Avant d’être enceinte, je n’avais pas tellement envie d’allaiter.
Je trouvais ça un peu trop animal, voire dégoutant. Ça ne me dérangeais pas du tout chez les autres, mais chez moi je n’imaginais pas mon corps ainsi « utilisé »…
A peine enceinte, quand je me suis reposée la question, j’avais totalement changé d’avis.
Cet aspect animal qui me rebutait avait totalement disparu, je ne voyais plus que les bienfaits de l’allaitement.
Alors je me suis renseignée, préparée (une bonne information, c’est la clef du succès, je vous le disais ici) et mes lectures ont encore renforcé mon envie, ma détermination.
Mon objectif, c’était d’allaiter Bébé Carrousel pendant 6 mois, ainsi que le préconise l’OMS, jusqu’à la diversification alimentaire. Ensuite, je pensais la sevrer doucement pour qu’elle prenne au biberon sa ration de lait maternisé en poudre, en complément de l’introduction des purées et compotes.
Alors déjà, pour preuve que rien ne se passe jamais comme on l’imagine, j’ai commencé la diversification alimentaire à 5 mois et non à 6, j’ai été tenté par la DME (je vous en parlerais plus tard, mais pour faire simple, aucune purées mais des aliments présentés librement à l’enfant sous forme de morceaux plus gros que son poing), Bébé Carrousel pense qu’un biberon sert à se faire les dents sur la tétine mais nullement à se sustenter et elle est apparemment intolérante aux protéines de lait de vache. Pour le plan prévu, on repassera.
Mais surtout, aujourd’hui je ne vois pas du tout pourquoi arrêter l’allaitement ! Je serai encore à la maison jusqu’aux 9 mois de Bébé Carrousel, j’ai passé tous les tracas de mise en place de l’allaitement, j’ai survécu aux fameux pics de croissance (à 3 semaines, 6 semaines, 3 mois, 6 mois) qui donnent envie de se pendre avec les tubulures du tire-lait, j’ai maintenant choppé le coup de main pour allaiter incognito en tous lieux et toutes circonstances (et Papa Ours veille au grain, toujours prêt à me jeter promptement sa veste à la tronche afin que je cache ce bout de sein que l’on ne saurait voir), je n’ai pas mal, j’ai assez de lait (le fameux mythe du « ah mais à un moment tu n’auras plus de lait! »), et c’est ultra pratique. L’allaitement au sein, c’est un peu le 4-en 1 de la puériculture : nourrir, abreuver, endormir et réconforter ! Le tout pour 0€ !
Et surtout, ma fille adore téter et moi j’adore la regarder téter.
J’adore …
- Quand elle pousse des petits cris d’impatience « huhuhuhu » quand arrive l’heure de la dernière tétée du soir
- Quand, alors que je ne pensais pas qu’elle avait faim, elle se fait comprendre en enfouissant sa tête dans ma poitrine et me tétant par-dessus le pull
- Quand Papa Ours l’approche de moi, déjà allongée en position pour téter, et qu’elle aspire dans le vide tellement elle est pressée
- Quand elle traficote je ne sais quoi avec sa petite main potelée pendant qu’elle boit : et que j’appuie sur le sein, que je tapote la poitrine, que je tire sur les bretelles du soutien gorge..
- Quand elle s’endort paisiblement au sein, toute apaisée
- Quand, après quelques gorgées goulues et les yeux fermées, elle s’arrête de téter, me regarde droit dans les yeux et me souris de tout son cœur
Aujourd’hui, allaiter ce n’est plus quelque chose que je fais en me disant que c’est bien pour la santé de Bébé Carrousel ou pour la mienne, ce n’est plus un objectif quantifié, ce n’est plus un choix motivé et documenté, c’est tout simplement naturel, une évidence. Je ne vois pas comment faire autrement ni pourquoi faire autrement. J’ai beau être fatiguée par les nuits toujours entrecoupées, je n’ai pas envie qu’on donne de biberons à ma fille si ce n’est pas absolument nécessaire, c’est viscéral.
Je sais maintenant que je souhaite poursuivre après ma reprise du travail, d’une façon qui s’est naturellement imposée à moi ces derniers temps: allaiter Bébé Carrousel lorsque nous serons ensemble (le matin, le soir, les week-ends, les vacances..) et qu’elle s’alimente autrement lorsqu’elle sera gardée. Je n’arrive plus à m’imaginer, moi, lui donner le biberon. Elle & moi, on fonctionne comme ça, il n’y a plus d’autres options pour l’instant. Jusqu’à quand… ? On verra ! Quand je serai prête, quand elle sera prête, quand je sentirai qu’on peut arrêter sans que ni elle ni moi ne soyons frustrée.
Pour finir sur une note poétique, quelques magnifiques clichés de la photographe Ivette Ivens, qui a publié un beau livre mettant en avant l’allaitement prolongé : Breastfeeding Goddess