Etre mère... et tout le reste !

Un an avec ma Fusée

Nous y voilà : un an que notre Fusée a rejoint notre famille, un an qu’elle est venue à la vie au milieu de la vie (<3), un an que nous sommes 4 et que nous cherchons et réinventons notre instable équilibre au fil des mois et des évolutions de notre intense bébé, de sa grande sœur, de nos choix de vie et de qui nous sommes à l’intérieur. L’année la plus difficile de ma vie d’adulte, je pense. Juste après la première année de vie de la Carrousel. Certains diront que je ne dois pas avoir eu beaucoup de difficultés dans la vie et ils auront en quelque sorte raison. Il semble en tous cas que la première année de vie de mes enfants soit de nature à (me) bouleverser quelque peu.

S’il y a bien une maxime que je déteste à propos des enfants, c’est « C’est que du bonheur!« . S’il y a bien une expérience de vie qu’on ne peut pas teinter que d’une seule couleur, c’est la parentalité.

Oh oui, les enfants nous apportent tellement d’amour, et cet amour est sans aucun doute possible le cadeau le plus précieux que nous pouvons espérer recevoir dans nos vies. Rien ne restera de nous après notre mort, rien de ce que nous avons ne partira avec nous ni ne restera à nous ; ce qui constitue l’essence de notre vie, c’est les émotions qu’on aura ressenties en la traversant. Et à ce jeu là, les enfants ont le don indéniable de nous faire passer la vitesse supérieure : avec eux, tout va plus vite, plus loin, plus fort. Ils dévoilent en nous la colère terrible, l’amour dévorant, l’épuisement jusqu’à l’effacement, le bonheur débordant, l’extrême tendresse, la peur glaçante, la frustration étouffante, la joie éclatante, l’irritation explosive, la fierté immense. Pas de demi-mesure, ou rarement. Que des émotions pleines et intenses. Pas étonnant qu’on ait le sentiment que la vie et le temps passent plus vite en leur présence : ils remplissent nos vies de vie comme personne d’autre ne peut le faire. Et parfois, souvent, le vase déborde au passage.

En cette première année de la Fusée, je me suis sentie bien bien bien au creux de la vague. J’étais même plutôt au fond de la mer, sous une bonne couche d’algue, du côté de l’épave du Titanic à peu près. Il y a eu les crises du soir à n’en plus finir, l’allergie, le reflux, le probable KISS toujours en cours, le sommeil nocturne qui ne ressemble toujours rien, quatre mois de cris non-stop en journée, les explosions sans fin de la grande sœur, les demandes incessantes, le besoin de moi tout le temps, tout le temps, tout le temps. Il y a eu pas mal de jours comme ça, et des pires encore. Prostrée sur le tapis du salon, un gouffre intérieur derrière mes yeux clos pour ne pas croiser le regard de Papa Ours qui tentait vaguement de me comprendre, je me suis même demandé si j’allais remonter. Mais ce n’est pas le jour pour aborder les gros mots, remettons cela à plus tard.

Aujourd’hui, je célèbre ma Fusée et je peux vous dire que ce n’est pas une petite fille comme les autres. Elle est parfaitement exceptionnelle. Et comme la Carrousel est parfaitement spéciale, je ne vous raconte pas… Je sens qu’on se prépare des années pleine de vie, si vous voyez ce que je veux dire. Je nous célèbre au passage, tous les 4, Papa Ours, la Carrousel et moi aussi, pour l’évolution qui a été la nôtre cette année. Notre famille compte un membre de plus, et ce n’est pas juste une question de place à faire. C’est chacun des autres membres et les relations entre chacun qui sont bouleversées et demandent à être réécrites. C’est prodigieusement épuisant… et aussi, tellement de fierté. On a tous grandi cette année, dans notre tête et dans notre cœur.

Comme le veut la tradition initiée pour ma Carrousel, j’ai envie d’adresser quelques mots à ma Fusée, à l’occasion de sa première bougie.

***

Ma fille,

Dès le jour de ta naissance, j’ai pressenti ton essence : tu es arrivée sur terre avec toute la détermination, l’intensité et la volonté qui sont tiens. Cela t’a valu ton surnom de blog : bébé Fusée. Et le temps semble montrer qu’il te va comme un gant. On dirait que tu voudrais te dépêcher de grandir ; parfois j’ai l’impression que tu es une grande fille piégée dans un corps de bébé.

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On aurait pu t’appeler bébé-bougeotte tellement tu ne tiens pas en place. Tu n’as jamais su téter calmement : il y a toujours quelque chose de plus intéressant à regarder, à attraper, quelqu’un à rigoler. A un an, les tétées ressemblent plus à un numéro du cirque Pinder qu’à un moment de calme : tu es debout, à genoux, à 4 pattes, sur moi, sous moi, derrière moi. On dirait la pub Materne quand ils ont sorti les compotes à boire : « pomp’potes sans les mains, pom’potes à l’envers, pom’potes sous l’eau… » avec un gamin la tête à l’envers. Finalement, le meilleur moment pour téter reste…la nuit, dans un demi-sommeil, quand il n’y a rien de mieux à faire quoi. -_-

A peine à quelques semaines, tu cherchais comment faire pour te tourner et te retourner : à 4 mois, c’était acquis. Très vite tu roulais-boulais dans toute la pièce pour te déplacer et explorer. Tout attraper, tout goûter, tout découvrir. Tu avais à peine trouvé le ramping en avant, que tu commençais le 4 pattes. Tu découvrais tout juste le 4 pattes et déjà tu te hissais debout, escaladais et grimpais les escaliers. En une semaine, tu as appris à descendre du canapé ou du lit de façon sécuritaire et c’est un régal de te voir appréhender l’espace et le vide en autonomie. A peine debout, te voilà à marcher en t’appuyant sur tout ce que tu trouves : la poussette des poupées, la coccinelle, un carton qui traîne,la trotinette de ta soeur. En un rien de temps, ton équilibre s’améliore et tu t’amuses à te lâcher et à tester ton équilibre. Ton jeu préféré du moment ? Te hisser debout à la force de tes muscles, sans appui, et crier « egade!!!! » (regarde) avec un cri de joie. Puis te jeter en arrière, morte de rire. Le meilleur spot pour faire ça ? Sur un toboggan, après l’avoir remonté à l’envers et l’avoir dévalée hilare. Tu aimes vivre dangereusement. Et moi j’ai passé un nouveau cap dans la confiance que j’accorde à l’enfant pour gérer son développement et sa sécurité. Il y a une semaine, tu étais accrochée au canapé et tu as fait quelques pas toute seule, sans appui, sans aide, sans qu’on t’appelle, sans prévenir personne. Heureusement que Papa Ours était là et t’as vue, moi j’ai loupé ça, j’étais en haut en train de ranger du linge (-_-). Tu es insatiable de mouvements, de progrès et de découverte. Tu ne peux pas rester assise dans ta chaise pour manger, alors tu manges par terre, tu vas et tu viens, à quatre pattes, debout sous la table, en équilibre sur un tabouret, tu vas piquer dans le lave-vaisselle la nourriture dont tu n’as pas voulu dans ton assiette : il n’y a qu’ainsi que tu manges à peu près. On te retrouve toujours perchée à des endroits improbables et ton sourire ravi ne nous laisse pas d’autres choix que de t’encourager, une main pas trop loin, prête à te rattraper, pas trop près pour ne pas t’interrompre. Même quand tu dors, tu bouges, tu te retournes mille fois, tu te retrouves la tête en bas, les pieds en l’air, tu te cognes, tu tombes de ton lit au sol, tu défonces les petits barreaux en bois soigneusement cloués pour toi. Petit oiseau, tu n’as qu’un rêve : voler.

On aurait pu t’appeler bébé-continuum. A ta naissance, tu n’as pas quitté ma peau pendant plusieurs jours. Puis je t’ai portée sans relâche, dans mes bras et en écharpe, le seul endroit où tu pouvais dormir. Je t’ai portée endormie, éveillée, asoupie, fatiguée, pleine d’énergie, apaisée, en crise, devant, dans mon dos, sous une couverture, nue contre ma peau. J’ai adoré, j’ai eu chaud, j’ai eu mal au dos, j’ai kiffé, j’en ai eu marre, j’ai surkiffé, j’en ai eu plus que marre, je me suis shootée à toi.  Quand tu as commencé à te déplacer à 4 pattes, j’ai commencé à te présenter dans ton lit. Il t’a fallu un peu de temps pour l’apprivoiser et les siestes sont parfois encore découpées. Mais petit à petit, l’écharpe reste de plus en plus à son crochet, tandis que tu as maintenant tes pieds, tes mains et ta confiance pour découvrir le monde. Tu dégages tant de confiance quand tu pars de toi même à l’aventure. Tu explores tant que tu peux, tout ce que tu peux et tu peux maintenant rester de longs moments à t’occuper dans la salle de jeux, sous la table, derrière un meuble, au gré de tes trouvailles. Tu t’élances sans appui, sans ma main, quand je ne te regarde même pas. Petit oiseau prend son envol, confiante.

On aura pu t’appeler bébé-entêté. Tu as atterri sur terre, les yeux grands ouverts et tu m’as fixée. Jamais je n’oublierai l’intensité de ce regard plein de sagesse qui avait déjà beaucoup à dire. Voilà une enfant qui sait ce qu’elle veut, je me suis dit. Une chose est sure, on ne va pas te la faire à l’envers… Tu défends bec et ongle ton territoire, tu t’accroche à ton bout de gras avec une force inouïe quand ta sœur te le dispute, tu hurle et crie sur ce(ux) qui t’insécurise(nt), tu cherches tous les moyens de te faire comprendre quitte à nous vriller les tympans, tu serres les dents avec la force d’un crocodile quand j’essaye de repêcher un truc que je préférerai que tu ne mâchouilles pas (genre… de la pâte à modeler ou une motte de terre), tu te carapates en 4ème vitesse quand tu sais que je veux récupérer ce que tu viens de me piquer (genre… le papi Dino du jeu des 7 familles auquel je tente de jouer avec la Carrousel), tu demandes les bras dans tu les veux, tu râles dans ton langage quand ça ne se passe pas comme tu veux et quand la nuit j’ai l’outrecuidance de te dire « maintenant dodo! » et te tourner le dos après 27 tété-crobaties, tu protestes, tu viens me chercher, ayayayayayaya me dis-tu d’un air vénère. Quel caractère ! disent les gens. Et rien ne pourrait me faire plus plaisir que ce compliment qui en est rarement un dans leur bouche. Tu ne vas pas être femme à te laisser marcher sur les pieds et ce n’est vraiment pas du luxe dans le monde dans lequel on vit.

On aurait pu t’appeler Amour. Tout en toi est amour et viens faire fleurir en nous la l’émotion. Je ne pensais pas qu’un être si petit pouvait manifester tant d’affection, tant d’attachement, tant de douceur et de tendresse dans ses gestes, tant d’amour tout simplement. Ta tête posée sur mon épaule et tes bras serrés fort autour de mon cou sont amour. Les petites bosses potelées sur tes mains qui me caressent le cou sont amour. Tes doigts qui effleurent délicatement mon visage et ton « DOUUUUUU » (doux) de ta petite voix aiguë sont amour. Ton « kaaaaaaaa » (câlin) tandis que tu te jettes dans mes bras ouverts est amour. Ton regard pétillant et attentif devant ta sœur est amour. Ta respiration apaisée sur ma poitrine la nuit est amour. Tes bras dodus repliés sous tes petites fesses en l’air quand tu dors sont amour. Ta bouche ourlée qui me cherche la nuit, s’écrase sur mon sein puis qui s’entrouvre sur l’oreiller est amour. Tes petits cheveux blonds vénitiens qui frisouillent à la base de ton cou sont amour. Ton sourire, oh la vache… ton sourire est la définition même de l’amour.

Moi qui craignait tellement de ne pas réussir à t’aimer autant que ta sœur, je t’avais vraiment sous-estimée. Normal, je ne te connaissais pas. Je ne peux que t’aimer a la folie, je ne peux pas y échapper, même quand tu m’en fais baver des ronds de chapeau à nous faire envoyer chez le pédopsychiatre par la pédiatre…

A l’occasion de cette première année riche et intense, ce soir on a planté « ton » arbre dans le jardin, avec en dessous, comme fertilisant, le placenta qui t’a permis de grandir dans mon ventre. On tenait absolument à faire la plantation le jour de ton anniversaire, alors nos choix en matière d’arbre ont été réduits : on a finalement opté pour un Lilas. Un lilas des indes, dont la floraison est à l’été (alors que le Lilas classique fleurit au printemps), comme toi. En plus, le lilas m’évoque une amie très forte, une âme belle et généreuse qui est source d’inspiration pour moi, alors je pense que c’est un bon présage pour toi ma Fusée. Et si un jour la maison est vendue, on pourra toujours faire un bouture du Lilas et l’emporter avec nous vers d’autres horizons. En attendant, il va grandir en même temps que toi…

Mon amour, mon petit chat, ma choucroute, ma zouzoute, tu as un an et tu grandis incroyablement. Tu t’éloignes de mes bras pour pouvoir aller plus loin et tu viens t’y réfugier quand tu en as besoin. Tu lâches ma main même si elle ne reste jamais loin. Comme un symbole, dans le même mouvement qui t’ouvre sur autre chose que moi, je suis moi aussi rappelée à ma vie de femme qui ne se résume pas qu’à toi. Vingt et un mois sans saigner et pour ton anniversaire je reçois un cadeau un peu particulier. Je l’avais pressenti, j’avais senti ma féminité se réveiller, mon envie de revivre des choses laissées de côté. Mon corps peut accueillir un bébé ; c’est le signe que tu deviens bambin, mon bébé Fusée.

Heureux anniversaire ma fille,

I love you to the moon and back

un an 2.jpg

 

 

 

 

 

17 réflexions au sujet de « Un an avec ma Fusée »

  1. Ta fusée me fait penser à ma Benjamine…. Ça promet pour la suite!!😆 En revanche le coup du pedopsy à son âge ouille…. Ta pédiatre a toute ta confiance ou il y a 2 poids 2 mesures ??
    Sinon je tanne Monchéri pour enterrer le placenta qui attend depuis bientôt 6 mois mais ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule ! (bon ici naissance mi février je ne pense pas qu’on attende le 1er anniversaire pour creuser). J’espère que le cap le plus difficile est derrière toi et que même s’il y a tjs des creux qu’ils ne soient pas trop longs ni trop bas. Bises… Et bon anniversaire fusée ! 😆

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  2. Premier commentaire ici il me semble alors que je te lis depuis de nombreux mois, les larmes me viennent apres la lecture du recit de la naissance de Bebe/Bambin Fusee et de ce magnifique billet… Je suis emue d’abord face au nombre de similitudes avec ma propre fille et surtout face a la beaute du texte, tu as un veritable don pour les mots merci de nous le faire partager! Un tres joyeux anniversaire a ta Fusee et un gros bisou a ta Carrousel X

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  3. Quel bel hommage à ta fusée ! 😍
    j’ai parcouru ton blog (notamment l’article que tu as mis en lien, les jours sans quoi… Et ton récit d’accouchement que j’avais lu il y a longtemps… ). Je te dis ça parce que je voulais te dire que je te trouve incroyablement courageuse. Et aimante et belle dans ta relation avec tes filles.
    bref, je tadmire !
    Bon anniversaireà ta fusée et j’espère que vous vivrez cette deuxième année de vie de la fusée avec autant d’émotions que la première mais avec moins de fatigue. 😉
    Gros bisous 😘😘

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  4. Merci pour votre blog que je dévore dès que je peux ! Une écriture magnifique, un condensé de tendresse et de vérité crue. Bref, encore merci de nous faire partager votre vie de maman, de femme et d’humaine.
    Et du coup…. bravo pour votre mini annonce en fin d’article ? 😉

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  5. Bon anniversaire à la petite fusée qui grandit! Tes textes sont vraiment très bien écrits… J’ai l’impression d’etre avec toi dans les situations que tu nous raconte!

    J’admire ton investissement auprès de tes filles pour rester bienveillante en toute situation… J’ai beaucoup circulé sur ton blog et plein d’articles sur le maternage et l’éducation bienveillante m’ont aidés dans cette voie avec mes deux loustics…. ton accouchement à domicile me fait rêver…

    L’arrivée de notre deuxième est une véritable tornade pour notre premier qui cherche sa place et n’arrive plus à s’endormir… Alors nos soirées sont cahotiques depuis 1 mois et demi… je compatis au pot au feu laissé en plan… Ici c’est le repas de papa et maman qui attend patiemment depuis 2h qu’on puisse se libérer…

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  6. Bon anni fusée girl !
    J’exècre moi aussi cette phrase-bidon « c’est que du bonheur »… (c’est de la même trempe que « dormir comme un bébé ».. je ris jaune).
    Je me suis fait cette analogie : faire un enfant, c’est un peu comme faire un piercing ou un tatouage, tu y penses longtemps avant de te lancer, tu es trop content de la faire et en même temps ça fait un mal de chien et tu te demande si tu as pas fait une connerie, tu en as pour la vie entière avec ça… 😉

    Aimé par 1 personne

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