3-9 ans : Grandir en confiance

Pourquoi porter bébé ? (Portage#1)

Qui dit maternage, dit portage. C’est l’un des nombreux sujets qui me tiennent à cœur et j’en parlerai régulièrement ici. Je vous prépare notamment un article synthétique des différents moyens de portage, mais c’est une telle jungle qu’il va me falloir 3 mois pour pondre un article concis mais exhaustif !

 

star wars portage papacube

Encore une illustration drôle de l’excellent Papacube

 

Dès ma grossesse, je savais que j’avais envie d’adopter le portage au quotidien avec Bébé Carrousel, dont les bienfaits (voir un peu plus bas) s’imposaient naturellement à moi. Et avec un bébé qui aime le mouvement et le bercement, je dois dire que l’écharpe est devenue ma meilleure amie pendant les 3 premiers mois de sa vie ! C’est grâce à elle que mon appartement n’a pas sombré dans le chaos, que Papa Ours avait quelques pull propres et repassés pour aller travailler et que nous mangions à peu près équilibrés et chaud. Mais c’est aussi grâce au portage que, pendant cette période parfois difficile des deux premiers mois, où Bébé Carrousel pleurait beaucoup et où nous n’avions pas encore de vrais échanges possibles, où je doutais très vite de mes capacités de maman, où je m’en voulais d’être fatiguée par les pleurs de mon enfant et de ne pas réussir à les apaiser (notamment avant la découverte de la technique du cosomonaute) que j’ai réussi à créer un fort lien d’attachement entre nous. Et c’est la plus belle des récompenses pour la maman que je suis.

Petit récap’ sur le portage, pour celles qui ne connaissent pas ou peu, pour celles que ça intéresse et même pour celles qui sont contre (peut-être changerez-vous d’avis!).

La beauté du portage, c’est qu’il permet aux parents de remplir facilement ses deux tâches principales : répondre aux besoins de son enfant (en l’occurence le besoin de contact et de chaleur) tout en l’ouvrant au monde. (Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, Porter bébé : avantages et bienfaits)

 

Petite histoire du portage (source : Choisir le maternage, Catherine Piraud Rouet)

Bien qu’il soit oublié de la majorité de nos contemporains, le portage des enfants serait antérieur à la plus haute Antiquité. Pour beaucoup d’anthropologues, le premier outil inventé par les humains aurait été un porte-bébé, il y a environ un million huit cent mile ans, ce qui a permis de prolonger et d’intensifier la période de développement cérébrale chez le nourrisson, qui a culminé avec l’émergence du langage

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau explique dans son ouvrage que le portage a souffert de désaffection à l’époque moderne. Le courant béhavioriste est passé par là qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a isolé les bébés « bien au calme » dans des chambres séparées, enfermés dans de petits lits à barreaux immobiles. Selon ce mode de pensée, chaque preuve d’amour ou chaque contact physique rendait l’enfant trop dépendant de ses parents. D’où l’interdiction faite à des milliers de mères et à une génération de soignants de prendre les enfants dans les bras, au risque de les gâter. Avec, pour corollaire à cette prévention, l’avènement des landaus puis des poussettes. A l’instar de l’allaitement, le portage a connu un regain de faveur à l’occasion du « retour à la nature » des années 1970. Mais il ne commence à être médiatisé en France que lors de la décennie suivante, avec les bébés kangourous de Colombie, ces prématurés portés en permanence en peau à peau pour un développement bien meilleur qu’en couveuse ! Il a ensuite fallu le bouche à oreille permis par Internet à partir des années 2000 pour que le portage des bébés dans la vie courante entame sa percée.

Les bienfaits du portage

Le portage est bien plus qu’un moyen de transport. Bien-sûr, porter bébé en écharpe dans certaines situation se révèle bien plus pratique qu’en poussette (quelle maman Parisienne n’a pas eu le plaisir de trouver l’ascenseur du métro en panne, de prendre un escalator les bras en l’air pour maintenir la poussette droite, de devoir la soulever pour monter dans le train, bousculée par les usagers qui se dépêchent de monter avant que vous ne preniez toute la place avec votre engin, et de passer ensuite tout le trajet à se contorsionner à tous les arrêts pour laisser sortir les gens. Un pur bonheur !).

Mais que ce soit lors des ballades en extérieur ou chez soi, le portage est avant-tout une philosophie : l’envie d’être au plus près de son enfant, dans tous les sens du terme d’être proche de lui physiquement et d’être à l’écoute de ses besoins primaires et biologiques, voire archaïques. C’est s’affranchir de la puériculture moderne qui veut que le parent s’équipe de beaucoup de matériel coûteux et encombrant, mais aussi des préceptes d’éducation qui ont prévalu pendant plusieurs décennies, pour revenir à un maternage instinctif, qui met la relation et la sécurisation du bébé au centre des préoccupations.

Les partisans du portage (dont je fais partie, vous l’avez compris), s’appuient sur diverses études (que je vous épargne, car je ne suis pas en train de faire une thèse non plus, mais si ça vous intéresse n’hésitez pas à poser la question en commentaire!!!) pour dire que le portage :

Renforce le lien d’attachement mère-enfant   (approuvé à 100% ici)

Je peux vous assurer que voir bébé s’endormir paisiblement et béatement contre soi, à peine quelques minutes après l’avoir installé dans l’écharpe, c’est recevoir une grosse décharge d’amour qui fait oublier les difficultés des premiers temps. Bébé est apaisé, mais le porteur également !

Diminuer le temps de pleurs des bébés (scientifiquement vérifié par une étude menée auprès d’un échantillon représentatif de la population, à savoir Bébé Carrousel)

Porté, bébé pleure moins car il est rassuré : son besoin de contact et de chaleur est satisfait, il est bercé par les mouvements, les battements de cœur et la respiration du porteur, comme il l’était par sa maman pendant les 9 mois de grossesse, il respire l’odeur familière de son parent… Il peut donc se laisser aller à un sommeil profond, en toute sécurité. Il faut quand même se rappeler que dans les premiers temps, il n’y a aucune différence physiologique entre le foetus-dedans (dans le ventre de sa maman) et dehors (une fois né) : il est donc projeté brutalement dans l’inconnu, découvre les sensations de faim, de soif, de froid, de solitude, de peur, qu’il ne connaissait pas…  Tout ce qui lui rappelle les conditions de sa vie in-utero le rassure, donc le portage est un excellent moyen de s’en rapprocher.

Portage scrap coloring

Trouvé sur scrapcoloring

Côté maman, c’est incroyablement gratifiant de sentir que l’on a les moyens d’apaiser son enfant et de le faire se sentir bien ; on se sent tellement plus en confiance dans ses capacités de jeune maman ! Donc le portage, c’est aussi une diminution du temps de pleurs des mamans 😉

Améliore le développement psychomoteur

Les bébés portés en permanence reçoivent nettement plus de stimuli que ceux qu’on laisse seuls dans leur chambre. Ils participent aux activités de la maison, « à hauteur d’homme », tout en étant sécurité dans ces découvertes par le contact. De plus, les mouvements du porteur et les bruits de son coeur, stimulent le système nerveux immature de bébé et notamment son système vestibulaire et son oreille interne, ce qui les aide à mieux respirer, à mieux grandir, à réguler leur physiologie et leur développement moteur.

Contribuer à la bonne santé des bébés

Le contact peau à peau entre la maman et son bébé, ainsi que la diminution des pleurs apportée par le portage, réduit la production d’hormone du stress (cortisol) chez les bébés. Or, des taux élevés de cortisol inhibent les fonctions intestinales, la digestion et la croissance. De plus, la position « en grenouille » de bébé dans l’écharpe permettrait de remédier aux dysphasies des hanches.

A ce sujet, nous reparlerons très vite de la position de bébé porté, qui doit impérativement être physiologique.

Favorise les comportements pacifiques (je vous ferai un retour quand Bébé Carrousel aura 15 ans…)

La pratique de puériculture la plus importante à adopter pour le développement d’enfants sains émotionnellement et socialement serait de porter le bébé sur le corps de sa mère ou d’un substitut maternel tout la journée […]. C’est là le meilleur « vaccin comportemental » qui soit contre la dépression, l’aliénation sociale, la violence, l’abus d’alcool et de drogues plus tard dans la vie.

James W. Prescott, neuropsychologue américain spécialisé dans l’étude des origines de la violence chez l’Homme

 

Rien que ça ! Voilà un argument qui fera taire ceux et celles qui ne manqueront pas de vous dire d’arrêter de porter votre enfant, sous peine de devenir esclave d’un petit tyran!

 

 

Le portage en pratique

Bien-sûr, dans la réalité et avec les contraintes de la société actuelle, on ne peut pas forcément porter son bébé toute la journée pendant des mois et des mois ! Je vous ai présenté les bienfaits du portage, avant tout pour combattre l’idée encore trop répandue qu’il faut impérativement poser son bébé le plus tôt et le plus souvent possible POUR SON BIEN, car les études et les professionnels sont aujourd’hui formels sur le fait que c’est faux, mais il faut aussi faire en fonction de ses souhaits et limites en tant que maman. C’est à chaque parent de décider s’il souhaite adopter le portage et de quelle façon ! Je pense notamment qu’il est assez facile et confortable d’adopter le portage pendant son congé maternité : bébé est encore tout petit, et maman est à la maison, donc elle passe beaucoup de temps avec son bébé. Et le portage permet de libérer les mains et du temps pour s’occuper de la maison ou se reposer ! Lorsque l’on retravaille et confie beaucoup son bébé à l’extérieur, le portage peut aider à maintenir le lien lors des temps de retrouvailles : l’écharpe peut être utilisé sur le chemin du retour si on est à pieds, lors de certaines sorties et siestes du week-end…

Pour notre part, Bébé Carrousel a été beaucoup portée pendant ses 3 premiers mois : ses premières sorties, en hiver, se sont toutes faites dans l’écharpe, bien rassurée et à l’abri du froid. Ses siestes en journée avaient lieu dans l’écharpe chaque fois qu’elle en avait besoin et qu’elle se réveillait en pleurant lorsque nous la posions dans son couffin. Elle dormait également dans l’écharpe si nous étions invités à l’extérieur. Son papa l’a également portée les premiers mois. Aujourd’hui, elle est portée en écharpe sur ma hanche pendant ses temps d’éveil, lorsqu’elle en a assez de jouer seule sur son tapis, car j’essaye d’utiliser le transat le moins possible (je vous expliquerai pourquoi dans d’autres articles). Elle regarde partout, découvre le monde, bien sécurisée et très calme. Si elle s’endort, je la pose dans son lit si son poids me pèse ou que je veux vaquer à des activités qui ne sont pas idéales avec l’écharpe (cuisine par exemple) et je la garde avec moi lorsque j’en ai envie. Je prévois aussi de dégainer l’écharpe cet été, pour aller tranquillement à la plage.

Bref, en matière de portage, comme pour tout le reste en parentalité, il n’y a pas de « il faut » et de recettes toutes faites ! L’important c’est de trouver la façon de faire qui convient le mieux au couple maman-bébé ou parents-bébé.

Je reviendrai très vite vous parler du portage physiologique (à bras ou en écharpe), des différents moyens de portage, et de ce que j’aurais appris de la lecture d’un livre que je viens d’acheter : Porter le bébé vers son autonomie, Anna Pinello

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