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De l’importance des émotions de l’enfant…

Mes lecteurs,

Petite parenthèse avant de commercer : ceci est encore un article pour vous dire comment gérer vos gosses, haha 🙂 Blague à part, j’espère que vous savez que je partage avant tout le fruit de mes lectures (et un petit peu de ma maigre expérience), et que je le fais à destination des parents qui ont envie de cheminer en bienveillance, sachant que je suis moi-même sur ce chemin passionnant mais pas toujours évident ! Ceux que ça n’intéressent pas, je ne les juge pas du tout et je pense qu’ils sont aussi de bons parents qui souhaitent aussi le mieux pour leurs enfants. On n’a pas tous la même vision des choses. Mais peut-être que vous trouverez aussi certaines pistes utiles ? Fin de la parenthèse !

Aujourd’hui je voudrais m’attacher à un aspect primordial de la relation avec nos enfants : la reconnaissance de leurs émotions.C’est la base de l’éducation bienveillante mais c’est loin d’être l’étape la plus facile, car cela peut nous sembler peu naturel !

Les émotions et les sensations, c’est ce qu’on ressent, donc c’est qui nous défini. Notre nom, notre âge, notre lieu d’habitation, tout cela ne définit que notre enveloppe extérieure, mais ce sont les émotions et les sentiments qui nous habitent qui définissent notre « intérieur ». Qu’est ce que je ressens au fond de moi quand telle ou telle chose se produit ?

Si vous êtes comme moi, vous trouverez peut-être que vous avez souvent du mal à définir ce que vous ressentez et par extension à savoir ce que vous voulez vraiment, au fond de vous. Si vous êtes comme Papa Ours, vous vous apercevrez peut-être que chaque fois que vous ressentez une émotion « négative » (peur, tristesse, déception..) vous ne savez pas l’exprimer en tant que telle et qu’elle s’exprime systématiquement par de la colère. Si vous êtes comme beaucoup de personnes, vous vous rendrez compte que vous dites souvent « oui » quand vous pensez « non » (et vice-versa), que vous taisez la plupart du temps vos émotions négatives jusqu’au jour où elles vous explosent à la figure, qu’il vous faut un bon pétage de câble en bonne et due forme pour vous apercevoir qu’en réalité ça fait un bon moment que vous n’allez pas super bien.

Tout ça pourquoi ? En partie (car il y a aussi d’autres facteurs qui jouent comme le caractère, les épreuves de la vie, etc.) parce que la plupart d’entre nous est déconnecté de ses émotions : on ne sait pas vraiment les identifier, on rechigne à les exprimer et on galère carrément à les gérer sainement.

Et ça commence dès le berceau…

Au bébé dont on n’a pas compris le message : arrête de pleurer, tout va bien !

Au bambin qui ne montre pas de signe de fatigue mais qu’on met de force dans son lit : dors, je te dis que tu es fatigué !

Au bébé qui dit qui n’a plus faim : finis ton assiette ou tu seras punis !

Au bébé qui tombe et qui dit avoir mal : Ce n’est pas grave… Mais non tu n’as pas eu mal tu es tombé sur l’herbe !

A l’enfant qui exprime sa colère en se roulant par terre: tu es méchant, c’est très laid de faire des colères !

A l’enfant qui a peur du monstre sous son lit : il n’y a aucune raison d’avoir peur enfin, tu n’es plus un bébé !

A l’enfant qui pleure la perte de son poisson rouge : allez ce n’est rien, on t’en rachètera un autre.

A l’enfant qui exprime sa déception vis-à-vis d’une promesse non tenue par le parent : ne me parle pas comme ça sinon tu seras puni !

Etc.

Ça part souvent d’une bonne intention : qui à envie de voir son enfant triste et malheureux ? On pense, à tort, qu’en montrant à l’enfant qu’il n’a aucune raison de ressentir ce qu’il ressent, son sentiment négatif va s’apaiser. On pense qu’il faut qu’on lui démontre par A+B qu’il n’y a rien de grave, qu’il n’y a que des solutions. Alors qu’en réalité, non seulement on lui rajoute la frustration de se sentir incompris (ce qui, généralement, amène à un redoublement de la crise) mais en plus on lui apprend peu à peu à se déconnecter de ses émotions. Après tout, mes parents sont la référence, ils savent mieux que moi ce qui est bon, ils savent aussi mieux que moi ce qu’il faut ressentir…

Il y a aussi une volonté d’éduquer souvent : on pense qu’en encourageant un sentiment négatif, on va renforcer ce sentiment et faire durer la crise. On pense aussi que des manifestations de sentiments comme la colère doivent être réprimées, qu’il faut bâillonner la colère pour faire comprendre à l’enfant qu’on ne se comporte pas comme ça dans la vie (entendez, si tout le monde se roulait par terre à la moindre contrariété, il y aurait plus de monde par terre que debout dans le RER à 8h du matin).

Ces croyances bien ancrées nous viennent :

  • De notre propre éducation : on reproduit, même inconsciemment, les mécanismes qui nous ont été appliqués et on ne se rend même pas forcément compte qu’une autre vision des choses existe. Ou alors on la rejette, car ce serait remettre en cause tout ce qu’on a reçu.
  • Que l’on pense qu’en encourageant le sentiment et son expression, on valide le comportement, ce qui est pourtant totalement différent. « Tu as le droit d’être en colère, mais dans cette famille on ne tape personne. Si tu as besoin de taper, tu peux taper ce coussin » ou encore « Tu as le droit de détester ton petit frère, mais je ne te laisserai pas lui faire du mal »…
  • Que l’on ignore beaucoup du fonctionnement du cerveau des enfants et que l’on qualifie très vite de « caprice » le moindre débordement émotionnel de l’enfant. Et malheureusement, les petits sont sujets à de véritables tempêtes émotionnelles en permanence… Dans son livre « Pour une enfance heureuse » que je ne peux que vous recommander, la pédiatre Catherine Guegen nous explique ces points fondamentaux :

Le cerveau de l’enfant n’est pas mature à la naissance : certaines structures sont déjà bien développée tandis que d’autres achèveront de maturer vers 30 ans !

Le cortex préfrontal, qui permet de contrôler ses impulsions et d’analyser/prendre du recul sur une situation, ne commence à mûrir qu’entre 5 et 7 ans. De plus, l’amygdale, qui est le centre de la peur, est mature dès la naissance alors que les structures cérébrales permettant à l’enfant de raisonner ne sont pas encore totalement fonctionnelles. Voilà pourquoi un petit est effrayé par une vague ou le noir… des peurs qui nous paraissent irrationnelles, à nous adultes.

Jusqu’à cet âge là, c’est donc le cerveau archaïque et émotionnel domine : quand l’enfant est en colère, quand il est triste, angoissé, a peur, ses émotions sont extrêmement intenses, sans qu’il ait la capacité de s’apaiser, de se consoler seul. Il est littéralement obligé de tempêter, de crier, de pleurer, etc. C’est la seule réaction possible à la décharge d’émotions qu’il ressent dans son corps. Il ne s’agit ni de caprices, ni d’un trouble pathologique du développement mais la conséquence d’une immaturité normale de son cerveau.

Quand on prend conscience de tout cela, quelle est la pertinente de punir un enfant qui se roule par terre de colère ? C’est un peu la double peine pour lui : non seulement il vit une terrible tempête émotionnelle qui le dépasse et qui lui fait très certainement peur à lui-même, mais en plus son parent le condamne pour quelque chose qu’il ne contrôle pas, au lieu de l’aider à mieux gérer. Il se rend compte que la relation avec son parent est menacée lorsqu’il exprime ce qu’il a au fond de lui…

En réalité, le premier besoin d’un enfant « en crise » (qui pleure, qui crie, qui hurle, qui se roule, qui tape, qui boude, que ce soit de rage, de tristesse, de déception, de peur, de douleur…) c’est que l’on reconnaisse ce qu’il ressent et qu’on y accorde du crédit.

Pour cela, il faut nommer l’émotion que l’on pense identifier (car on peut toujours se tromper !) : l’objectif est d’apprendre à l’enfant par la suite à reconnaitre lui-même ses émotions, à faire par exemple le lien entre son cœur qui bat, ses poings serrés et la notion de colère. Car au départ les émotions sont des concepts que l’enfant ne maitrise pas spontanément : en revanche, il identifie très bien ses sensations et à besoin qu’on l’aide à leur donner du sens.

Concrètement, c’est dire « Hou, tu t’es fait mal, tu t’es écorché le genou et ça pique ! », « tu es très frustré car tu voulais ce bonbon et je ne veux pas que tu le manges avant le dîner, tu es en colère contre moi », « tu es agacé par ta sœur qui veut jouer avec tes jeux, tu aimerais être tranquille et elle te dérange », « tu es très triste que Bubulle soit mort, c’était ton compagnon et il te manque ».

Les descriptions objectives des faits ou des sensations sont très utiles dans de nombreuses occasions : ici, pour aider l’enfant à faire le lien entre un concept et les faits ou les sensations, mais aussi face à une « bêtise » de l’enfant afin de lui donner les informations nécessaires pour qu’il réagisse en conséquence de sa propre initiative (par exemple : « je n’aime pas quand il y a des miettes partout dans la cuisine quand je viens de faire le ménage » [Symbole] donner à l’enfant l’occasion d’aller essuyer plutôt que de ramasser à sa place en lui criant dessus) ou pour complimenter efficacement un enfant (« Waou, je vois que tu as colorié tout ce dessin sans dépasser et que tu as utilisé toutes les couleurs de ta trousse ! » plutôt que « c’est beau ! », qui est une façon de complimenter qui peut avoir des effets négatifs, mais ce n’est pas le sujet du jour !).

Il existe des pistes intéressantes pour familiariser les enfants (à partir de 2 ans je dirai) avec les émotions, comme les cartes des émotions : en dehors des périodes de crises, on joue à identifier les émotions selon les situations, et pendant la crise on demande à l’enfant de nous montrer l’émotion qu’il ressent. Même principe avec une roue ou un tableau des émotions affiché dans la maison. L’exemple étant la meilleure façon d’enseigner, c’est aussi, en tant que parent, prendre l’habitude de décrire ses émotions avec honnêteté. Comme il perçoit de toutes façons les tensions, c’est important d’être en accord dans son discours afin que l’enfant ne soit pas stressé par une distorsion entre ce qu’il perçoit et ce qu’il entend.

Parfois, le simple fait de reconnaitre le sentiment permet à l’enfant de se calmer, de se sentir entendu, de passer à autre chose ou de trouver seul des solutions.

Parfois, ce n’est que la première étape d’un processus un peu plus long. En particulier avec les bébés de l’âge de Bébé Carrousel, qui n’est pas encore capable de se calmer simplement avec des mots : mon prochain article sur le thème de la parentalité positive sera une liste de pistes bienveillantes à adopter en cas de crise, avec des bébés ou des enfants un peu plus grands.

L’identification des sentiments reste une étape indispensable et incontournable quel que soit l’âge de l’enfant : il intègre le vocabulaire des émotions (même s’il ne parle pas encore), il perçoit très bien l’intention et sent que le parent est ouvert à l’expression des émotions. En prime, en tant que parent on prend l’habitude de fonctionner ainsi et cela devient plus facile par la suite de réagir avec bienveillance même quand les comportements nous énervent. Enfin, même quand l’enfant n’est pas particulièrement en crise, la description  des sentiments est un apprentissage capital pour l’aider à construire sa personnalité !

Si le sujet vous intéresse,  je vous recommande :

au coeur emotions enfant isabelle filliozat bienveillance
Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat

 

et

pour une enfance heureuse guegen développement cerveau enfant
Pour une enfance heureuse, Catherine Guegen

 

Je sème mes graines… ❤

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4 réflexions au sujet de « De l’importance des émotions de l’enfant… »

  1. Très intéressant cet article… bravo ! Au plaisir de te lire et de te voir sur mon blog, si le cœur t’en dis… Je suis éducatrice de jeunes enfants 😉 passionnée par le domaine de la petite enfance mais je parle aussi un peu de moi… ce qui me touche…

    Aimé par 1 personne

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