En introduction de cet article consacré à l’allaitement, je précise que je suis heureuse et fière d’allaiter, mais qu’en aucun cas je ne cherche à convaincre ou à culpabiliser les mamans qui n’en ont pas envie, ce n’est pas le propos de cet article !
Un excellent dessin de Papacube pour se mettre en jambes :
Mademoiselle Carrousel a 4 mois et demi et elle est toujours allaitée exclusivement ; je n’ai pas encore passé la limite fatidique des 6 mois qui va me faire basculer dans le monde obscur des « mamans malsaines qui allaitent pour se faire plaisir », mais j’ai malgré tout droit à quelques « toujours ?! » qui me vont droit au cœur. Oui, toujours et j’en suis fière !
Avec Mademoiselle Carrousel, l’allaitement s’est tout de suite bien lancé et c’est un pur bonheur au quotidien, sauf au moment des PUT*** de pics de croissance. Comme j’aime le répéter à quelle femme enceinte veut l’entendre, le secret d’un allaitement réussi, c’est de bien se préparer, c’est-à-dire de S’INFORMER !
Les conseils de l’entourage, en particulier des générations précédentes et les idées fausses qui circulent sur le sujet sont l’ennemi n°1 de l’allaitement. Un « ton lait ne doit pas être assez nourrissant, donne lui un biberon » assené d’un ton docte à une jeune maman épuisée, et c’est toute une belle histoire qui est foutue en l’air.
Alors si je ne culpabiliserai jamais une maman qui souhaite allaiter au biberon et que je dis souvent qu’il vaut mieux donner un biberon avec plaisir que le sein à contrecœur, j’ai aussi à cœur d’encourager, de soutenir et de bien INFORMER celles qui ont envie de se lancer dans l’aventure de l’allaitement au sein. Quelques conseils à avoir absolument en tête pour un allaitement réussi…
- Oublier sa montre (et son réveil, l’horloge de son téléphone et la minuterie du four)
Règle absolue, en particulier dans les premières semaines : on ne regarde pas combien de temps s’écoule entre les tétées, ni combien de temps dure celle-ci. C’est allaitement A LA DEMANDE, donc quand bébé pleure, on lui propose le sein et il dispose. La notion de temps n’a aucune réalité pour bébé, et les conventions sociales encore moins, donc n’espérez pas qu’il se dise « J’ai tété il y a 1h, j’ai un petit creux mais ça ne se fait pas pov’ maman, je vais patienter encore une heure ou deux… ».
Le risque si on ne respecte pas ce principe ? Ne pas lancer correctement sa lactation et ne pas produire suffisamment de lait. C’est la succion du bébé qui déclenche la production lactée, aussi s’il tète à sa faim la production sera parfaitement adaptée à ses besoins. En revanche si on impose un rythme de tétée arbitraire, la production peut ne pas être suffisante.
Alors oui, cela demande de mettre ses réflexes de côté, en particulier quand on est une maniaque de l’organisation et du planning comme moi. Dans ma tête, c’était parfois comme un combat entre ma grand-mère (et ses principes d’éducation bien rétrogrades) et une animatrice Leche League (l’allaitement envers et contre tout !!). Mais vraiment, c’est le principe de base.
- Oublier sa balance
Peser bébé avant et après la tétée afin de voir combien il a bu…. Oubliez tout de suite cette corvée qui a été imposée à nos mères ! Bébé se nourrit à sa faim et si vous lui proposer le sein aussi souvent qu’il le réclame, il n’y a aucun risque qu’il manque. Si toutefois vous êtes stressée à l’idée que maman ne mange pas à sa faim, repérez vous au volume de ses couches : un bébé qui tète correctement mouille au minimum 3 à 4 couches par jour (selle/pipi). Le 1er mois, bébé émet des selles au moins 2 à 3 par jour, voire à chaque tétée, donc si elles se raréfient c’est que bébé ne boit pas assez et qu’il faut lui proposer le sein plus fréquemment. En revanche, passé le 1er mois, il peut n’émettre qu’une selle par semaine sans que ce soit un problème !
A l’inverse, au sein on ne peut jamais trop nourrir bébé ! En effet, d’une part impossible de le « forcer » au nom d’une graduation imprimée sur un biberon et une ordonnance de pédiatre (« Tu vas me finir ton bibi, le docteur a dit 180ml !!!! »). D’autre part, avec le lait artificiel à base de protéine de lait de vache, une prise de poids trop rapide lorsqu’on est bébé peut augmenter les risques d’obésité à l’âge adulte. Avec le lait maternel, aucun risque ! Bébé peut donc gloutonner en toute impunité et péter toutes les courbes du carnet de santé, aucune importance (si ce n’est que c’est dommage pour toute cette belle garde-robe en taille 3M qui est trop juste en 10 jours…).
A ce sujet, les courbes de poids du carnet de santé sont faites pour les bébés nourris au biberon, alors inutile de vous arracher les cheveux avec votre rapporteur et votre papier millimétré, on s’en tamponne le coquillard !
- Faire téter bébé dès sa première heure de vie en salle de naissance
Dans les deux heures qui suivent sa naissance, bébé est exceptionnellement éveillé et tous ses sens sont en alerte, avant de plonger dans un sommeil léthargique pendant les 24 heures suivantes.
Il y a donc un triple bénéfice à lui propose le sein en salle de naissance :
- Profiter de ce moment d’éveil pour qu’il « apprenne » le mouvement de succion au sein, qui est difficile et fatiguant pour un nourrisson. Il arrivera ainsi plus facilement à le refaire et à téter efficacement malgré son épuisement dans les jours suivants
- Lancer la lactation au plus tôt et accélérer la montée de lait
- Créer le lien dès les premières minutes, pendant ce moment exceptionnel de la rencontre
Bien-sûr, ceci sous réserve que la naissance se déroule sans encombre, que bébé et maman aille bien et ne nécessitent pas de soins urgents !
Dans le même esprit, il est important pendant les premiers jours de ne pas attendre que bébé pleure pour lui proposer le sein, mais de lui proposer aux premiers signes d’éveil : il tourne la tête, il ouvre la bouche, il s’agite… Ainsi, il ne perd pas son énergie à pleurer et peut l’utiliser pour téter efficacement.
Au passage, c’est admiration de la famille assurée : « Mais dis donc c’est fou, on ne l’a pas entendue de la nuit ! » – « Et oui Mamie Ours, Mademoiselle Carroussel n’a que 5 jours mais elle fait ses nuits ! ». En vrai, dès qu’elle commence à s’agiter, je lui propose le sein et elle se rendort illico, donc pas de pleurs, pas de cris 😉
- Bien positionner bébé
Allaiter ne doit pas faire mal ! Aussi, si vous ressentez des douleurs ou que des crevasses apparaissent, dans la grande majorité des cas elles sont provoquées par une mauvaise position du bébé au sein.
Bébé doit impérativement être face au sein, son ventre contre votre ventre. Il ne doit pas avoir à tourner la tête pour téter, sinon cela crée une tension sur le mamelon qui crée les crevasses.
Alors si vous avez mal, si vous avez des crevasses, ne souffrez pas en silence ! Parlez-en à une sage-femme ou à une consultante en lactation afin qu’elle identifie la cause des douleurs.
- Se préparer aux pics de croissance
Je le disais plus haut, les pics de croissance ne sont pas franchement une partie de plaisir quand on allaite. En effet, à des périodes plus ou moins fixes (3 semaines, 6 semaines, 3 mois, 6 mois…mais cela varie d’un bébé à l’autre), bébé va se mettre à réclamer le sein de façon beaucoup plus fréquente (parfois toute la journée) et vous aurez l’impression que vos seins sont vides, que vous n’avez plus de lait, que votre bébé meure de faim et que vous êtes une tétine géante.
C’est en fait une étape nécessaire pour adapter votre lactation à la croissance de bébé. Il est donc très important, à cette période, de résister aux bons conseils de votre entourage qui vous assure que « ça y est t’as plus de lait, moi j’ai eu pareille » et vous enjoignant de donner des biberons pour « nourrir ce pov’ gosse qui crève la dalle ». Il faut justement faire téter bébé au maximum pour que la production s’adapte et les biberons de complément vont ralentir cette adaptation.
Vous savez maintenant pourquoi tatie Jeanine « a du arrêté d’allaiter à 1 mois parce qu’elle avait plus de lait » et pourquoi cousine Josette « n’avait pas un lait assez nourrissant, son bébé crevait de faim ». Au passage, le lait d’une maman est FORCEMENT nourrissant, il est créé, conçu, programmé, pour nourrir son bébé !!
Ces conseils sont ceux qui me paraissent essentiels pour réussir son allaitement, mais ils ne sont pas exhaustifs ! Pour une information vraiment complète sur l’allaitement (et je réitère, bien s’informer c’est la clef d’un allaitement réussi), je vous recommande ma petite bible personnelle : « Allaitement, le guide pratique » de ma bloggeuse préférée Marjolaine Solaro
Le site de la Leche League regorge aussi d’informations détaillées ; je vous conseille de le consulter lorsque bébé est là et que vous rencontrez des soucis ou avez des questions sur votre allaitement.
Enfin, petit conseil bonus : les pédiatres sont souvent mal informés car pas formés en matière d’allaitement ! Il est donc probable qu’il/elle vous dise qu’il ne faut pas dépasser tant de tétées par jour ou de respecter un intervalle minimum entre les tétées, car ce sont les règles en vigueur au biberon. Ainsi, si vous rencontrez un soucis avec votre bébé, notamment une prise de poids trop faible, votre pédiatre vous incitera facilement à arrêter l’allaitement, car c’est la solution de facilité pour lui. Dans ce cas-là, avant de prendre une décision et si vous avez envie de poursuivre votre allaitement, n’hésitez pas à contacter une consultante en lactation (ou des mamans calées en allaitement, si vous préférez) afin qu’elle vous aide à trouver une solution. Car il y a normalement toujours quelque chose à faire !
Bonnes tétées 😉
Bravo pour ton article
C est exactement ça et ça gagne vraiment à être connu…
Mon Baby boy de bientôt 5 mois n’a connue que le lait maternel pour le moment
Si l aventure de l allaitement est naturelle, elle n est pas simple pour autant. Mais elle le vaut tellement.
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