignante en service de chirurgie ou la moyenne d’âge est de 85 ans. Les risques ne sont pas les mêmes que pour les bébés. Mais votre texte me permets de me remettre en question sur ma manière d’agir par rapport à ce droit de dire non et cette violence par nos gestes parfois. (Le mot violence me gêne un peu car je le trouve trop fort)
J’ai un petit garçon de 27 mois maintenant et j’ai eu un accouchement assez long (46h). Dans une maternité très bien et la majorité du personnel très charmant. J’ai du tapé du point sur la table pour décider de ma manière de pousser car l’autre ne me convenait pas et au bout de 2 nuits blanches mes ressources était à zéro. Bref la sage femme s’est rendu compte que j’avais raison et que j’étais plus efficace en faisant à ma façon.
Bref je comprends tout ce que vous dites sur la violence des soins à la naissance et comme nous avons en projet bébé 2 je vais réfléchir à tous ce j’ai lu sur cet article.
Et comme d’autre il y aura toujours des personnes qui trouveront à redire.
Prenez soin de vous et de bébé soeur. Il faut savoir lâcher prise et appeler à l’aide quand on y arrive plus….😉
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Ah, le choix de la maternité en fonction de ses manières de faire. Très bonne idée. Quand on peut avoir le choix….Ce que je déplore profondément d’ailleurs, mais ici, première maternité (qui ne m’inspire pas) à 30mn, deuxième à 45/50 minutes (sans bouchons), on passe ensuite à 1heure sans bouchons…..Voilà aussi la dure réalité des mamans, tout n’est pas possible malheureusement…. Ceci n’est ni une critique, ni rien de ce genre, c’est juste un constat, en fonction de son lieu d’habitation, les choix sont plus ou moins restreints….
Après, j’avais un projet de naissance, écrit et tout : pas d’épisio, choix de la position la plus naturelle possible, bon je voulais une péridurale quand même 😉 ….. Résultat, rien de tout ça, tout est allé très vite, donc pas de péridurale, position « classique », épisio que je n’ai pas demandé. Pourtant, la maternité était plutôt chouette, mais dans l’urgence du moment, rien ne s’est passé comme « prévu ». Même si, j’avoue, malgré la douleur (vraiment insoutenable pour moi!), le « pas de péridurale » m’a permis de tout ressentir. Je réfléchis vraiment, si un jour nous mettons en route le projet du deuxième, à essayer de ne pas faire de péridurale non plus (si tout va bien bien sûr), car les ressentis, rien ne les remplace pour avoir la bonne attitude. (Mais rien ne fait oublier la douleur quand même………^^’)
Bon courage pour le reste de la grossesse, et quel soulagement que cet épisode ne soit rien de grave!!
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Bravo. J’estime beaucoup le travail remarquable que vous faites sur ce blog. Vous êtes un maman debout, refusante, inspirante. C’est grâce à des personnes comme vous qu’un autre monde est possible. Merci
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Vous expliquez avec beaucoup de justesse ce qu’est la possibilité de choix pour un patient, choix je le précise qui chez nous est inscrit dans la loi (loi, dite « Loi Kouchner », sur le droit du patient et de la personne hospitalisée de mars 2002, dont vous pouvez trouver le texte, explicite, sur le site Légifrance.fr).
Choix qui ne demande aucune justification et qui ne remet nullement en cause le savoir des soignants. Mais qui affirme que l’on est responsable de sa santé et a fortiori, sauf à les mettre en danger, de celles de ses enfants.
Or, dans les actes sur les bébés que vous avez passez en revue, aucun ne concerne l’urgence vitale et les refuser ou les différer ne met pas le bébé en danger.
Par ailleurs, on sait aujourd’hui, que ce soit sur la mère ou sur l’enfant, que pléthores d’acte effectué en routine depuis des décennies dans nos salles de naissance, sont inutiles voire délétères. On sait aussi qu’effectivement, bien des accouchements sont réellement traumatiques non pas à cause d’évènements médicaux graves mais à cause de ce que la femme a subi sans justification, sans humanité, sans la considérer comme l’acteur centrale de la naissance, sans l’informer et sans recueillir son consentement. Au Ciane, dont je suis une des actives, nous recevons maintenant tous les jours des demandes d’aide pour des recours après des accouchements traumatiques et ce n’est pas parce que ces femmes là sont des chochottes!
Donc oui pour respecter le savoir des soignants, mais quand ce savoir est remis en cause, interpellé et réinterrogé de façon à ce qu’il ne devienne pas rétrograde. Et beaucoup d’actes ont été imposé de façon non scientifique et en décalage avec les bonnes pratiques internationales. Dans ce cas, remettre en cause le « savoir », ce n’est pas dangereux, c’est salutaire!
Les femmes françaises ont reçu quasiment en systématique pendant quelques dizaines d’années de l’oxytocine dans leur perfusion (perfusion jugée obligatoire) pdt le travail. Et bcp en reçoivent encore sans justification médicale. Cette oxytocine est, on le sait, responsable d’un accroissement du risque d’hémorragie grave du post-partum de 2 à 6 selon les doses utilisées. Dans d’autres pays, l’oxytocine était sortie des pharmacies hospitalières après des demandes spécifiques avec des justifications de plusieurs pages. Chez nous, c’était hop, dans la perf, à des doses plus ou moins contrôlées et pendant des heures. Et bizarrement, les femmes françaises avaient cette drôle d’habitude de saigner bien fréquemment…
Le collège des s-f a sorti à l’automne 2016 des recos limitant drastiquement l’usage de cette hormone de synthèse, nous attendons donc qu’elles soient suivies d’effet.
Mais des maintenant les femmes à bas risque, dont le travail est spontané, peuvent demander deux choses sans craindre de dire des bêtises: on respecte la phase de latence qui va jusqu’à 6cm et en l’absence de signes d’appel de pathologie, on n’accélère pas le travail et on ne rompt pas la poche des eaux pendant cette phase, on laisse les choses avancer à leur rythme. Et ensuite, le synto ne doit JAMAIS être utiliser en systématique mais toujours sur des signes d’appel de pathologie ou de dysfonctionnement.
Autre exemple: l’épisiotomie. On sait aussi que cet acte, très délétère pour la femme tant à court qu’à moyen terme, est inutile, même pour prévenir les déchirures graves, sauf cas exceptionnel. Il y a 20 ans, bien des pays (ceux du nord de l’Europe par exemple) avait abandonné la pratique systématique de cette incision violente et profonde. Pas la France, chez qui on a continué a coupé une très large majorité de périnée par non remise en cause d’une pratique automatique et quasi « culturelle ». Des maternités toutefois se sont penchées sur cette question et dès les années 80 montraient que l’on pouvait diminuer drastiquement les taux (moins de 10%) sans risque. Une première reco établi par le collège des obstétriciens est sorti en 2005 fixant un taux arbitraire à 30%, qui n’était en lien avec aucune donnée de la science. Le choix avait été une côte mal taillée pour faire diminuer les taux sans « bloquer » ceux qui les faisaient systématiquement. Aujourd’hui, des maternités sont à moins de 5% d’épisio quelque soit la parité et le mode de naissance (donc y compris les extractions instrumentales). Et pourtant, il y a encore des lieux où quand une femme dit ne pas vouloir d’épisio, on se moque d’elle, ou bien où on lui répond qu’on en fait de toutes façons très peu avec des taux à 1 femme coupée sur 3 ou 4!
Donc bien informée, on n’est plus active, plus responsable, on garde nos capacités de dialogue et on peut avancer de façon constructive avec l’équipe qui nous accueille!
Et en parallèle une petite remarque: oui, votre fille avait le droit ne pas être fatiguée, mais oui, 1000 fois oui aussi, vous aviez le droit de vous écouter. Être bienveillant envers son enfant, ce n’est pas s’oublier soi même, au risque de devenir malveillant envers sa propre personne. Ce qui ne permet guère d’être réellement bienveillant en retour: le sacrifice, ça n’apporte jamais grand chose au long cours. Et les enfants, même à deux ans, peuvent très bien comprendre que Maman est malade et que là, pendant un moment, c’est son état qui va définir ce qui se passe à la maison pendant les heures suivantes. Je partage vraiment vos positions sur l’éducation bienveillante, croyez le bien, mais répondre au besoin de son enfant, ce n’est justement pas oublier les siens, c’est inclure les besoins de l’enfant dans les besoins de la communauté familiale, dans le respect des besoins de tous ses membres.
J’espère que vous allez pouvoir vous reposer et retrouver votre énergie. Couvez bien!
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