Etre mère... et tout le reste !

Ennemi intime

Ces derniers mois j’ai pris conscience qu’on pouvait vraiment vivre la maternité de façons extrêmement différentes et que certaines femmes sont capables d’en faire une fete de (presque) tous les instants malgré les difficultés. Aussi je ne veux pas généraliser sur les hormones de la jeune parturiente qui la mettent sens dessus dessous et la rendent aussi stable émotionnellement qu’une caisse de TNT ; nous ne sommes pas forcément toutes concernées par ces vagues a l’âme et pas de la même façon. 

Mais personnellement, les changements me bouleversent toujours de façon assez forte : je pleure quand je déménage, je pleure quand mes parents partent à la fin d’un week end, je pleure quand on s’installe sur un lieu de vacances inconnu… autant vous dire que l’arrivée d’un bébé tout neuf dans nos vies est un changement de nature à me bouleverser quelques peu !

C’est donc dans cet espace émotionnel si particulier (#euphemisme) qu’est le post-partum, que j’ai eu le grand bonheur d’avoir à préparer mes bagages pour un séjour de 15 jours en province, pour présentation officielle de bébé Fusée au clan Ours-Poule. Vous voyez venir le drame ? 

Plantée devant ma penderie, je me demandais bien quoi mettre dans ma valise puisqu’a 9 jours post accouchement, je ne savais absolument pas dans quoi je pouvais espérer rentrer. Il a donc fallu que je réessaye l’intégralité de ma penderie, une grande partie de plaisir en perspective…

Pleine d’optimisme j’ai commencé par enfiler mes 2 ou 3 jeans slims préférés; les bougres sont restés douloureusement coincés aux hanches, confirmant, si le doute subsistait encore dans mon esprit, que je me suis largement élargie ces derniers mois.

Mes jeans boyfriend ont passé d’épreuve  des hanches mais se sont vautrés a la taille ; au secours le bourrelet de ventre, fuyons.

Quant aux hauts, un tiers soulignait savamment mon reste de bidoche, un tiers explosait tellement à la poitrine que je ressemblais a une prostituée slovaque et le dernier tiers était totalement incompatible avec l’allaitement (coucou ma belle robe en dentelle). Ne restait donc pas grand chose pour nous vêtir, moi et mon amour propre.

Après quelques fermetures eclairs de robe restees bloquées a mi-hauteur et un ou deux chemisiers coincés aux emmanchures, j’ai du rendre les armes et jeter rageusement dans ma valise mes pantalons de grossesse et quelques hauts rescapés de la grande débandade. 

Puis j’ai pleuré. 

Je me suis observée dans le miroir sous toutes les coutures. Et j’ai repleuré.

Papa Ours est arrivé sur ces entrefaits et m’a engueulée vertement : « t’as accouché il y a 9 jours, n’abuse pas, t’as bien perdu déjà« … Gnagnagna ! 

Qu’est ce qu’il peut y comprendre après tout ? C’est pas lui qui se retrouve dans un corps étranger…. Ce n’est pas tant une question de kilos, car mon corps peut supporter 3 ou 4 kg de grossesse non perdus et faire illusion (surtout habillée et avec bébé en écharpe, le meilleur camouflage qui soit). C’est une question de ne pas se reconnaître dans le miroir ; ce bassin un peu plus large, ce ventre mou et vide, cette peau relâchée, ces seins trop lourds… Ce corps de transition, qui n’est ni celui d’avant, ni celui d’après, ni celui de la grossesse. Un peu a l’image de ce qui se passe dans ma tête : je ne suis plus celle que j’étais et je ne suis pas encore celle que je vais devenir…

Après quelques lamentations supplémentaires auprès des copines, je suis retournée dans ma chambre, mon sac ouvert trônant au pied de mon lit. A l’endroit exact où Bébé Fusée est née quelques jours plus tôt.

Soudain ça m’a frappée. Qu’est ce que j’étais en train de faire ? De martyriser mon corps, comme si souvent depuis si longtemps. Gimme a break lady ! Je n’ai jamais été tendre, ni indulgente, ni même à l’écoute avec ce corps qui pourtant me porte sans faillir depuis 27 ans. Je lui ai imposé moults régimes a la con suivis d’épisodes de goiffreries irrépressible, je l’ai toujours regardé avec sévérité en me focalisant sur ses défauts, je lui ai fait sauter des tas de repas pour pouvoir grignoter des Maltesers a 18h et surtout je n’ai jamais pris la peine d’écouter les signaux qu’il m’envoyait …

Pourtant il y a quelques jours, ce corps a mis au monde un bébé tout seul.

Ce corps a porté deux fois la vie, s’est écartelé sans craquer pour leur faire de la place, il a puisé en lui toutes les ressources pour créer deux êtres humains en parfaite santé.

Ce corps a nourri une enfant pendant un an, s’adaptant à sa croissance et à ses besoins, et il remet ça une deuxième fois, toujours avec la même merveilleuse mecanique de précision. 

Ce corps endure le manque de sommeil sans broncher depuis bientôt 3 ans, sans même un petit malaise ou un etourdissement par ci par la. Il s’adapte et prend le sommeil où il le peut, même assis par terre sur le carrelage de la cuisine pendant une tétée.

Ce corps sait faire seul ce que d’autres aimeraient tant pouvoir contrôler ; il sait faire venir à la vie les petits d’Hommes.

Alors pour une fois, ce corps mérite un peu d’indulgence de ma part. Merci mon corps, pour une fois je suis fière de toi. Je crois qu’il est largement temps d’apprendre à t’aimer et à prendre soin de toi…

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18 réflexions au sujet de « Ennemi intime »

  1. Et oui, le corps est plus qu’un véhicule, plus qu’un objet, c’est le lieu de nos émotions, de notre histoire, de notre identité. Aujourd’hui, tu es celle qui vient d’accoucher. En convalescence, d’une certaine manière. Tu n’es pas celle de demain, tu n’es plus celle d’hier, tu es une maman qui vient d’accoucher, et malgré tout, ça reste un deuil et c’est normal d’être déprimée. Tu seras encore plus fière de toi et ton corps quand tu te verras reprendre forme! 😉

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  2. Et tu as bien raison, je vais t’avouer que trois mois après mon accouchement je porte encore mes jeans de grossesse. et j’ai ranger une bonne partie de ma garde robe sous le lit. J’ai d’horrible vergetures, vraiment moche, qu’on se le disent je ne remettrai pas de maillot de bain avant un moment ! Alors des fois je me dégoûte et puis je me rend compte de tout ce que j’ai, de tout ce que j’ai fais et j’me dis que les jeans de grossesse c’est vachement confortable au final !

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  3. C’est très beau et très vrai ce que tu racontes ! J’ai moi aussi une petite famie qui ressemble bcp à la tienne : une aînée de 2.5 ans et une petite de 10mois. La bienveillance ça commence d abord par nous même et notre corps. Mais cela peut demander un certain cheminement, en tout cas pour moi.
    Certain(e) diront que c’est bien ça notre pouvoir : celui de la Vie !

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  4. Comme j’aime ton écriture…..
    Il est temps d’apprendre à t’aimer et je vais essayer de t’aider, en ces temps funestes de « baby blues » (baby blues mes fesses ouais!) :
    JE T’AIME MAMAN POULE 😁
    Tu es une très belle personne, sensible et intelligente, bienveillante et courageuse. Et tu as un véritable don pour l’écriture. Avec ou sans petit bourrelet 💖
    Continue ainsi et prends soin de toi!!!!!

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  5. Encore un bel article, sincère. Je reconnais particulièrement l’incompréhension du conjoint, qui lui ne voit que la beauté de ce corps qu’il aime parce qu’il appartient à celle qu’il aime, et parce qu’il sait combien c’est un corps merveilleux (comme tu l’écris dans la deuxième partie). Et pourtant cette incompréhension, comme elle peut ajouter à la douleur. Pour moi en tout cas, qui attend un second enfant prévu pour les deux ans du 1er, c’est comme si mon mal-être était renié, je me sens seule, incomprise, et en + stupide. Oui stupide de m’attacher à quelque chose d’aussi futile que l’aspect esthétique, que je sais rationnellement être tout relatif en +.
    Mais ce corps c’est moi. Et parfois l’image me renvoie moi = molle, grosse, foutue! Et pas que sous hormones de grossesse, entre les deux aussi 😉
    Tout ça pour exprimer qu’il faut en effet être indulgent avec soi, et que l’indulgence c’est aussi accepter ces moments de tristesse, reconnaitre que notre aspect physique nous fait souffrir et qu’on a le droit de pleurer pour un bourlet sans se sentir futile. (Mes secrets pour sortir alors de ma morosité: me masser d’huile anti-vergétures, imaginer mes séances d’abdos dans un an, et trouver des idées saines de repas pour toute la famille. Pas si secondaire comme activité, j’ai l’impression en prenant soin de mon corps de le rapprocher de mon esprit.)
    Bonnes vacances!

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    1. Je te rejoins totalement, sur le fait de se sentir bete et futile d’accorder de l’importance à quelque chose de « superficiel »… alors que c’est vrai, ce corps c’est nous, c’est pas si superficiel que ça…

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  6. Je te comprends… Mais tu sais ce qu’on dit?
    9mois pour grossir , neuf mois pour retrouver son nouveau corps…. Que ce soit le retrouver comme avant, ou l’accepter comme il est devenu.
    Ce merveilleux corps qui nous fait traverser la matière. Sans lui, pas de vie ici.
    Notre âme n’a nulle part où aller pour s’inscrire ici.

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  7. Ca m’a fait écho à ce texte.

    LETTRE A MON CORPS

    Bonjour mon corps,

    C’est à toi que je veux dire aujourd’hui combien
    je te remercie de m’avoir accompagné
    si longtemps sur les chemins de ma vie.

    Je ne t’ai pas accordé l’intérêt, l’affection ou plus
    simplement le respect que tu mérites.
    Souvent, je t’ai même maltraité, matraqué de
    reproches violents, ignoré par des regards
    indifférents, rejeté avec des silences pleins de doutes.

    Tu es le compagnon dont j’ai le plus abusé, que j’ai le plus trahi.
    Et aujourd’hui, au mi-temps de ma vie, un peu ému,
    je te redécouvre avec tes cicatrices secrètes, avec
    tes lassitudes, avec tes émerveillements et tes possibilités.

    Je me surprends, surprends à t’aimer, mon corps,
    avec des envies de te câliner, de te choyer ou te donner du bon.
    J’ai envie de te faire des cadeaux uniques, de dessiner
    des fleurs et des rivières sur ta peau, de t’offrir du Mozart,
    de te donner les rayons du soleil et de t’introduire aux rêves des étoiles.
    Tout cela à la fois dans l’abondance et le plaisir.

    Mon corps, je te suis fidèle.
    Oh, non pas malgré moi, mais dans l’acceptation profonde de ton amour.
    Oui, j’ai découvert que tu m’aimais, mon corps.
    Que tu prenais soins de moi, que tu respectais ma présence.

    Combien de violences as-tu affrontées pour me laisser naître,
    pour me laisser être, pour me laisser grandir avec toi !
    Combien d’accidents as-tu traversés pour me sauver la vie !

    Mon corps, maintenant que je t’ai rencontré, je ne te lâcherai plus.
    Nous irons jusqu’au bout de notre vie commune….
    Et quoi qu’il arrive, nous vieillirons ensemble.

    – Jacques Salomé

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  8. Ah! L’épreuve du miroir post accouchement! Je me souviens de la 1ère douche à la maternité, ce ventre dégonflé, cette cicatrice de césarienne façon sourire du Joker dans Batman, les grosses varices apparentes sur les jambes qui ne partent plus…
    Et puis le temps à fait son œuvre, tout doucement, trop doucement à mon goût parfois, la cicatrice s’est estompée, la peau du ventre s’est retendue, les cheveux ont arrêté de tomber.
    9 mois pour le faire, 9 mois (ou plus) pour retrouver son corps, ou presque…
    Alors un peu de patience et d’indulgence à seulement 9 jours. Tu ne peux pas demander l’impossible à un corps qui se remet doucement tout en devant produire beaucoup d’énergie pour assurer l’allaitement, les nuits et journées marathon, etc…
    Tu nous en reparleras dans 9 mois, et tout ira forcément mieux.
    PS:Tu as écrit un très joli texte mais j’avoue avoir été un peu surprise par le terme « prostitué Slovaque ». Ce n’est qu’une expression mais qui m’a semblée « maladroite »

    Aimé par 1 personne

  9. Avez vous eu la technique de resserrer le
    Bassin apres votre accouchement . J’ai eu la Chance de rencontrera une sage-femme Quî me L’a proposé et je suis convaincue du réel Effet Physique mais aussi psychologique sur La
    Perception de mon corps, recherchez sur le Net Vs trouverez des infos intéressantes Et on peut le faire Encore Bien apres

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